Critique : The Hunt

Le manoir dans les bois

Fiche

Titre The Hunt Titre VO
Réalisateur Craig Zobel Scénaristes Nick Cuse, Damon Lindelof
Acteurs Betty Gilpin, Hilary Swank, Ike Barinholtz, Ethan Suplee, Emma Roberts, Glenn Howerton
Date de sortie Durée1h 30
GenreAction, Comédie, Horreur, Thriller Budget14 000 000 $

Sur fond d’obscure théorie du complot sur internet, un groupe de dirigeants se rassemble dans un manoir retiré, afin de se divertir en chassant de simples citoyens américains.

Critique

The Hunt n’a pas eu une carrière facile. Déjà, il devait débarquer en septembre 2019, mais des fusillades au pays de l’Oncle Sam l’ont obligé à revoir sa date de sortie. Finalement, il a pu montrer le bout de son nez en mars 2020. Pas de bol, le coronavirus a eu la même idée. Dès lors, sa diffusion dans les salles américaines a été interrompue au bout de sept jours. En France, il a été confiné direct. Du coup, pour limiter les pertes, les studios Universal l’ont sorti en VOD.

Salauds de riches contre gentils pauvres

Heureusement car ça aurait été très dommage de passer à côté d’une telle perle. Le pitch n’est pourtant pas spécialement novateur, car il se base sur un postulat qui existe depuis Les Chasses du comte Zaroff sorti en… 1932 ! Pour résumer vite fait, des riches vraiment riches décident de chasser des personnes issues de la plèbe pour passer le temps.

Sauf qu’au lieu de prendre les choses au premier degré, The Hunt joue avec les codes du genre, un peu à la manière de Joss Whedon et Drew Goddard avec La cabane dans les bois (2011). L’ouverture du film est même un grand moment en détournant astucieusement les clichés. On comprend alors rapidement qu’il ne faut pas s’attendre à un truc d’horreur classique.

Pour préserver les surprises, je vous conseille d’arrêter votre lecture maintenant si vous avez prévu de le visionner. Sur la fiche, j’ai volontairement charcuté le synopsis officiel qui en dévoilait beaucoup trop à mon goût. La bande-annonce est également à éviter, même si elle préserve pas mal des surprises. Plus surprenant, elle en crée.

Gorgeous Lady Of Wrestling

Bon, revenons à une partie un peu plus spoilante. L’héroïne incarnée par Betty Gilpin (découverte dans la série Netflix GLOW) est géniale. Son côté je m’en foutiste permet de nous offrir un personnage qui tranche nettement avec les héros habituels du genre. D’ailleurs, c’est une idée ingénieuse d’ouvrir avec les deux bombes physiques, Emma Roberts puis le Green Arrow de Smallville (Justin Hartley), pour troubler les cartes.

Au final, c’est un beau casting qui est réuni, car on peut compter également sur Hilary Swank, Ike Barinholtz, Glenn Howerton sans oublier la muse de Jeremy Saulnier, Macon Blair. En passant, il y a un, Ethan Suplee, qui est génialement crédité en tant que (Shut the F**k Up) Gary. Véridique.

Duo de génies au scénario

Au fil des surprises parsemées dans le script est dressé un portrait au vitriol de l’Amérique moderne plus profond qu’il y paraît au premier abord. Au départ, je pensais que The Hunt allait se contenter de s’en prendre méchamment et bêtement aux riches. En fait, ils ne sont pas les seuls à en prendre plein la gueule. Tout le monde est ridiculisé. Qu’il soit riche ou pauvre. Réellement jouissif de les voir tous logés à la même enseigne : celle de la connerie humaine. Par ailleurs, cerise sur le gâteau, le cœur du scénario repose sur des scandales assez récents rendant le tout plus pertinent. Si en plus, on m’ajoute du gore et de l’humour (« Plus de verre ! »), je suis aux anges.

Juste un bémol par rapport au léger coup de mou au milieu de l’histoire, mais pas de soucis, ça repart rapidement de plus bel, on a qu’une heure et demie devant nous, jusqu’à un final plutôt fendard.

Bref, j’étais tellement surpris de l’excellence de l’écriture que je me suis demandé qui était le scénariste. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le duo Nick Cuse et Damon Lindelof. Bordel, on parle du duo derrière deux sommets de la télévision récente : The Leftovers (2015 – 2017) et Watchmen (2019). Je comprends mieux.

Par surpris d’avoir autant aimé.

Conclusion

Au vu des scandales autour de The Hunt, je m’attendais à un vulgaire film d’horreur fonçant tête baissée dans la provocation et l’ultra-violence pour faire le buzz. Pas du tout. Au contraire même, tout en proposant gore et humour, il s’agit d’un portrait au vitriol de l’Amérique moderne où tout le monde en prend pour son grade. Génialement jouissif. Chut, je n’en dis pas plus pour préserver les nombreuses surprises.

+

  • Plus profond qu’il y parait
  • Gore, drôle et fun
  • Betty Gilpin géniale

  • Petit coup de mou au milieu
8/10

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