Titre du film : Blue Valentine
Date de sortie cinéma : 15 juin 2011
Écrit par Derek Cianfrance, Cami Delavigne et Joey Curtis.
Réalisé par Derek Cianfrance (a signé à 23 ans Brother Tied qui a très bien été reçu dans les festivals où il est passé)
Avec Ryan Gosling (La Faille, Stay), Michelle Williams (Shutter Island et prochainement dans My Week with Marilyn), Mike Vogel (Cloverfield), John Doman (The Company Men) et pour la première fois à l’écran Faith Wladyka .
Long-métrage américain
Genre : Drame, Romance
Durée : 1h54
Distributeur : Films sans Frontières
A travers une galerie d’instants volés, passés ou présents, l’histoire d’un amour que l’on pensait avoir trouvé, et qui pourtant s’échappe… Dean et Cindy se remémorent les bons moments de leur histoire et se donnent encore une chance, le temps d’une nuit, pour sauver leur mariage vacillant.
Le début et la fin d’une histoire d’amour : une histoire inter-temporelle
Le film marque, non le mot est trop faible, il traumatise en nous livrant un portrait sans tabou d’une histoire d’amour jouant sur le temps. Le long métrage de Derek Cianfrance ne nous raconte pas une love story linéairement (rencontre, amour, galère, fin avec le couple épanoui et bye bye) mais décompose son intrigue en alternant entre le début et la fin de l’histoire d’amour de Dean et Cindy.
Si l’idée n’est pas originale, (500) jours ensemble avait fait la même chose en poussant les choses plus loin : il se baladait beaucoup plus temporellement tandis que Blue Valentine suit une logique linéaire avec le début et la fin. En somme, c’est comme si on avait deux films en un qui se chevauchent par moments.
On peut être dubitatif face à l’intérêt d’un tel procédé pouvant noyer le spectateur avec les allers et retours dans le temps à tel point qu’il ne sait plus où il en est mais Derek Cianfrance n’hésite pas à défigurer son acteur principal Ryan Gosling (dans le futur, il porte des lunettes et est dégarni à l’opposé de son avatar jeune, bien fourni capillairement parlant) à tel point qu’il devient notre point d’ancrage temporel, grâce à lui on arrive à se situer sans aucun problème. On ne peut pas dire la même chose de Michelle Williams qui ne change pas si ce n’est son humeur mais peu importe étant donné l’omniprésence de Ryan Gosling.
Une aura magnétique…
… entoure le film servi par un couple d’acteurs extraordinaire, Michelle Williams est hypnotisante et d’une beauté extrême. La blondeur de ses cheveux nous force à retenir notre attention sur son personnage (elle est la seule blonde du film). En face, Ryan Gosling joue avec une minutie et finesse un homme perdu. Dans ce film, ce n’est pas la femme la romantique mais bien l’homme (on s’éloigne des sentiers battus de Hollywood). Comme pour nous le confirmer, Ryan Gosling proclame au détour d’un dialogue (grosso modo, je me rappelle plus des paroles exactes, suis pas Einstein non plus) : « Au début, les femmes veulent vivre un conte de fées, elles recherchent le prince charmant mais elles finissent par épouser le mec qui a un travail stable, le bon gars par excellence ».
La pluie de nominations dans les catégories du meilleur acteur et de la meilleure actrice est largement méritée. Dommage toutefois qu’aucun prix n’ait été remporté (razzia de Natalie Portman pour Black Swan et Colin Firth pour Le Discours d’un roi).
Le début de leur histoire d’amour est tout simplement magique, un véritable coup de foudre que ce soit pour les personnages ou pour le spectateur. Ce sera aussi l’occasion d’admirer une des plus belles scènes romantiques du cinéma.
Celle où les deux personnages sont en face d’un magasin, Dean commence à chanter une chanson et demande à Cindy de faire un numéro de claquette.
Tout le monde se reconnaîtra dans l’histoire d’amour naissante, des petits détails par-ci ou par-là renforcent le sentiment de réalisme de cette idylle naissante.
Le crépuscule de l’amour
Si chacun se reconnaîtra dans le début de la love story, je ne peux en dire de même pour sa fin. N’ayant jamais vécu la fin d’une longue histoire, j’ai regardé ce déchirement comme une hantise. Il est toujours romantique de penser que notre conjoint nous accompagnera jusqu’à la fin de notre vie hormis certains préférant multiplier les conquêtes. Chacun d’entre nous, à part quelques chanceux, aura expérimenté ou vécu dans son entourage une fin proche de celle que vivent Dean et Cindy.
J’ai arrêté de compter le nombre de scènes marquantes devant le tourbillon d’émotions de la confrontation finale. J’ai été ému, en colère, craintif, difficile de faire une liste de toutes les émotions procurées par Blue Valentine tellement ils sont nombreux. Rare sont les films capable de faire vivre par procuration.
La scène qui m’a le plus serré le cœur est la dernière dans la cuisine où une parallèle entre le mariage et sa fin est lancée. Tragique et émouvant, triste et beau. Inoubliable!
Le film s’achève sur un générique magnifique avec le renfort de feux d’artifices éclairant des photos du couple Dean et Cindy. Ce générique nous achève en nous noyant à l’aide d’une dernière vague de la mer de sentiments procurés par le film. La dernière image du film montre la victime cette rupture : leur fille.
Le summum est atteint lorsque Helen retrouve Vogel, son maquillage est à mourir de rire.
Par Christophe Menat, le .
Conclusion
Un film d’une puissance inouïe dont le relent du visionnage vous hantera longtemps. Le couple Gosling/Williams est d’une justesse rare : un couple qui rejoint les désormais cultes Sailor et Lula. Un chef d’œuvre et probablement un des meilleurs films de cette année. Sa scène culte : innombrables mais le générique final reste mon préféré. |
10/10 |