« C’est l’endroit le plus magique au monde »
Fiche
Titre | Babylon | Titre VO | – |
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Réalisateur | Damien Chazelle | Scénariste | Damien Chazelle |
Acteurs | Diego Calva, Brad Pitt, Margot Robbie, Jovan Adepo, Jean Smart, Li Jun Li | ||
Date de sortie | 18 / 01 / 2023 | Durée | 3h 09 |
Genre | Comédie, Drame, Historique | Budget | 78 000 000 $ |
Une histoire d’ambition démesurée et d’excès scandaleux, il retrace l’ascension et la chute de plusieurs personnages à une époque de décadence et de dépravation débridées au début d’Hollywood. |
Critique
Quelle tragique histoire que celle de Babylon. Déjà, dans la Bible, la ville de Babylone était un symbole de décadence et de dépravation ayant connu la ruine après sa chute, mais dont le souvenir et le prestige sont encore vivaces. C’est également le thème du nouveau Damien Chazelle, sauf qu’il est question du cinéma muet de Hollywood, de ses heures de gloire jusqu’à sa chute à l’avènement du parlant, plutôt que d’une ville.
C’est aussi l’histoire du box-office de son réalisateur. Après trois réussites, Whiplash (2014), pour un budget de 3,3 millions de dollars a rapporté 49,4 millions, La La Land (2016) ayant tout explosé en partant de 30 millions pour arriver à 472 millions et un First Man (2018) plus mitigé, budget à 59 millions et 105,7 à l’arrivée, la chute. Babylon était budgété à 78 millions et en cinq semaines sur le territoire américain, il en a rapporté… 15. Il ne reste plus que l’espoir de l’international pour le sauver. Diffusé depuis la semaine dernière dans le reste du monde, il en a déjà rapporté 15 (dont 4 de la France, cocorico).
Le flop au box-office ricain combiné aux retours critiques très moyens (56 % sur Rotten Tomatoes pour 322 critiques – pour comparer, Whiplash, c’est 94 %, La La Land, 91 % et First Man, 87 %) ont freiné mon enthousiasme malgré l’amour que je porte pour les travaux de Damien Chazelle (deux 10/10 et un 8/10). Je craignais le classique « on laisse carte blanche au réal’ avec un budget conséquent » ayant provoqué un tel bordel au point que le réalisateur s’est laissé dépasser. L’histoire hollywoodienne regorge d’exemples du style. Sans oublier la durée… Mais j’ai tout de même voulu tenter ma chance.
BORDEL, QU’EST-CE QUE J’AI BIEN FAIT.
Damien Chazelle livre son film le plus ambitieux
Si tu t’es précipité sur la note finale, tu auras pu relever que c’est le troisième 10/10 que j’assigne à Damien Chazelle en seulement 4 films. Je trouve cette performance tout bonnement incroyable.
Babylon est assurément une œuvre totalement folle. La durée du film est amplement méritée. Chazelle y livre une ambitieuse fresque suivant la destinée de plusieurs personnages clés sur plusieurs années en débutant en 1926, au plus fort de l’âge d’or du cinéma muet.
À la base, le cinéma muet n’est pas quelque chose m’emballant particulièrement. J’en retiens Charlie Chaplin, le duo Laurel et Hardy, la jolie déclaration d’amour de Martin Scorsese à Georges Méliès avec Hugo Cabret (2011) et surtout The Artist, sorti la même année. Néanmoins, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir ce petit désintéressement, proche du rejet qu’on a envers un vieil outil obsolète. J’avais l’idée que cette époque hollywoodienne était inintéressante à cause de l’amateurisme et la pruderie qui y régnaient.
Comme dirait Jack Slater dans l’exemple parfait du flop au box-office d’un excellent film, à savoir Last Action Hero (1993) : « Monumentale erreur ».
« Hello, college ! »
Avec Babylon, tous mes préjugés ont éclaté en mille morceaux. Cela commence avec une première scène tout bonnement hallucinante. Je m’attendais à tout sauf à ça et elle donne le ton du reste du long-métrage où le drame se mélange à la comédie. Oui, la comédie. En effet, Babylon est un film hilarant. Plusieurs passages m’ont fait exploser de rire. Ce qui ne m’était pas arrivé au cinéma depuis un moment. Au passage, mention spéciale aux décors et aux costumes de toute beauté.
Si la durée dépasse les trois heures, difficile de sentir le temps défiler tant le long-métrage de Damien Chazelle a des choses à raconter. C’est incroyablement dense. Le film surclasse, dans tous les domaines, le similaire Once Upon a Time… in Hollywood (2019) de Quentin Tarantino avec déjà Margot Robbie et Brad Pitt.
J’ai eu l’impression de débarquer durant cet âge d’or du cinéma muet. Mieux, j’ai eu l’impression de le vivre. C’est tout simplement la marque des très, très grands films : nous faire oublier notre vie pour nous en faire vivre une autre. Encore une fois, Damien Chazelle livre une dernière scène ayant fait exploser les émotions en moi. C’est simple, je suis sorti de la séance en ayant la nostalgie d’une époque que je n’avais pourtant pas connue.
Margot Robbie refait du Harley Quinn, mais pas seulement
Au niveau du casting, c’est du top niveau avec une mention spéciale pour l’hallucinante performance de Tobey Maguire pour un passage dantesque (le mot est soigneusement choisi). Je n’en dis pas plus, mais putain, j’en suis ressorti tout chamboulé. Je reviens au casting. Au départ, je n’avais aucune inquiétude concernant Brad Pitt et Jean Smart, mais je n’étais pas rassuré à cause de Margot Robbie. Ça n’a pas manqué, elle nous fait ENCORE du Harley Quinn (j’étais pas loin de l’overdose). Fort heureusement, on est chez Damien Chazelle et le mec gratte sous le vernis pour finalement livrer un personnage mémorable. À noter également la fascinante Li Jun Li. Sa première scène, c’est quelque chose.
Le truc de dingue avec ce film, c’est ma difficulté à retenir un passage en particulier comme sommet. Tout Babylon est un sommet digne de la Tour de Babel. Rien n’est à jeter. Toutes les scènes ont quelque chose de mémorable. Le génie, c’est d’avoir évité à tout prix la répétition. Les scènes se suivent sans jamais ressembler à la précédente. Bref, plutôt que de citer de scènes en particulier, c’est tout le film qui doit être cité en fait.
À noter de nombreuses scènes crues. Au point que je suis étonné qu’il n’ait écopé que d’un avertissement. Je pensais qu’on était entre les interdictions aux moins de 12 et 16 ans. M’enfin bref, je vois que les temps ont changé depuis mon enfance. #VieuxCon
Par Christophe Menat espérant que Damien Chazelle pourra toujours continuer à bosser.
Conclusion
Un long-métrage majestueux, dantesque et rempli de moments dingues jusqu’à l’inévitable chute m’ayant laissé avec un fort sentiment de nostalgie pour une époque que je n’ai pourtant pas connu. Encore une fois, Damien Chazelle a fait un headshot dans ma tête. Je considère Babylon comme son nouveau chef d’œuvre. Bref, on est qu’en janvier, mais je tiens déjà l’un de mes films préférés de l’année ! |
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10/10 |