Critique : Acharnés

Je ne sais pas pourquoi j’ai mis autant de temps à me lancer sur Acharnés. Car c’est une série qui m’intéressait beaucoup. Déjà pour ses deux têtes d’affiche, Steven Yeun et Ali Wong, mais aussi pour son pitch de départ annonçant de belles folies façon Les Nouveaux Sauvages (2015). Sans oublier qu’elle a été produite par A24, le studio du moment. Moonlight (2016), Hereditary (2018), Midsommar (2019), The Whale (2022) ou encore mon chouchou Everything Everywhere All at Once (2022), ce sont eux. Comme si ça ne suffisait pas, la série a également eu d’excellents retours.

Heureusement pour moi, le déclic a fini par arriver suite à la divulgation des nominations par les Emmy. Acharnés y concourt dans 13 catégories (et pas les plus pourries). Au final, j’ai dévoré la série rapidement, car elle a quelque chose d’addictif, à commencer par une durée tournant de 35 minutes encourageant à enchaîner les épisodes. Mais surtout, parce que son histoire est géniale.

It’s not always sunny in Los Angeles

À la création, un homme pas inconnu dans le domaine de la comédie et des séries : Lee Sung Jin. Ce dernier a travaillé sur un épisode de Silicon Valley, sept de la sitcom 2 Broke Girls et surtout 26 (!!!) épisodes de Philadelphia. On retrouve d’ailleurs de l’humour de ce dernier, à savoir un humour noir et grinçant.

Toutefois, là où les aventures des habitués du Paddy’s Pub partent souvent des délires improbables, Acharnés s’acharne (oh, oh, oh) à rester réaliste. L’escalade des coups de pute entre les deux protagonistes n’est jamais invraisemblable. On démarre petit et, graduellement, les enjeux grossissent et grossissent jusqu’à l’inévitable « wow, ça part en couilles là ». Dès lors, cet aspect réaliste rend la série hilarante, un peu comme un documenteur.

Surtout, un véritable effort est fait dans la caractérisation des deux protagonistes. Dès lors, on comprend pourquoi ils n’arrivent pas à s’arrêter là où le commun des mortels serait passé à autre chose. Un exercice psychologique toujours fascinant, du début jusqu’à la fin. Mention spéciale d’ailleurs aux deux acteurs tant ils sont énormes. Autant, Steven Yeun, il n’y a aucune surprise vu qu’il a déjà confirmé par le passé qu’il est un acteur formidable. Autant Ali Wong, j’ai été sur le cul !

Baby Cobra a grandi

Ali Wong, je la connais depuis 2016 quand elle m’a fait mourir de rire avec son spectacle de stand-up Baby Cobra. J’avais découvert ses talents d’actrice dans la comédie romantique Neflix, Always Be My Maybe (2019) et, apparemment, dans Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn (2020) mais je n’en garde aucun souvenir. Quoiqu’il en soit, avec Acharnés, elle passe un cap et démontre des talents d’actrices phénoménales, en allant parfois loin. Une révélation !

En plus de ça, la réalisation est excellente dans tous les domaines (bande-son, photographie, mise en scène, décor et j’en passe). Pour l’anecdote, les sublimes dessins servant d’illustration pour les titres des épisodes (sauf le premier) ont été faits par David Choe, celui-là même qui joue le cousin du personnage de Steven Yeun. Le seul bémol que j’adresserai concerne les personnages secondaires parfois un peu trop clichés.

Bref, j’ai été sous le charme jusqu’au bout et même si Acharnés a une fin et qu’elle a été proposée en tant que mini-série aux Emmy. J’ai très envie d’avoir une suite. Du coup, je me suis renseignée et le créateur Lee Sung Jin a annoncé qu’il a un plan pour trois saisons : « J’ai encore beaucoup d’idées pour poursuivre cette histoire. Je pense que si nous avons la chance d’avoir une deuxième saison, il y a beaucoup de choses à faire avec les personnages de Danny et Amy. J’ai un fil conducteur que je ne peux pas encore vraiment révéler, mais j’ai actuellement trois saisons tracées dans ma tête ». Alors, s’il vous plaît, Netflix, le feu vert !