Critique : RoboCop (2014)

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Fiche

Reboot de la saga
Titre RoboCop
Réalisateur José Padilha
Scénariste Joshua Zetumer
Acteurs Joel Kinnaman, Gary Oldman, Michael Keaton, Abbie Cornish, Jackie Earle Haley, Michael K. Williams, Jennifer Ehle, Jay Baruchel, Samuel L. Jackson
Titre original Date de sortie 5 février 2014
Pays États-Unis Budget 100 000 000 $
Genre Action, Science fiction Durée 2h 00
Les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d’acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme…
RoboCop
« C’est donc toi qui vas remplacer mon Batou ? Mouais, je ne suis pas super convaincu. Tu ne veux pas te mettre en noir plutôt ? »

Critique

RoboCop a connu un tournage tourmenté (donc médiatique). Un tournage que le réalisateur José Padilha a raconté à son ami Fernando « La Cité de Dieu » Meirelles via les mots suivants : « C’est l’enfer ici. Le film sera bon, mais je n’ai jamais autant souffert et je ne voudrais plus jamais revivre une telle expérience. ». Meirelles a aussi raconté que son ami avait subi une pression particulièrement forte de la part de la production : « Sur 10 idées qu’il a, 9 sont refusées. Quelle que soit sa volonté, il doit se battre pour l’obtenir. ». Un statut pas vraiment étonnant sachant que José Padilha débarque à Hollywood et malgré ses deux excellents Tropa de Elite, il y est considéré comme une jeune pucelle dans le domaine. Surtout les studios MGM ont traversé une grave crise financière donc pas question de prendre des risques.

Je suis entré dans la salle avec un peu d’appréhension. J’avais envie d’y croire vu la bonne surprise des Tropa de Elite et surtout pour ces mots de José Padilha : « Le film sera bon. ». C’est avec soulagement que j’ai accueilli cette nouvelle cuvée de RoboCop. Je peux déjà dire qu’il ne s’agit pas d’un remake, mais bien d’un reboot. Car si les grandes lignes (les vraiment grandes lignes) sont conservées, le traitement n’est plus le même.

La renaissance (douloureuse) de RoboCop.

Là, où le film de Paul Verhoeven s’orientait vers une réflexion sur la sécurité et l’ultra-violence. Celui de José Padilha s’attarde beaucoup plus sur la vie privée d’Alex Murphy. Ainsi, Clara Murphy a un temps de présence nettement plus élevé, apportant une nouvelle façon de voir le mythe de la naissance du flic mi-homme, mi-machine. Aussi, ce reboot prend plus de temps pour traiter la transformation d’Alex Murphy en RoboCop approfondissant la réflexion sur où s’arrête l’homme et où commence la machine (à coupler avec une séquence traumatisante où on voit RoboCop à nu). C’est avec grande joie que je peux annoncer que les deux films se complètent à merveille. C’est suffisamment rare pour être souligné.

L’intrigue politique de l’original est conservée avec une volonté de la moderniser. Il en résulte un débat plutôt intéressant sur le traitement à adopter et amené de façon efficace grâce au générique d’ouverture où l’on retrouve le Rorschach de Watchmen. José Padilha a parfaitement réussi à concilier le cahier de charges du film d’action avec un côté thriller politique. Comme par hasard, la marque de fabrique de ses Tropa de Elite.

RoboCop
Matrix’s style !

Par ailleurs, comme sur son diptyque, le réalisateur brésilien offre des scènes d’action bourrines respirant fort les batailles urbaines tout en restant lisibles. Filmées caméra à l’épaule, elles demeurent passionnantes à regarder. D’ailleurs, on peut compter sur quelques bonnes idées comme ce gunfight dans le noir où même si on ne voit pas grand-chose, le résultat pète bien la classe. Toutefois, je regrette qu’aucune ne soit vraiment marquante, empêchant le film d’accéder au level supérieur. La faute probablement à un budget en-deçà de ce qu’il aurait mérité et surtout une violence amoindrie amenuisant l’impact des gunfights.

De plus, on peut regretter l’absence d’humour comme via les punchlines bien senties de son prédécesseur (par exemple : « Je vous préviens ; Résister provoquera… votre mort. »). Il y a bien quelques tentatives, mais elles demeurent vaines (mis à part peut-être l’émission présentée par un Samuel L. Jackson chevelu). Heureusement pour les fans, la réplique culte de RoboCop est récitée (« Dead or alive, you’re coming with me ! »). À noter aussi deux rôles secondaires inutiles, ceux des assistants de Raymond Sellars (incarné par un épatant Michael Keaton) : Liz Kline (Jennifer Ehle) et Pope (Jay Baruchel).

Quelques bugs de programmation empêchent le RoboCop de Padilha de s’épanouir pleinement.

Pour le reste du casting, un sans-faute. Joel Kinnaman incarne un parfait Alex Murphy réussissant à jouer sur le côté humain et robotique du personnage. Gary Oldman est impeccable comme à son habitude et amène un peu plus de profondeur sur l’intrigue de la construction de RoboCop. Abbie Cornish, le grand ajout de ce RoboCop, permet de mieux pénétrer dans les émotions d’Alex Murphy et ajoute un peu d’amour.

Terminons en parlant de ce nouveau RoboCop, pas le film, mais le personnage. À la différence de l’original, celui-là sait courir et même sauter super haut. En même temps, c’est logique étant donné que la science-fiction a évolué. La machine de Paul Verhoeven serait d’un ridicule sans épreuve à l’heure actuelle. Malgré tout, on peut regretter que les incrustations numériques de RoboCop soient trop voyantes, brisant la dynamique des combats (surtout le dernier). Je n’ai pas aimé non plus le look « Batman » (avec en tête de proue, le casque et sa ligne rouge) préférant largement le précédent (heureusement, qu’une belle surprise nous est offerte à la fin sur le sujet). Quant au grand ennemi, l’Ed-209, il a subi un petit lifting et n’est plus seul.

RoboCop
« Putain, je le savais ! Je le savais que j’aurais dû faire gaffe à la batterie. »

Conclusion

RoboCop est l’exemple parfait du reboot réussi. José Padilha y reprend l’essence du personnage tout en apportant sa touche et un nouveau point de vue sur l’histoire. Malgré tout, difficile de ne pas voir les défauts de son long-métrage comme des personnages secondaires inutiles, l’absence d’humour et quelques effets numériques ratés.
+ – Un reboot réussi
– Les gunfights
– La scène où RoboCop se « déshabille »
– Une narration efficace et diversifiée
– Le nouveau look de RoboCop, à la Batman
– Absence d’humour
– Les seconds rôles incarnés par Jennifer Ehle et Jay Baruchel
Trophée8/10
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