Critique : Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs

23 ans après…

23 ans après une séance au cinéma pour découvrir Donjons & Dragons (2020) avec un Marlon Wayans alors devenu une star internationale grâce à Scary Movie (2020). Je me rappelle encore de l’IMMENSE déception qui s’était abattue sur moi à la sortie de la salle de cinéma. En même temps, n’allons pas par quatre chemins, C’EST UNE MERDE. Point final. D’ailleurs, comme c’était de coutume à l’époque, la saga a eu droit à deux suites, Donjons & dragons – La puissance suprême (2005) et Donjons & Dragons 3 : Le Livre des Ténèbres (2012), sortis directement en vidéo ne laissant ainsi aucun doute sur leur qualité. Bref, valait mieux se tourner vers les jeux vidéo pour avoir une adaptation digne de ce nom entre la saga Baldur’s Gate (on attend le troisième épisode pour cet été) et celle de Neverwinter Nights.

Pour ma part, je ne m’y connais pas des masses à l’univers Donjons & Dragons. En effet, durant mon adolescence, j’avais une préférence pour les Warhammer (surtout 40 000) et les cartes Magic. Pour tout te dire, j’ai mis longtemps à capter que quand ils parlaient, dans le film, de la ville Padhiver. C’était, en fait, le nom traduit de Neverwinter. En tant que fan de jeu vidéo, j’ai juste souri quand la porte de Baldur est cité ou lors de la description des classes et des capacités spéciales de chacun faisant référence au tableau de caractéristiques d’un personnage (force, intelligence, charisme, etc).

Des spécialistes de la comédie aux manettes

Cette fois-ci, on repart sur des bases saines avec un reboot en bonne et due forme confié à un duo pour le moins inattendu : John Francis Daley et Jonathan Goldstein. Parmi leurs faits d’armes, la réalisation de l’excellente comédie Vive les vacances (2015) et une autre comédie Game Night (2018). Au scénario, ils ont pondu Comment tuer son boss ? (2011), L’île des Miam-nimaux : Tempête de boulettes géantes 2 (2013) et Spider-Man : Homecoming (2017). Bref, faut pas avoir fait des années d’étude pour comprendre que le duo est spécialisé dans la comédie et qu’ils sont bons dans le domaine.

Au départ, ce n’est pas à ce duo que j’aurais pensé pour signer une nouvelle adaptation de Donjons & Dragons, l’univers penchant vers le sérieux même s’il y a des notes d’humour. Néanmoins, vu leurs précédents travaux, j’étais très curieux du résultat final. Ça peut être une belle surprise, comme ça peut être un désastre.

Que de générosité

Pour le coup, c’est une énorme réussite. Évacuons d’abord les défauts du film. Alors, si vous vous attendez à un truc fantasy sérieux façon Le Seigneur des Anneaux, passez votre tour, Donjons & Dragons : L’Honneur des voleurs lorgnant sérieusement vers la comédie. Aussi, les effets spéciaux, malgré un budget confortable, ne sont pas toujours réussis entre doublures numériques trop visibles et fonds verts perceptibles.

À mon niveau, ce sont les seuls reproches que j’adresserais à ce reboot. Pour le reste, j’ai été totalement conquis par la proposition de Daley & Goldstein. Pour avoir une idée du style, c’est un peu comme si Marvel Studios avait décidé de réaliser un Seigneur des Anneaux. Ainsi, on a un film d’action avec de la comédie, du fun, des punchlines (le barbare, Michelle Rodriguez au top, en a un paquet) et des émotions tout en étant superbement généreux au niveau du lore et ça commence dès la première scène du film se terminant sur un hilarant twist. Sans oublier, une grosse vibe Les Gardiens de la Galaxie.

Les Gardiens des Royaumes Oubliés

Tout est superbement maîtrisé tout le long de l’aventure avec une galerie de personnages attachants ou adorablement détestables (Hugh Grant, MVP). Les héros et les méchants partent depuis des clichés, mais arrivent à s’en émanciper grâce à un humour et une certaine intelligence dans la caractérisation permettant non seulement d’obtenir des bonnes blagues (j’ai souvent ri) et des moments forts jusqu’à m’arracher des petites larmes. Difficile de ne pas penser aux Gardiens de James Gunn, à ce niveau.

Surtout, les excellentes péripéties ont le mérite d’être dépaysantes. À chaque fois, j’attendais avec délectation de savoir où la bande allait m’emmener tant c’était parfois imprévisible, même en ayant vu la bande-annonce (et ça, ça fait plaisir). Je n’en dis pas plus pour la surprise, mais ça fourmille de bonnes idées.

Des bonnes idées, il y en a également à la réalisation. Bon, c’est souvent tellement dingue que l’équipe des effets spéciaux a du mal à suivre (mention spéciale au passage de la druidesse), mais ça a le mérite, justement, d’être dingue. D’autant plus que l’équipe a mis le paquet pour mettre en place l’univers Donjons & Dragons. Je ne peux pas parler pour la fidélité, mais de ce que j’ai vu m’a donné une seule envie : en avoir encore plus. Du coup, je croise très fort les doigts pour une suite et pourquoi pas un univers cinématographique vu que les possibilités, comme pour le MCU, sont infinies.

À noter une scène mid-générique.