Critique : Total Recall Mémoires Programmées

Une nouvelle injection de souvenirs

Fiche

Inspiré de la nouvelle We Can Remember It for You Wholesale de Philip K. Dick
Réalisateur Len Wiseman (Underworld, Die Hard 4 – retour en enfer)
Scénaristes Kurt Wimmer (Salt), Mark Bomback (Unstoppable)
Acteurs Colin Farrell (Fright Night), Kate Beckinsale (Contrebande), Jessica Biel (Happy New Year), Bryan Cranston (Rock Forever), John Cho (American Pie 4), Bill Nighy (La Colère des Titans), Bokeem Woodbine
Titre original Total Recall Date de sortie 15 août 2012
Pays USA, Canada Budget 125 000 000 $
Genre Action, Aventure, Science fiction, Thriller Durée 1h58

Modeste ouvrier, Douglas Quaid rêve de s’évader de sa vie frustrante. L’implantation de souvenirs que propose la société Rekall lui paraît l’échappatoire idéale. S’offrir des souvenirs d’agent secret serait parfait… Mais lorsque la procédure d’implantation tourne mal, Quaid se retrouve traqué par la police. Il ne peut plus faire confiance à personne, sauf peut-être à une inconnue qui travaille pour une mystérieuse résistance clandestine. Très vite, la frontière entre l’imagination et la réalité se brouille. Qui est réellement Quaid, et quel est son destin ?

Critique

Remake ou nouvelle adaptation de la nouvelle de Philip K. Dick ? Total Recall Mémoires Programmées est sûrement un peu des deux. De l’original, il récupère certains éléments et lui fait un clin d’œil via la femme aux trois nichons néanmoins il en est différent. Il s’inspire davantage de Minority Report, l’œuvre majeure de SF (point étonnant quand on sait qu’il avait été d’abord envisagé comme une suite du film de Paul Verhoeven). Toutefois le nouveau Total Recall n’égalera ni l’original, ni le film de Steven Spielberg mais tout n’est pas à jeter au contraire même.

Réalisé par Len Wiseman qui s’est adjoint des services du chef-décorateur Patrick Tatopoulos (aussi réalisateur d’Underworld 3 : le soulèvement des Lycans), Total Recall Mémoires Programmées impressionne par la grandeur de ses décors souvent épique et blindés de détails. Difficile de ne pas s’extasier et parcourir du regard la richesse des trois villes offertes. La première dans la colonie rappelle beaucoup l’autre adaptation culte de Philip K. Dick, Blade Runner avec son omniprésence de sinogrammes, sa pluie continue et ses parapluies, les néons sans oublier le filtre d’image jaunie. Beaucoup moins impressionnante mais théâtre d’une bonne course-poursuite, Londres la deuxième ville est riche en détails et permet un joli contraste avec la colonie. Petit coup de cœur pour la Non-Zone, un véritable cimetière n’ayant rien à envier aux jeux vidéo Fallout et Metro 2033.

Total Recall Mémoires Programmées est bourré de bonnes petites idées comme celles qui faisaient le charme de Demolition Man et allie pas mal de références surtout vidéoludique comme les soldats tout droit sortis de Vanquish. Il marque aussi une rupture avec l’original car point de Mars ici, se faisant il se rapproche alors de la nouvelle d’origine. J’en avais d’autres mais à l’heure où j’écris la critique, je suis fatigué donc j’ai un peu oublié… Désolé.

Pour l’anecdote inutile mais sympathique à propos de Len Wiseman et Patrick Tatopoulos (7 films ensemble), l’équipe du film a testé leur complémentarité. Le cinéaste confie : « Une blague circulait parmi l’équipe – et elle a été testée et approuvée : l’équipe des décors est venue proposer 35 options différentes à Patrick et il en a retenu deux. Puis ils sont venus me voir avec ces mêmes 35 possibilités, et j’ai retenu les deux mêmes que Patrick.». Impayable.

Les séquences d’action sont bien emballées par Len Wiseman qui marque quelques progrès par rapport à ses précédents films. Tout est correctement lisible, bien amené et suffisamment accrocheur pour ne pas s’en lasser ou dériver notre regard au loin. Soulignons un plan-séquence impressionnant (visible dans la bande annonce) où Colin Farrell se débarrasse seul de 10 soldats : un mois de travail quand même pour seulement quelques secondes à l’écran. Par moment, c’est même ingénieux comme cette fusillade en apesanteur rappelant beaucoup Inception.

Le casting est solide, Colin Farrell prend la suite d’Arnold Schwarzenegger, Jessica Biel, la femme des souvenirs et Len Wiseman s’est attaché des services de sa femme qu’il a rencontrée sur le tournage d’Underworld, Kate Beckinsale pour prendre la suite de Sharon Stone. Autant vous dire qu’ils n’ont pas le charme des originaux mais ils s’en sortent suffisamment bien pour qu’on s’attache surtout la Kate, championne du monde des pestes (pourtant Sharon est un poids lourd). Notons aussi la présence d’un autre vampire : Bill Nighy alias Viktor, le chef des vampires.

Passons aux défauts du long-métrage. Son plus gros problème, c’est la pensée qu’on a pour l’original lors du visionnage. D’un, parce qu’on connaît d’avance la première partie de l’histoire même si ça change par la suite (enfin, je crois parce que ça ne ressemble pas trop à ce que j’avais dans mes souvenirs pour Total Recall, je me suis gardé de le revisionner avant celui-ci) et de deux, parce que la version de Paul Verhoeven était une putain de réussite avec un univers martien complètement fou et surtout subjuguant voir malsain avec son lot de mutants et ses foreuses terrifiantes (ce n’est pas pour rien qu’il a inspiré le jeu Red Faction). C’est un peu le même trip que Shining, il s’est inspiré du roman mais a fait à sa tête.

Du coup quand on passe d’un thriller magnifique et tordu à un, n’ayant pas peur des mots, blockbuster d’action avec une trame simplifiée où on ne doute jamais (contrairement à l’original justement – la séquence du rêve ouvrant le film est bien plus ambiguë chez Verhoeven) lorgnant sur Minority Report sans arriver à sa cheville. La chute est rude et il est difficile de ne pas le reprocher surtout on préférera conseiller aux gens de d’abord voir l’original bien plus fascinant mais sans leur déconseiller de voir cette nouvelle version suffisamment différente pour acquérir son autonomie. La question que je me pose : était-il nécessaire de faire un remake, pourquoi ne pas avoir tenté d’écrire une histoire différente sur le même sujet ? Car si la forme change, le fond non. Il est même beaucoup moins approfondi, un comble vu que c’était le souhait originel du producteur Toby Jaffe à l’origine du projet.

Conclusion

Total Recall Mémoires Programmées est un faux remake. S’il partage la même intrigue que le film de Paul Verhoeven, il est toutefois plus proche de Minority Report et offre de belles séquences d’action.
+ – La patte artistique du film
– Les scènes d’action
– Souffre de son statut remake
– Bien loin de ses modèles
– Histoire simplifiée
6/10
S’abonner
Notification pour
guest

4 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Pin It on Pinterest