Critique : Sandman – Saison 1

Toucher le rêve du doigt

Fiche

TitreSandman Titre VOThe Sandman
CréateursNeil Gaiman, David S. Goyer, Allan Heinberg
Acteurs Tom Sturridge, Vanesu Samunyai, Boyd Holbrook, Vivienne Acheampong, Patton Oswalt, Mason Alexander Park, Jenna Coleman, David Thewlis, Stephen Fry, Gwendoline Christie, Kirby Howell-Baptiste
Saison1 Nombre d’épisodes11
Date de sortie05 / 08 / 2022 Durée38 à 64 mn
GenreDrame, Fantastique, Horreur, Mystère, Science-fiction ChaîneNetflix

Après des années d’emprisonnement, le Seigneur des Rêves commence son périple à travers les mondes pour retrouver ce qu’on lui a volé et récupérer son pouvoir.

Critique

Durant mon adolescence, lors de mes passages à Album, les albums du Sandman par Neil Gaiman m’avaient toujours fait de l’œil par ses couvertures oniriques. Ouais, c’était impossible de confondre avec un autre. Mais j’ai mis longtemps avant de franchir le pas, car les dessins à l’intérieur me semblaient vieillots. J’étais pas prêt à brûler mon argent de poche sur un pari (ou devrais-je dire un rêve ?). Puis un jour, je l’ai finalement fait. J’ai pris une claque massive au point que c’est un de mes comics préférés. Une lecture que je conseille régulièrement.

Bref, pendant de longues années, les rumeurs (chuchotées par Désir ?) sur une adaptation des aventures de Morphée au cinéma ont longtemps circulé. Des nombreux projets ont été refusés par Gaiman himself. Un temps, ce fut solide quand Joseph Gordon-Levitt y était attaché. Après l’avoir développé pendant trois ans en collaboration avec Neil Gaiman, il a fini par abandonner quand New Line a hérité du projet à cause de désaccords créatifs. Par la suite, une série a été mise en route par Warner Bros. Cherchant une compagnie pour financer le projet, le studio a scanné le marché. Des sociétés, comme HBO, ont laissé passer l’opportunité à cause du budget élevé. Finalement, c’est Netflix, à la recherche de gros noms, s’est laissé tenter.

Aujourd’hui, la série est disponible. Le rêve demeure-t-il accessible ?

Le Roi des rêves a changé

Cette première saison adapte les deux premiers tomes de la série écrite par Neil Gaiman, Préludes & Nocturnes et La Maison de poupée. Ça m’a fait tout drôle. En effet, je n’ai pas lu la série depuis des années. La dernière fois doit même probablement remonter à une décennie. Du coup, quand j’ai regardé cette saison, c’était comme si je regardais un remake d’un film que j’ai vu, il y a super longtemps. On reconnaît certains trucs, d’autres ont changé. J’étais alors partagé entre la nostalgie de retrouver sa maison d’enfance et la sensation d’être dans un endroit inconnu car elle a évolué suite à l’arrivée des nouveaux habitants. Un sentiment bizarre.

Avant tout, il y a une chose ayant changé que je n’ai pas du tout aimé. Le look du personnage principal. Dans les comics, Morphée a la peau blanche comme la craie et deux étoiles à la place des yeux. Dans la série, ben… Ça m’a fait le même effet que Domino dans Deadpool 2. Un rejet. Heureusement, comme pour Zazie Beetz en Domino, Tom Sturridge est convaincant en Roi des Rêves. Malgré tout, ça ne m’a pas empêché d’être dégoûté tout le long du visionnage. Car cette peau blanche et ces étoiles dans les yeux permettaient de rendre Sandman iconique et badass. Pour l’anecdote, Tom Sturridge a révélé que Neil Gaiman lui a dit le premier jour de son tournage de « cesser d’être Batman » avec ses répliques.

Une maison bancale

L’autre point concerne les effets spéciaux. Vu l’ambition visuelle du comic d’origine, il était sûr qu’en l’adaptant en série télévisée, ça allait faire des dégâts. Ça n’a pas manqué. Tout le long, le sublime (certains plans m’ont coupé le souffle) côtoie le laid. Un yoyo dérangeant et empêchant la série d’être solide sur ses fondations.

Au niveau de la narration, on est à nouveau sur du bancal. Certains épisodes sont excellents, je pense au trio se suivant : Un espoir en enfer, 24 heures et Le bruit de ses ailes (épisode 4, 5 et 6). Au passage, pour l’anecdote, le titre de l’épisode est le même que celui du chapitre du comic qu’il adapte. Avec ces épisodes, on est sur très, très haut niveau. Ça permet une plongée sublime dans la mythologie tout en offrant une réflexion intéressante sur l’humanité. Notamment, sa relation avec les rêves et la mort.

J’ai trouvé le reste assez quelconques malgré quelques bonnes idées. Ça sonnait comme une version longue de l’album avec des passages longuets et du développement pas toujours intéressant.

L’Étoile du Matin surplombe Constantine

Pour les personnages, c’est pareil. En coup de cœur, je retiens le Lucifer Morningstar de Gwendoline Christie. Quel charisme. Quelle prestance. Son duel avec Dream est un moment exceptionnel. Surtout, pour le jeu de Gwendoline Christie quand Dream souffle sa réponse : « Je… suis… l’espoir. ».

En coup de flop, ce sera Johanna Constantine. Avant de continuer, il faut savoir que pour cette adaptation, les créateurs ont voulu se détacher de l’univers DC auquel Sandman est rattaché (dans le comic, Martian Manhunter indique à Dream où se trouve le rubis). On a juste des petites références via Jed Walker, mais ça s’arrête là. Du coup, pour Constantine, ils ont changé le sexe du personnage afin de marquer une rupture avec DC. Le changement de sexe ne me dérange pas. Toutefois, adorant le personnage dans le comic, j’ai été très déçu par le jeu de son interprète, Jenna Coleman. Elle est loin d’avoir le charisme suffisant pour le personnage.

En dessous de Lucifer, je mets Boyd Holbrook en Corinthien, Mason Alexander Park en Désir et Mark Hamill en Mervyn Pumpkinhead (j’aime beaucoup le personnage dans les comics et il est très bien rendu dans la série).

Par espérant une deuxième saison tout de même.

Conclusion

La première saison de Sandman est inégale à mes yeux. Parfois capable d’offrir des images sublimes sur fond de réflexions philosophiques intéressantes et des personnages charismatiques comme Lucifer ou le Corinthien. Elle souffre malheureusement de personnages pas toujours intéressants comme Johanna Constantine, relecture ratée du personnage de John Constantine, des effets spéciaux parfois très laids ou d’un rythme bancal. Rien de spécialement handicapant. Par contre, je pousse un gros coup de gueule pour le look de Dream. Loin d’être aussi badass que dans les comics. Bref, malgré mes reproches, j’ai beaucoup aimé Sandman et j’espère qu’une deuxième saison se fera. Ce qui ne semble pas gagné vu son coût.

+

  • Une adaptation évitant de se casser la gueule malgré l’énorme difficulté
  • Gwendoline Christie en Lucifer Morningstar
  • Épisodes 4, 5 et 6
  • Certaines images sont à couper le souffle

  • Très inégal dans plusieurs domaines (rythme, narration, effets spéciaux, …)
  • Jenna Coleman en Johanna Constantine
  • Look de Dream
7/10
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