Critique : De l’univers de John Wick : Ballerina

Pas à la hauteur du croque-mitaine

Fiche

Titre De l’univers de John Wick : Ballerina Titre VO
Réalisateur Len Wiseman Scénariste Shay Hatten
Acteurs Ana de Armas, Anjelica Huston, Gabriel Byrne, Lance Reddick, Norman Reedus, Sharon Duncan-Brewster, Ian McShane, Keanu Reeves
Date de sortie04 / 06 / 2025 Durée2h 05
GenreAction, Thriller Budget90 000 000 $

Se déroulant pendant John Wick : Parabellum, Ballerina suit la vengeance implacable d’Eve Macarro la nouvelle tueuse de l’organisation Ruska Roma.

Critique

Quelle longue histoire que celle de la production de ce second spin-off de la saga John Wick, après la mini-série The Continental. Pour en revenir au début, pas celui de John Wick (pour cela, il y a l’excellent documentaire Wick is pain), mais celui de Ballerina. Il faut remonter à juillet 2017, date à laquelle Lionsgate Films acheta le scénario de Shay Hatten. Le scénario n’était alors pas celui d’un spin-off, même si Hatten s’est inspiré du visionnage de la bande-annonce de John Wick 2. Dès lors, il a été adapté pour faire partie de la franchise.

Deux ans plus tard, en octobre 2019, Len Wiseman fut embauché pour réaliser le film. Des noms de stars circulèrent, comme celui de Chloë Grace Moretz, mais c’est finalement Ana de Armas qui décrocha le rôle en 2021. Le film fut ensuite officiellement annoncé à la CinemaCon en avril 2022. Le tournage de De l’univers de John Wick : Ballerina a débuté en novembre 2022 et le projet est entré en post-production en février 2023.

C’est là que ça commence à devenir étrange.

Une production chaotique

Vers octobre 2023, des rumeurs circulent selon lesquelles le film est un ratage (des projections tests désastreuses sont invoquées). En février 2024, la date de sortie est repoussée d’un an, passant de juin 2024 à juin 2025. La raison officielle demeure l’ajout de scènes d’action supplémentaires pour améliorer le produit et, surtout, protéger l’éclat de la marque. Deux nouveaux personnages, joués par David Castañeda et Sharon Duncan-Brewster, sont ajoutés. La bande originale est supprimée et la nouvelle est signée par le duo Tyler Bates et Joel J. Richard, déjà à l’œuvre sur les quatre John Wick.

Pire, selon The Wrap, le réalisateur aurait été écarté, et le réalisateur de la saga d’origine, Chad Stahelski, aurait pris en charge les reshoots, qui ont duré trois mois. C’est d’ailleurs ce point qui aurait forcé le report de son reboot d’Highlander avec Henry Cavill. Toutefois, Lionsgate a réfuté ce point et indiqué que Len Wiseman a dû temporairement quitter le projet à cause de sérieux problèmes de santé, mais une fois rétabli, il est ensuite retourné travailler avec Stahelski sur les reshoots qui, selon eux, n’ont duré qu’un mois. Le point curieux est que des informations indiquent que les acteurs ont travaillé sur ces reshoots entre mars et juin 2024.

Quoiqu’il en soit, en octobre 2024, des projections tests sont organisées et les retours sont bien plus positifs. Un mois plus tard, Wiseman déclare à Empire que le film n’a pas eu de reshoots, mais seulement un tournage supplémentaire pour ajouter deux scènes initialement coupées pour des raisons budgétaires, mais ne commente pas les trois mois de direction de Stahelski. En janvier 2025, à Collider, Armas et Ian McShane révèlent qu’ils partageaient une scène de combat dans le Continental, mais qu’elle a été coupée, ce qui a rendu l’interprète de Winston furieux.

Une ballerine en quête de vengeance

Bref, on saura probablement la vérité dans quelques années. Intéressons-nous maintenant au film sorti en salles. Pour plus de précisions concernant la chronologie, le film se déroule parallèlement à John Wick Parabellum (2019), donc avant les événements du Chapitre 4 (2023). Pour l’anecdote qui tue (d’une balle dans la tête), les quatre films John Wick se déroulent sur… dix mois !

Bon, clairement, ce n’est pas au niveau du grand frère. En fait, Ballerina manque désespérément d’émotion. La vengeance ne m’a fait ni chaud, ni froid, alors que dans le premier, j’étais là à hurler à John : « Bute-les tous ! ». Ana de Armas peine à se montrer convaincante en tueuse. Elle montre beaucoup trop de fragilité dans les yeux pour que je puisse la croire comme une personne dont le métier est de tuer des gens. Heureusement, l’actrice fait le job pour les cascades. Mais j’avais peu de doutes vu l’excellence de la team 87North Productions.

Au niveau de la réalisation, on est loin d’un Chad Stahelski. La photographie n’est pas aussi stylisée et les plans sont moins mémorables. En même temps, quelle idée d’embaucher Len Wiseman, dont c’est le premier long-métrage depuis Total Recall : Mémoires programmées (2012). Et le reste de sa filmographie n’est pas glorieux, même si sympathique : Die Hard 4 : Retour en enfer (2007), Underworld (2003) et Underworld 2 : Évolution (2006). On peut aussi souligner que les cascades ne sont pas particulièrement dingues (même si au-dessus de la majorité de la concurrence). Du moins, jusqu’à la folie de la scène des lance-flammes. Chaque opus de la saga a sa scène emblématique. Celle de Ballerina est celle-ci.

Seulement dix millions de moins que le 4

J’ai assez de mal à croire que le long-métrage a coûté 90 millions de dollars, quand on sait que John Wick 4 en a coûté 100. Clairement, ce n’était pas un bon pari vu le score au box-office, qui tourne autour de 55 millions après son premier week-end. Visiblement, il ne fait pas bon d’être une femme en tête d’affiche d’un film d’action.

Heureusement que les apparitions du croque-mitaine, permettant de situer le récit dans la chronologie avec l’aide de la Directrice (Anjelica Huston), permettent de booster un peu tout cela. Le Baba Yaga a même droit à une scène d’action et, malheureusement, il y a une classe d’écart entre Keanu Reeves et Ana de Armas. On notera que Reeves en profite pour se venger de son humiliation subie dans Knock Knock (2015).

En vrai, je me dis que le film aurait pu être beaucoup plus efficace dans sa dernière partie, dans l’esprit de Resident Evil Village (les monstres en moins). Mais le vilain incarné par Gabriel Byrne est trop quelconque. Tout comme la réalisation. À mon goût, il manque un boss et même des mini-boss iconiques, même s’il y a une bonne idée avec un personnage.

Par se demandant si on va revoir la Ballerine.

Conclusion

Avec Ballerina, John Wick s’offre son premier spin-off cinématographique. Malheureusement, sans être raté, le long-métrage de Len Wiseman n’arrive pas à la hauteur de son modèle. Toutefois, on peut compter sur l’excellente scène d’action avec les lance-flammes.

+

  • Scène des lance-flammes
  • Retrouver John Wick et son univers

  • Moins stylé que le grand frère
  • Pas d’émotion
6/10
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