Critique : La Cabane dans les bois

L’Horreur a un nouveau nom

Fiche

Réalisateur Drew Goddard (scénariste sur Cloverfield, les séries Lost et Alias)
Scénaristes Joss Whedon (Avengers), Drew Goddard
Acteurs Kristen Connolly, Chris Hemsworth (Thor), Anna Hutchison, Fran Kranz (la série Dollhouse), Jesse Williams (la série Grey’s Anatomy), Richard Jenkins (B.A.T (bon à tirer)), Bradley Whitford, Brian White, Amy Acker, Tim De Zarn
Titre original The Cabin in the Woods
Pays USA Date de sortie 2 mai 2012
Genre Comédie, Épouvante, Horreur, Thriller Durée 1h35
Budget 30 000 000 $
Cinq amis partent passer le week-end dans une cabane perdue au fond des bois. Ils n’ont aucune idée du cauchemar qui les y attend, ni de ce que cache vraiment la cabane dans les bois…

Critique

Signé par deux mecs assidus aux trames tordues et de surcroît vus comme des génies dans ce domaine (enfin plus Joss Avengers Whedon quand même), le scénario de La Cabane dans les bois promettait du jamais-vu. Bon, ce n’est pas que je suis dubitatif mais combien de fois a-t-on lu ou entendu cette phrase pour finalement se retrouver avec un produit formaté. Sans compter sur le fait que le film a été un peu enterré, le studio ne sachant pas trop comment vendre le truc: le tournage a eu lieu du 9 mars au 29 mai 2009… pour sortir aux States le 13 avril 2012.

C’est évidemment jamais bon signe mais finalement, c’était vraiment un problème de marketing. En effet, le film repose sur une idée complètement folle qui perdrait toute sa saveur si elle était révélée. Ultime attitude à adopter avant de visionner le film, évitez à tout prix bande annonce, trailer, site ayant une fâcheuse habitude de spoiler. La surprise doit être totale pour savourer le film plein pot. Pour ma critique, j’ai bien fait gaffe pour la première partie à ne rien divulguer. Qui n’est pas le cas pour la deuxième sous balise spoiler comme d’habitude.

L’aventure proposée par La Cabane dans les bois fait souffler un vent de fraicheur dans le genre horrifique, un peu comme une haleine avec Freedent. C’est agréable surtout quand on vient de se taper des haleines de vieux à la suite avec une mention spéciale à celle cramoisie de Rec 3 Genesis. Le couple Goddard/ Whedon fout un coup de pied au cul à l’Horreur et lui rappelle qu’il serait peut-être temps d’arrêter de faire tout le temps la même chose. Et quel coup de pied au cul (un peu comme si Cristiano Ronaldo s’y mettait de toutes ses forces sur le cul d’un gamin de 5 ans – on pourrait le voir voler, je pense).

Le casting est très bon, prouvant que n’importe quel acteur avec des dialogues de Goddard/ Whedon est capable de devenir attachant. Une gageure tout de même. De plus, les auteurs sont capables de pondre en trois/quatre lignes de dialogues des personnages qui tordent le cou aux clichés tellement plombant du genre : la bimbo, le beau gosse agressif, l’intello, le bizarre et la pucelle. Toutefois ne vous inquiétez pas, vous en verrez grâce à un ingénieux procédé des scénaristes.

Les acteurs sont pratiquement tous méconnus à l’exception de Chris Hemsworth devenu une méga star planétaire depuis son rôle de Dieu Nordique (il a tourné dans La Cabane dans les bois avant de jouer Thor) même s’il avait fait une apparition remarquée dans le reboot Star Trek et Richard Jenkins marquant à chaque fois qu’il apparaît (même si c’est quasiment que des rôles secondaires).

Le reste du casting provient entièrement de l’univers de la télévision allant des Power Rangers (véridique) à Grey’s Anatomy en passant par Dollhouse et compagnie. Il faut tout de même avouer qu’en dépit de certains clichés (volontaires, signalons-le), les personnages sont attachants ce qui n’est pas forcément évident (on a vu circuler du monde pour ces rôles).

La réalisation n’est pas non plus en reste même si elle n’a rien de transcendant, elle arrive à insuffler du dynamisme en nous évitant de nous plomber avec des plans fixes à répétition. La caméra se balade un peu partout et tente quelques artifices réussis. Mon plan préféré est de loin celui où la caméra remonte le long de la jambe d’un des protagonistes pour une séquence très sexy (on n’avait pas vu scène aussi chaude depuis le lap dance de Boulevard de la Mort).

Pour la suite, ce sera entièrement du spoiler, donc je vous encourage à vous arrêter là et à aller voir La Cabane dans les bois et revenir. C’est une expérience qui vaut le coup surtout quand on a marre de voir des films d’horreur qui proposent toujours la même chose.

Spoiler

La Cabane dans les bois insuffle beaucoup d’originalité dans ce milieu formaté. Il surprend par la mesure qu’en général plus le budget est élevé, moins les studios sont enclins à prendre des risques (le public va-t-il s’y retrouver ?). On parle de 30 millions de dollars quand même. Il faut dire que le film embrasse deux points de vues ce qui donne un cocktail ultra-détonnant, d’un côté, on a le film d’horreur classique (sexe, gore) avec des personnages clichés (à coups de phéromones) et de l’autre, on a la comédie visionnaire (critique de la téléréalité à peine masquée et des grosses entreprises où les salariés se défaussent de toute morale – Wall Street), un peu comme un mix d’Evil Dead et The Truman Show. Il fallait y penser, il fallait l’oser et ils l’ont fait en plus.

Difficile alors de s’ennuyer devant le film tant les évènements s’enchaînent à toute vitesse. On reconnaît aussi la Whedon’s Touch avec des bonnes blagues (on se fout de la gueule des films de fantômes japonais) et beaucoup de clins d’œil au genre (« On se sépare ! »). Voir les « tortionnaires » faire sauter le champagne après la mort des personnages, c’est démentiel. Même si l’humour a pour conséquence la désamorce du côté épouvante de la chose (toutefois la nana derrière moi n’a pas arrêté de sursauter), c’est tellement agréable qu’on n’en tiendra pas rigueur. Puis bon, je ne flippe plus devant un film depuis mes 14 ans alors autant rigoler.

L’autre point fort concerne le casting des monstres. Jamais un film d’horreur (à ma connaissance) n’a proposé autant de monstres à l’écran, surtout quand on voit à quel point ils sont réussis. Le plus hallucinant, c’est que chaque monstre pourrait faire l’affiche d’un film (de série B ou Z, d’accord, on ne va pas exagérer non plus). J’ai retrouvé le même trip que j’avais eu devant 13 Fantômes en mieux (et ça, c’est la classe).

Puis bon, cette dernière partie démentielle… Rien que pour ça, La Cabane dans les Bois vaut le détour. C’est tout simplement un sans-faute du début jusqu’à la fin. La partie film d’horreur est réussie, la partie comédie d’anticipation est réussie et le final où tout dégénère est culte ! Séparément, ça pourrait donner des films pas mal mais alors ensemble, ça donne une œuvre qui fera date.

Je ne suis toujours pas remis de cet affrontement entre les soldats et les monstres. J’avais toujours rêvé de voir ça au cinéma depuis que j’ai vu ça dans des comics et ils l’ont fait. Un vrai fantasme assouvi.

Même la fin est réussie… Ça veut beaucoup dire quand même.

Un bémol quand même, les effets spéciaux sont un peu à la ramasse quand même. Le budget n’est pas à la hauteur des intentions, ça se voit mais bizarrement, ça passe surtout grâce au ton de la chose : ça part en couilles, plus rien n’est sérieux donc on est moins pointilleux. Et puis comme on dit, vaut mieux de l’audace que de la rigueur.

Dommage aussi que Chris Hemsworth ne soit pas présent pour la dernière partie (parce que crever comme ça… il méritait mieux quand même).

Conclusion

La Cabane dans les bois marque le renouveau du film d’horreur grâce à un procédé génial qui marquera les fans et les autres. A voir à tout prix en évitant tout spoiler (bande annonce et compagnie). Whedon est derrière ça, décidément ce mec, c’est la classe. Allez, vite ! Filez-lui un papier et un stylo pour qu’il nous ponde autre chose.
+ – enfin un peu de changement
– casting nickel
– le bestiaire
– l’humour
– le final
– les scènes sexy
– effets spéciaux (faut être tatillon)
Trophée9/10
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