Fiche
Adaptation de la série télévisée des années 50 | |
Titre | Lone Ranger, Naissance d’un héros |
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Réalisateur | Gore Verbinski |
Scénaristes | Justin Haythe, Ted Elliott, Terry Rossio |
Acteurs | Johnny Depp, Armie Hammer, Tom Wilkinson, William Fichtner, Barry Pepper, James Badge Dale, Ruth Wilson, Helena Bonham Carter |
Titre original | The Lone Ranger | Date de sortie | 7 août 2013 |
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Pays | États-Unis | Budget | 215 000 000 $ |
Genre | Action, Aventure, Western | Durée | 2h29 |
Tonto, le guerrier indien, raconte comment John Reid, un ancien défenseur de la loi, est devenu un justicier légendaire. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption. Le tandem fait des étincelles et entraîne le public dans un tourbillon de surprises et d’humour. |
Critique
Lone Ranger semblait être bien parti pour n’être qu’un spin-off du pauvre de la saga Pirates des Caraïbes dans l’Ouest Sauvage. Les critiques, avouons-le désastreuses, n’ont fait que me conforter dans cette optique. Pire-même, le film qui a coûté très cher (215 millions de dollars) a fait un flop aux States en ne rapportant, à ce jour, que 82 millions de dollars. Un carnage qui rappelle John Carter (73 millions pour un budget de 250). Puis bon, le précédent long-métrage Verbinski/Depp, Rango, a été loin de me passionner (il a accompli l’exploit encore inégalé à ce jour à m’endormir deux fois en une séance). La claque n’en a été qu’encore plus forte !
En regardant Lone Ranger, Naissance d’un héros, on ne cesse de se demander si nous sommes bien devant un long-métrage Disney. Ce n’est pas possible. C’est cru, violent, réellement terrifiant (deux enfants de moins de 6 ans se sont enfuis de la salle en pressant leur maman) et sanglant (les gunfights laissent réellement transparaître du sang et le choc des impacts). C’est clair que Lone Ranger n’est pas un film familial même s’il est vendu comme tel. Nous sommes dans un western pur et dur. On se demande bien ce qui a bien pu se passer à la tête de cette production. Les têtes pensantes se sont-elles dites au lendemain d’une beuverie : « Et puis merde, ras le cul de faire des films pour mioches, on va faire un western avec pleins de morts partout, du sang, des saloons insalubres, des méchants dégueulasses, des prostituées en train de danser… Buuuuurp. Poussons-même le vice à ajouter des massacres ! » ?
« Et puis merde, ras le cul de faire des films pour mioches, on va faire un western avec pleins de morts partout, du sang, des saloons insalubres, des méchants dégueulasses, des prostituées en train de danser… »
Ce n’est qu’après consultation de la fiche du film que je me suis rendu compte que Lone Ranger a été PG-13 aux États-Unis et contrairement à ses prédécesseurs Pirates des Caraïbes, Prince of Persia et John Carter, il le mérite vraiment ! C’est limite s’il n’aurait pas mérité une interdiction aux moins de 12 ans en France. Mais que fait donc la censure ? Elle a vu Disney et a passé son chemin ? Sûrement.
Bref, Lone Ranger surprend par sa grande maîtrise juste pénalisée par une petite longueur en début de partie. La réalisation de Gore Verbinski n’aura jamais été aussi bluffante, multipliant les plans iconiques dont certains marquent définitivement la rétine une fois imprimés sur le grand écran. Je n’arrive pas à effacer ce plan superbe où une main ouverte sur le sable est capté en grand plan tout en laissant transparaître l’infini en arrière-plan. J’ai été aussi subjugué par la magnifique photographie. Très sombre, celle-ci est le premier signal permettant d’avertir le spectateur qu’on n’est pas là pour rigoler. En tout cas, l’ensemble est un régal visuellement.
L’autre grande force du film est sa représentation de l’Ouest Mythique, troquant le minimaliste et le vide des grands westerns de l’époque pour un sens du grand spectacle sans toutefois verser dans le ridicule comme Wild Wild West avec Will Smith. Pour tout dire, j’ai pensé à l’excellent jeu vidéo Red Dead Redemption. Un exemple type de cette démesure ? L’arrivée du personnage d’Armie Hammer en ville où se déroule l’aventure. Le héros à bord du train peut voir une armée de bisons parcourir les plaines. C’est avec ce genre de plan qu’on comprend instantanément que nous parlons d’une autre époque, une époque révolue et détruite de la main de l’homme. Une bouffée de tristesse m’a englobée à cette réflexion.
Quoi qu’il en soit, Lone Ranger a bien utilisé son énorme budget (même si on se doute que le salaire de Johnny Depp a dû faire un trou dedans). Le long-métrage de Gore Verbinski accumule les scènes ultra-spectaculaires. Le climax est une pure merveille mais ma préférence va pour la scène d’action juste avant. Les effets spéciaux sont excellents et fondent parfaitement dans le décor à quelques exceptions près (le cheval qui saute à travers le feu).
On pourrait considérer Lone Ranger comme un simple copié-collé pour reproduire la formule gagnante de Pirates des Caraïbes mais pas du tout.
On retrouve du Pirates des Caraïbes dans ce Lone Ranger, déjà via son duo où John Reid est le sosie spirituel de Will Turner (psycho-rigide donc) et Tonto est aussi loufoque que Jack Sparrow ou encore dans les scènes d’action où Gore Verbinski semble toujours autant se régaler en jouant sur le décor au point de devenir des véritables spectacles d’acrobatie. L’humour aussi se ressemble beaucoup. De même pour l’horreur (les morts-vivants/le gang de Butch Cavendish). D’ailleurs, les clins d’œil sont forts nombreux, aux fans d’essayer de tous les recéler. A dire comme ça, on pourrait considérer Lone Ranger comme un simple copié-collé pour reproduire la formule gagnante de la saga Disney. Mais pas du tout…
Déjà comme je vous l’ai dit au-dessus, Lone Ranger est mature et hardcore alors que Pirates des Caraïbes bifurquait très vite dans l’humour pour éviter de traumatiser les gosses. L’exemple type avec les morts-vivants aux premiers abords terrifiants qui finissent par devenir des clowns. Chez Lone Ranger, les méchants le restent jusqu’au bout et ne cessent jamais d’être terrifiants. Mention spéciale à William « Hell Driver » Fichtner (l’interprète de Butch Cavendish), au sommet ici. Son bec de lièvre couplé avec une dent en argent et ses tendances cannibales font de lui un ennemi mémorable.
De plus, ses héros sont loin de rester conforme à leurs modèles. John Reid finit très vite par chasser l’esprit de Will de son corps et se révèle bien plus facétieux. En découle alors un personnage plus drôle à suivre que le coincé du cul. Quant à Tonto, j’avoue avoir eu peur d’avoir un sosie de Jack Sparrow comme Johnny Depp l’avait fait pour son chapelier fou dans l’Alice de Tim Burton (mêmes mimiques, mêmes mouvements). J’ai donc été ravi de voir un personnage complètement différent. Les mouvements ne sont plus les mêmes, à la démarche presque alcoolisée de Jack Sparrow, Johnny Depp a troqué pour une stature presque immobile, limite s’il n’avait pas un balai dans le cul. C’est d’autant plus marquant sur la scène clin d’œil à Pirates des Caraïbes (la fameuse arrivée de Jack sur le port au tout début du premier film).
A la démarche presque alcoolisée de Jack Sparrow, Johnny Depp a troqué pour une stature presque immobile, limite s’il n’avait pas un balai dans le cul.
L’humour diffère quelque peu aussi, ne se contentant pas de remixer les mêmes blagues (les meilleures sont à réserver au cheval du Lone Ranger, probablement le frère de Jolly Jumper). Tout comme le traitement du fantastique, hormis la résurrection de John Reid, rien à se mettre sous la dent de ce côté. L’histoire ne suit pas non plus un traitement linéaire mais se base sur le récit d’un vieux Tonto à l’encontre d’un jeune garçon qu’il confond avec Kemosabe. L’occasion de multiplier les blagues visuelles dont certaines sont très malicieuses.
Je voulais aussi parler vite fait de James Badge Dale, un acteur que j’adore pour l’avoir découvert dans la série Rubicon. Du coup, je le considère toujours un peu comme ma découverte du style « nananère, je l’ai connu avant toi ». Il signe ici à nouveau un second rôle mémorable après le soldat de World War Z et le Némésis immortel d’Iron Man 3. Petit plaisir avec la présence de Ruth Wilson que « j’ai découverte » dans la série Luther. Nananère ! Nan, je déconne (en fait non, mais chuuuuuut).
Conclusion
Un Disney sacrément couillu car pas vraiment orienté pour le tout public. Lone Ranger, Naissance d’un héros est un très grand western, peut-être même bien le meilleur blockbuster western depuis un certain Retour vers le futur III. Après Django Unchained, le genre se part d’un nouveau représentant et l’été 2013, une nouvelle bombe. Autant vous dire que je ne comprends pas du tout les critiques américaines désastreuses. Mais alors pas du tout ! |
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+ | – Un vrai blockbuster western permettant de laver l’affront de Wild Wild West – Johnny Depp innove – Armie Hammer impeccable – Des scènes d’action spectaculaires – Drôle – Épique – Des vrais méchants |
– | – Un peu long à démarrer – Impossible de le voir avec le petit dernier de 5 ans |
9/10 |