Critique : Babycall

Folie ou réalité ?

Fiche

Réalisateur Pal Sletaune (Next door)
Scénariste Pål Sletaune
Acteurs Noomi Rapace, Kristoffer Joner, Vetle Qvenild Werring, Stig R. Amdam, Maria Bock
Pays Norvège Date de sortie 2 mai 2012
Genre Horreur, Thriller Durée 1h36
Budget 3 300 000 euros

Afin d’échapper à la violence du père de son fils Anders âgé de 8 ans, Anna s’enfuit avec lui pour s’installer en secret dans un grand immeuble résidentiel. Terrifiée à l’idée que son ex-mari ne les retrouve, Anna achète un babycall pour s’assurer qu’Anders soit en sécurité pendant son sommeil. Mais des bruits inquiétants semblent provenir d’un autre appartement : grâce au babycall, Anna entend même ce qu’elle croît être le meurtre d’un enfant. De son coté, Anders se prend d’amitié pour un mystérieux garçon aux cheveux noirs qui va et vient comme bon lui semble. Celui-ci aurait-il un lien quelconque avec les bruits entendus ? Pourquoi y a-t-il du sang sur un dessin d’Anders ? Sont-ils tous en danger ?

Critique

Noomi Rapace est probablement le seul attrait du film Babycall pour ma part autrement, je ne l’aurais sûrement jamais vu. Bon, je ne vais pas vous mentir, le fait qu’il ait raflé quelques prix dans les festivals a joué aussi : quand même le Grand Prix du festival de Gérardmer 2012, ce n’est pas rien sans oublier le Prix de la Critique Internationale dans ce même festival et le Prix d’interprétation féminine au Festival International du Film de Rome. Bref, Babycall ça a de la gueule…

… mais seulement de la gueule. En effet, si le film dispose d’une bonne ambiance paranoïaque à la Shutter Island, il souffre de beaucoup de défauts. Déjà, il est lent ET chiant, un mélange qui fait jamais bon ménage. Malgré toutes les qualités d’actrice de Noomi Rapace (ici dans un rôle à des années lumières de sa Lisbeth « La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » Salander), le film n’arrive pas à capter l’intérêt du spectateur. Il faut dire qu’il ne se passe pas grand chose à l’écran. Malgré tout, on essaie d’être attentif parce que ce genre de film est parfois livré avec une notice dans une langue étrangère donc je ne vous dis pas la galère pour monter le meuble avec.

Babycall est typiquement le genre de films à twist qu’on devine au bout d’une demi-heure. Il faut dire que le réalisateur n’est pas très inspiré de ce côté en répétant un artifice gros comme un éléphant dans un couloir, démesuré comme Hulk sous une loupe du coup si la première fois, on n’y prête pas attention, la deuxième fois, on se dit : « Tiens, tiens », par la suite, on se fait « C’est bon, c’est ça! ». Par contre, d’autres éléments sont beaucoup moins clairs à tel point qu’on a un peu de mal à deviner surtout qu’au fil des minutes, notre attention se relâche. Ben oui, j’ai eu une grosse journée de boulot et en plus, c’est mou. Au moins, je ne me suis pas endormi.

Si je ne me suis pas endormi, c’est surtout imputable à la très bonne performance de Noomi Rapace. Un gage plutôt bon signe pour le Prometheus de Ridley Scott. Dans le rôle d’une mère, elle trouble par sa performance et arrive à merveille à gommer toutes les barrières entre la réalité et la folie. Nous la suivons durant tout le film, assistons avec elle à des évènements « bizarres » et comme elle, nous n’arrivons plus à distinguer la réalité du fantasme. A tel point qu’on finit surtout par douter de sa santé mentale. Ça reste tout de même malin et ambigu (folie? surnaturel?). Le réalisateur a eu la bonne idée de ne jamais basculer sur un autre point de vue, en l’occurrence sur celui de l’autre personnage principal sauf quand le moment le suggère. Un parti pris qui fonctionne et qui évite au film de sombrer dans les marécages du film à twist complètement foiré comme la daube Dream House.

Pour le final, j’avoue avoir galéré pour comprendre.

Spoiler : la fin

Le problème, c’est que je confondais les deux gamins, je croyais sincèrement que c’était le même môme. Quelle idée aussi d’avoir foutu deux mioches de la même taille, avec la même dégaine, la même coupe, la même couleur de peau et de cheveux. Du coup, je bitais plus rien jusqu’à que je vois le plan final où ils sont face à face et me remémore cet ami vu à la demi-heure du film. La preuve par mille que je n’étais pas très concentré.

Pour deviner la suite des événements et la révélation finale, je commençais à partir dans des délires où le babycall qui interceptait des communications venant du futur (un futur où le père les retrouve et les passe à tabac) – mais ça me rappelait un autre film donc je n’y croyais que moyennement. Mais là, il n’y a pas à péter, quand j’y réfléchis, le film est crédible de bout en bout, suffisamment rare dans le domaine pour être souligné. En bref, il s’agit d’une banale histoire de fantômes qui deviennent potes (malheureusement pas de Casper) et dont l’un (Anders) se débrouille pour rendre service à l’autre en bon pote qu’il est. Par contre, dommage pour Noomi, ça ne finit pas très bien.

Amateurs de frissons et de sursauts, n’espérez rien ici. Le film s’attachant davantage à installer une atmosphère paranoïaque et de folie rappelant l’extraordinaire L’échelle de Jacob sans les apparitions démoniaques. N’empêche pour avoir réussi à rafler le grand prix à Gérardmer, la concurrence devait être faible.

Conclusion

Film d’atmosphère au rythme lent et à l’intensité digne d’un cent mètres d’un escargot, Babycall décevra les fans de film de frissons car nous ne sommes pas dans un ersatz de Ring et heureusement parce que vu les daubes qui ont tenté de reproduire le phénomène.

Il vaut néanmoins le coup d’œil pour la très bonne performance de son actrice principale, Noomi Rapace.

+ – Noomie Rapace
– atmosphère paranoïaque surfant aux limites de la folie
– lent
– mou
– réalisation et musique banale
4/10
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