Critique : Silent Hill : Révélation 3D

L’escabeau de Jacob

Fiche

Adapté du jeu vidéo Silent Hill 3
Titre Silent Hill : Révélation 3D
Réalisateur Michael J. Bassett
Scénaristes Michael J. Bassett
Acteurs Adelaide Clemens, Sean Bean, Kit Harington, Carrie-Anne Moss, Radha Mitchell, Malcolm McDowell, Deborah Unger, Martin Donovan
Titre original Silent Hill: Revelation Date de sortie 28 novembre 2012
Pays Canada, France Budget 20 000 000 $
Genre Épouvante, Horreur Durée 1h34

Depuis son plus jeune âge, Heather Mason a l’habitude de changer d’adresse très souvent avec son père. Sans vraiment savoir pourquoi, elle fuit. Pourtant, cette fois, elle est piégée. Pour sauver celui qui avait toujours réussi à la protéger et découvrir qui elle est vraiment, Heather va devoir affronter un cauchemar qui devient de plus en plus réel…Silent Hill.

Critique

La saga vidéoludique est un des très rares jeux vidéo capable d’instiller la peur (avec Forbidden Siren conçu par le directeur créatif de Silent Hill, il n’y a pas de hasard). Le deuxième épisode est même considéré comme un chef d’œuvre. Malheureusement, c’est du troisième dont il est question ici (le deuxième étant un spin-off avec d’autres personnages), pas grave il est bon aussi et permet de faire la liaison avec le Silent Hill de Gans.

On se retrouve des années plus tard avec Heather et Harry Mason, noms fictifs pris afin de brouiller les pistes de l’Ordre de Valtiel qui les poursuit et permettant au réalisateur/scénariste de faire la liaison avec le jeu où les personnages s’appelait justement Harry et Heather Mason. Gans avait changé les noms dans son adaptation. Voilà comment en une pirouette, on arrive coller les films au jeu vidéo, simple comme bonjour mais efficace.

Et malheureusement, c’est la seule efficacité du film. Pourtant je voulais y croire mais en confiant le projet à Michael J. Bassett auteur du mauvais Solomon Kane, on s’est un peu tiré une balle au pied. Surtout au niveau du scénario, incroyablement mauvais. Les répliques sont d’un risible donnant envie de vomir tant elles accumulent les clichés, on est même capable de les dire avant les acteurs. Ces derniers ne s’en sortent pas mieux, la pauvre Adelaide Clemens essaie de nous pondre un rôle de scream queen sans en avoir la carrure, ni même le charisme. Le seul bon point à lui attribuer est sa ressemblance avec le personnage du jeu vidéo, le seul ! L’autre femme importante, Carrie-Anne Moss alias Trinity pour les intimes, incarne la terrifiante Claudia Wolf mais fait bien plus rire qu’autre chose, faut dire qu’elle ressemble furieusement au prince d’Hellboy II. Mais bon coup de bol, le maquillage est tellement outrancier que le grand public ne la reconnaîtra pas du moins je l’espère pour elle.

Même Kit Harrigton excellent dans la série Game of Thrones est ridicule en campant un gentil/méchant prévisible de bout en bout. Seul son père Eddard Stark (Sean Bean) arrive à sortir du lot en faisant la gueule en permanence, il est aussi le seul à être capable de réciter le flot d’inepties du script et à faire passer la pilule malheureusement, il est très peu présent. Toutefois, le sommet du ridicule est atteint par Malcolm McDowell pourtant habitué aux rôles dérangés (il avait accédé à la postérité grâce à son Alex dans Orange mécanique). Encore un personnage fort (Leonard Wolf) de la saga massacré.

Le scénario essaie d’être bien plus fidèle au jeu vidéo que ne l’était le film de Gans seulement il n’en a ni la classe, ni la capacité de foutre la trouille malgré un très mauvais choix de la part du réalisateur français (foutre de nombreuses interludes se déroulant en plein jour est sans doute une des pires idées que je n’ai jamais vu – à chaque fois que les ténèbres envahissaient le monde, on commençait à avoir les jetons et voilà que paf, on avait les petites enquêtes de Sean Bean en plein jour cassant le suspense).

Dans Silent Hill : Révélation 3D, il est difficile surtout de s’impliquer émotionnellement à cause de personnages fades et surtout d’une mise en place des enjeux trop longue et bavarde. C’est typiquement le genre de film prenant le spectateur pour un gros, gros con, le genre souvent invité à dîner le mercredi soir, en nous expliquant point par point tous les éléments de l’intrigue au lieu de conserver le mystère (dans les jeux vidéo, il fallait lire des documents pour prendre conscience des évènements qui se sont déroulés dans la ville des ténèbres). C’est limite si on ne verrait pas le réalisateur débarquer avec un schéma…

Les jeux avaient le mérite de mettre le joueur dans le bain directement pour ne plus les lâcher jusqu’à la fin sauf rares exceptions où le joueur prenait des pauses histoire de souffler entre deux cauchemars. Pour le film, on a du blabla à rallonge, un passage à l’école façon drama américain pour jeune fille. Un passage censé nous attacher avec Heather se la jouant John Connor sauf que c’est l’inverse qui se produit, la tension est désamorcé, les personnages de révèlent tellement creux qu’on s’en désintéresse avec un chrono digne d’un cent mètre d’Usain Bolt. Le pire, c’est quand même les supplications incessantes de l’héroïne rabâchant des phrases témoins de son état d’esprit, c’est dans ces moments-là qu’on se rend compte qu’il n’y a pas grand chose dans le crâne d’une blonde.

Quand il est temps de rentrer dans le monde des cauchemars : énorme déception. Les décors sont très loin d’être impressionnants. On se croirait davantage dans le labyrinthe du tueur en série qui se grime en minotaure dans la nouvelle saison de Dexter que dans les ténèbres. Ça respire tellement le cheap qu’on recherche où se trouve l’esthétique poisseuse du jeu. Surtout les décors sont beaucoup trop éclairés (contrainte probablement due à la 3D cohabitant mal avec l’ombre) ayant pour conséquence de nuire à l’ambiance ténébreuse et provoquant une rupture avec le premier bien plus réussi sur ce point. En même temps en passant de Carol Spier à Alicia Keywan…

Pour les créatures, Patric Tatopoulos rempile et offre une des seules satisfactions de cette aventure au cœur des ténèbres. Mention spéciale aux infirmières pour une séquence trippante même si nous n’avons pas le droit au fameux viol de Pyramid Head. Ce dernier tient la route même s’il n’égale pas celui incroyablement malsain de Silent Hill 2 (côté jeu vidéo). Toutefois, faute de goût pour le « mannequin master ». A noter que le film se finit sur un combat entre deux créatures nous donnant l’impression d’être dans un kaijū eiga.

Pour les fans, le film multiplie les clins d’œil mais cela provoquera davantage de la frustration en voyant que le réalisateur est bien un fan du jeu vidéo mais il n’aura pas su adapter les bonnes mécaniques qui avait fait de Silent Hill un monument du Survival Horror (un genre désormais en désuétude, seul exercice notable ces dernières années : Dead Space). Quand même, foutre la veste, le tuyau de canalisation ou le lapin rose et pondre un film reniant totalement les ficelles du jeu de Konami… Un scandale! Mon cœur a saigné pendant tout le visionnage…

Conclusion

Finalement encore moins que le film de Gans, ce Silent Hill ne sera pas l’adaptation rêvé de la saga vidéoludique se contentant du pire et du ridicule. Vous rêvez de voir la saga sur grand écran de la meilleure manière possible, vaut mieux se tourner sur le film qui a inspiré le jeu vidéo : L’échelle de Jacob.

Quant à Silent Hill : Révélation 3D, il rejoint Mario et Ryu au cimetière.

+ – La photographie
– La 3D
– Encore une adaptation foirée de jeu vidéo
2/10
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