Critique : La Colère des Titans

Redoutez la daube

Fiche

Réalisateur Jonathan Liebesman
Scénariste Dan Mazeau, David Johnson
Acteurs Sam Worthington, Liam Neeson, Ralph Fiennes, Edgar Ramírez, Rosamund Pike, Bill Nighy, Toby Kebbell, Danny Huston
Titre original Clash of the Titans 2: Wrath of the Titans
Pays USA Date de sortie 28 mars 2012
Genre Action, Aventure, Fantastique Durée 1h39
Une décennie après sa victoire héroïque sur le monstrueux Kraken, Persée, le fils demi-dieu de Zeus, tente de mener une vie plus tranquille de pêcheur dans un village et élève seul son fils de 10 ans, Hélius. Pendant ce temps, les dieux et les Titans se livrent à une lutte de pouvoir. Dangereusement affaiblis par le manque de dévotion des humains, les dieux sont sur le point de perdre le contrôle des Titans emprisonnés et de leur redoutable chef, Cronos, père du triumvirat au pouvoir, Zeus, Hadès et Poséidon. Longtemps auparavant, les trois frères avaient renversé leur père puissant, le laissant croupir dans le sombre abîme du Tartare, un donjon enterré au plus profond des entrailles des enfers. Persée ne peut plus ignorer sa véritable vocation lorsque Hadès, avec le fils divin de Zeus, Arès, change de camp et passe un accord avec Cronos pour capturer Zeus. La force des Titans grandit, alors que Zeus perd ses derniers pouvoirs divins et que l’enfer se déchaîne sur la terre. S’assurant l’aide de la reine guerrière Andromède, du fils demi-dieu de Poséidon, Agénor, et du dieu déchu Héphaïstos, Persée se lance avec courage dans une sinistre quête qui le mènera jusqu’aux enfers pour libérer Zeus, renverser les Titans et sauver l’humanité.

Critique

Le premier épisode était réalisé par le frenchie responsable de L’incroyable Hulk. Ça demeurait un film moyen qui se regardait pour le plaisir (trop rare) de voir le bestiaire de la mythologie grecque prendre vie. Scorpion géant, méduse, harpie, Kraken, un joli petit lot y passait mais j’étais déçu de ne pas avoir eu l’occasion de voir les squelettes présents dans l’original. Bref, dans cette suite, on nous promet du lourd, à savoir le minotaure, des cyclopes, des soldats à deux jambes mais trois bustes, des chimères sans oublier un véritable Titan. En voyant ça, on se dit que ça va déchirer grave !

Je ne vais pas vous faire patienter plus, c’est mauvais ! Il faut dire qu’en attribuant la réalisation à Jonathan Liebesman derrière le très mauvais World Invasion : Battle Los Angeles, le studio ne s’est pas facilité les choses. Le réalisateur ne reproduit pas les mêmes erreurs que pour ce film, la réalisation des scènes d’action est plus posée déjà mais j’y reviendrais après.

Le gros point noir de cet opus concerne son scénario ou plutôt son absence de scénario. A croire que les scénaristes ont livré un scénario consistant et que le réalisateur ou le studio s’est amusé à enlever tout développement dramatique. C’est simple, c’est creux. En bref, on a une resucée de celle du premier à peine masqué par une sous-intrigue dramatique complètement dénué d’intérêt (mon fils, ma vie). En gros, un nouveau big boss apparaît (Cronos, le titan remplace le Kraken) donc Persée doit aller chercher une nouvelle arme (la lance de je-ne-sais-plus-que-c-est-le-nom remplace la tête de Méduse), on remplace aussi le bestiaire et on vire toutes les scènes à dialogues du premier.

On a vraiment l’impression que le réalisateur est emmerdé par Sam Worthington (sûrement dans un de ses pires rôles ici) et qu’il préfère s’amuser avec Liam Neeson et Ralph Fiennes beaucoup plus présents que dans le premier. Ça tombe bien, nous aussi. Voir l’histoire fraternelle entre Zeus et Hadès est la seule éclaircie du film. Non seulement, ce duo offre les scènes d’actions les plus spectaculaires mais aussi les plus émouvantes du moins de ce que le réalisateur est capable de faire véhiculer comme émotion.

Seulement les scènes avec Zeus et Hadès sont rares et en attendant on doit se coltiner le trio Sam Worthington/Rosamund Pike/Toby Kebbell. Si Sam est complètement à la ramasse, ne sachant à quel saint se vouer (c’est sûr quand on n’a pas Cameron pour diriger), Rosamund s’en sort un peu mieux mais son rôle est très peu exploité, juste suffisant pour faire la potiche de service. Toutefois, le pire est à décerner à Toby Kebbell (le sorcier ridicule de L’Apprenti Sorcier), dans un rôle comique un peu what’s the fuck, il plonge La Colère des Titans dans le summum du ridicule à chacune de ses scènes et démine toute tentative de dramatisation avec une aisance à faire pâlir les Démineurs de Kathryn Bigelow. Imaginez un peu le duo de comique dont l’un des membres était Mouloud dans le premier et multipliez ça par cent. Difficile de rester accroché après ça.

Passons désormais aux scènes d’actions qui sont le cœur du film parce que quand même il dure 1h39 et je vous ai bien fait comprendre que la partie dramatique était proche du néant donc il ne doit rester plus que ça. Juste un petit signalement avant de commencer: quelle luminosité de merde ! Ce n’est pas possible ça. Déjà la 3D du film est complètement foirée avec des effets ridicules. Mention spéciale à cette scène où le serpent est censé sortir de l’écran avec un changement de ratio de l’écran du plus mauvais effet. Ça donne un truc hallucinant de niaiserie et très amateur. En fait les mecs rajoutent des bandes noires pour simuler la sensation que le serpent se jette sur vous mais la 3D est ratée du coup, on a juste l’impression de voir un film en 2D avec des effets 3D, ringard donc. La 3D est nulle mais les gars ont dû augmenter la luminosité pour correspondre avec les lunettes seulement, c’est un peu abusé. Si on serait chez soi, on aurait pris la télécommande pour la baisser (« Sûrement un petit plaisantin qui s’est amusé à mettre la luminosité à fond. Ah ben oui, effectivement, elle était à 100. »). Du coup traîne un sentiment désagréable pendant tout le visionnage.

Les scènes d’action sont plutôt efficaces et bien fichues. On a un peu l’impression de voir Il faut sauver le Soldate Persée. Caméra à l’épaule pour suivre Persée durant la première attaque des Chimères pour un des meilleures scènes d’actions du film. Le réalisateur se démerde très bien avec les effets spéciaux (mais bon, vu la qualité moisie de l’image, j’aurais eu du mal à détailler plus). Juste avant l’attaque, on avait eu le droit à la meilleure scène de cette suite, le cauchemar de Persée où il a une vision de Cronos en train de ravager une armée et de Cronos, on ne voyait que sa main. C’était très bien fichu et ça ne laissait présager que le meilleur.

Malheureusement, ce présage est erroné. Le reste des scènes d’actions sont bien loin d’arriver au même niveau. Peu spectaculaire sauf si ça vous amuse de voir des personnages en prendre plein la gueule. Le gros problème, c’est qu’il y a un énorme déséquilibre de puissance qui fait qu’on n’assiste jamais à des combats mano-to-mano ou des batailles épiques comme le combat final de Star Wars Episode III ou ceux de Gladiator. Grosso modo, on voit Persée affalé sur le sol, les deux tiers du temps. Arès, le bad guy du film remplaçant Calibos du premier (vous savez le roi qui s’est fait cocu par Zeus), est tellement puissant que le combat final contre Persée ne ressemble à rien (quoiqu’au début on a l’impression de revoir celui de Les Immortels avec de l’UFC). On peut le résumer à ça : Arès chope Persée et s’amuse à détruire les éléments du décor avec comme un enfant s’amuse à détruire sa construction en Lego avec son jouet préféré.

Ah oui, il y aussi le Minotaure. Ben dis, il est sacrément moche lui. Il pourrait faire un concours de mocheté avec le Predator. Et si vous avez été déçu par le combat dans Les Immortels, attendez de voir celui-là. C’est encore plus mauvais malgré des bonnes idées de réalisation (plan pour simuler le regard de Persée au contact avec le Minotaure).

Bref, on avance jusqu’à la fin et le réveil de Cronos, une putain de scène qui surclasse le réveil du Kraken (la seule scène marquante du premier). Il faut dire que les mecs des effets spéciaux se sont régalés avec Cronos et ont livré une vision grandiose. Ce plan du titan, père de Zeus et Hadès, enseveli sous la montagne du Tartare est superbe. Bref, il se réveille et met la misère à l’armée d’Andromède, la reine qui allait se faire bouffer dans le premier. Mais là, il y a le chant de cygne de Zeus et Hadès, les deux ont bien la classe, on sent bien leurs puissances et c’était pour ce genre de scène qu’on voulait voir Le Choc des Titans, un vrai combat de titans avec des éclairs dans la gueule, des explosions à faire pâlir la bombe H. Seulement, il y a ce con de Persée qui se ramène et qui achève Cronos avec un truc dans le même délire que dans le premier. On lui en veut vachement à Persée pour ça. Bordel, mec, au moment où le film devenait trippant, tu arrêtes tout. En tout cas, bonne nouvelle, la fin ne laisse pas présager une suite. Tant mieux, vaut mieux arrêter les dégâts là.

Ah merde, j’ai oublié Bill Nighy. Non finalement, il vaut mieux que je n’en parle pas.

Conclusion

La colère des Titans est une suite qui réussit son pari : faire pire que le premier. Au lieu de mettre, « Redoutez la colère », ils auraient mieux fait d’afficher « Redoutez la daube ». Les joueurs ne seront animés que par une seule envie durant le visionnage, ressortir God of War 3 qui est la seule œuvre de la dernière décennie à rendre hommage à la mythologie grecque surtout via son intro qui met une claque dont je ressens encore les marques.
+ – Cronos
– Zeus et Hadès
– certaines scènes d’actions efficaces
– 1h39
– donne envie de rejouer à God of War 3
– scénario
– 3D et luminosité
– les autres scènes d’actions
– Sam Worthington (pourtant je l’adore)
– Toby Kebbell
– Toby Kebbell (il mérite bien deux mentions)
3/10
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