Critique : The Artist

Retour vers le muet
Réalisateur Michel Hazanavicius
Scénariste Michel Hazanavicius
Acteurs Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, James Cromwell, Malcolm McDowell
Pays France Date de sortie 12 octobre 2011
Genre Comédie, Drame, Romance Durée 1h40
Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L’arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l’oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l’histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l’orgueil et l’argent peuvent être autant d’obstacles à leur histoire d’amour.

On pouvait être dubitatif quant à l’idée de faire un long-métrage intégralement muet comme si le film était sorti dans les années 20. Surtout quand on se rappelle que le réalisateur d’Ocean’s Eleven, Steven Soderbergh, avait tenté l’expérience avec The Good German pour un résultat mitigé et soporifique. Certes il ne s’agit pas d’un hommage à la même époque, The Good German voulait surtout rendre un hommage aux films de l’époque de Casablanca.

Avec Michel Hazanavicius, on va encore plus loin. Le film est dénué de toute paroles, seule la musique vous accompagnera. Le réalisateur des deux opus d’OSS 117 réunit le casting star du justement premier OSS 117 : Jean Dujardin et Bérénice Bejo.

Si on n’avait aucun doute sur le talent de Jean Dujardin pour nous porter avec un rôle exclusivement muet tellement l’acteur dispose d’une grande force comique qu’il doit avant tout à ses expressions faciales et corporelles. C’est ces atouts qui ont fait de lui un des acteurs français les plus doués de sa génération. Mais ce qu’on ne s’attendait pas, c’est qu’il réussisse à nous émouvoir en jouant ce personnage qui n’a plus sa place dans le monde.

Bérénice Bejo, quant à elle, nous éblouit aussi même si elle n’arrive jamais au niveau de son compère. Jouant un personnage qui est un melting-pot de toutes les stars de l’époque. Dotée d’un joie de vivre sans faille, elle n’a de yeux que pour George Valentin. L’histoire d’amour entre les deux personnages est subtile, tout en légèreté devenant momentanément grave.

Il ne faut pas oublier les seconds rôles joués par deux acteurs américains : John Goodman et James Cromwell. Si leurs talents n’est plus à prouver, on était tout de même curieux de voir le résultat en muet. John Goodman ne change son jeu d’un iota se contentant d’exagérer ses expressions pour un résultat plutôt bien senti même si parfois ça dérive vers l’outrance comique. Par contre, James Cromwell est impeccable dans le rôle du majordome. Pas d’outrance visible chez ses autres compagnons, il joue avec le regard. Toutes ses émotions traversent son corps pour en ressortir par les yeux. Une belle prestation.

Pour finir avec les acteurs, on ne pouvait pas faire l’impasse sur le chien. Véritable acteur, il forme avec Jean Dujardin un duo absolument… je cherche mes mots… unique, on va dire. Les deux sont les stars des films dans le film et ils le sont aussi dans le film. Vous me suivez ? Allez, je simplifie, ils sont les stars des films joués par George Valentin dans The Artist et ils sont aussi les stars du film The Artist. Le chien dispose d’un très fort potentiel comique, la preuve, c’est probablement l’acteur qui a le meilleur ratio d’apparitions/blagues drôles.

Passons à la réalisation de Michel, on connaissait son talent vu son très bon travail sur la saga OSS 117 où il avait réussi à retranscrire une ambiance unique aux productions des années 70. On n’avait pas vraiment peur pour The Artist mais là, il faut vraiment souligner le très haut niveau de son travail. Les cadrages, les arrière-plans (qui reprennent le style des décors peints typiques), la musique, le rythme, tout est vraiment fait pour qu’on se croit durant 1h40 retourné dans les années 20 pour vivre ce qu’avait vécu nos ancêtres. Michel (je ne dis pas son nom, il est trop compliqué à retenir) avait accompli un travail de haut vol avec OSS 117, il s’est surpassé avec The Artist. A noter un plan (visible dans la bande annonce) qui rappelle une des scènes les plus cultes de Citizen Kane.

Le scénario aussi produit par Michel (décidément) est une petite perle d’humour, de drame et d’hommage à cette période du muet depuis tombé dans l’oubli à part quelques chef d’œuvres comme Metropolis.

Ah oui, j’ai failli oublier. Les deux acteurs principaux se débrouillent plutôt bien lors de leurs danses, ils nous donnent même envie de nous lever pour essayer de les suivre.

Vivre pour une nuit un retour dans le passé, dans les années 20, ça n’a pas de prix (enfin si, une place de cinéma).

L’équipe phare du premier OSS 117 est de retour pour un film muet qui se révèle réussi et bien meilleur que bien des films récents.

Un hommage réussi.

Sa scène culte : la scène finale.

Note : 8/10

PS : croisons les doigts pour que The Artist remporte un petit succès aux States où il sort le 23 novembre 2011.

PS2 : en finissant avec The Artist, on a qu’une envie. Retrouver Jean Michel. Pour un troisième OSS 117 ?

PS3 : étant sourd, j’ai enfin pu voir mon premier film français au cinéma et je me suis marré à lire sur les lèvres des acteurs. Je peux déjà vous dire qu’ils ne baragouinent pas n’importe quoi et respectent bien les dialogues. Pour une fois que je comprends mieux qu’un entendant ^^.

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