Critique : Tenet

Memento au carré

Fiche

Titre Tenet Titre VO
Réalisateur Christopher Nolan Scénariste Christopher Nolan
Acteurs John David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki, Kenneth Branagh, Dimple Kapadia, Michael Caine, Aaron Taylor-Johnson, Clémence Poésy
Date de sortie26 / 08 / 2020 Durée2h 30
GenreAction, Science fiction Budget205 000 000 $

Muni d’un seul mot – Tenet – et décidé à se battre pour sauver le monde, notre protagoniste sillonne l’univers crépusculaire de l’espionnage international. Sa mission le projettera dans une dimension qui dépasse le temps. Pourtant, il ne s’agit pas d’un voyage dans le temps, mais d’un renversement temporel…

Critique

Enfin, j’ai pu voir le nouveau Nolan. J’avais fait l’impasse sur Dunkerque (2017), parce que ça ne me disait rien du tout. Mais là, il n’est pas question de rater son nouveau délire SF. Certes, j’avais été déçu par son Interstellar (2014), mais Inception (2010) reste encore à ce jour un de mes films préférés.

En plus, preuve de l’ambition du sujet, Tenet part sur un plus gros budget avec 205 millions de dollars contre 165 pour Interstellar et 160 pour Inception. Pour l’anecdote, c’est la plus grosse somme jamais allouée à un long-métrage où une personne de couleur est en tête d’affiche (il devance le budget de Black Panther de 5 millions). De plus, Nolan vend son film comme le sauveur du cinéma et un game-changer. Pour le premier point, c’est malheureusement raté pour les raisons qu’on connaît. Reste à voir le second.

Nouvelle déception malgré une idée géniale

Encore une fois, j’ai été déçu par Nolan. Heureusement, la déception a été moins grande que sur Interstellar, car je n’avais pas beaucoup d’attente concernant Tenet. Le principal problème, c’est que j’ai deviné l’intégralité de l’histoire dès le début. Dès lors, le visionnage ne s’est avéré qu’être une succession de confirmation d’hypothèse. En même temps, en lâchant autant d’indices dès les premières minutes du film… Sans oublier la mise en place prenant un temps fou.

Le pitch de départ est toutefois sympa. En se reposant sur le carré de Sator, la construction de la trame via les mots SATOR, AREPO, TENET, OPERA et ROTAS devient alors très amusante. Ce n’est pas le seul élément. Il y a aussi le climax partant en mode « dix minutes dans le camp normal et dix minutes dans le camp inversé ». « Dix » en anglais, c’est « ten ». Du coup, on a TEN et le même mot à l’envers NET, bref TENET.

Nolan fait du savon

Néanmoins, l’intrigue globale où la guerre froide est revisitée en une guerre contre le futur m’a gonflé, mais pas possible. Nolan tente de faire de l’espionnage avec une pincée de James Bond, sauf qu’il ne réussit dans aucun des domaines à mes yeux.

John David Washington ne m’a jamais paru convaincant dans le rôle de l’espion James Bondien. Mais c’est loin d’être le pire. Le fond du panier, c’est sans hésiter le gros méchant cliché. Grosso modo, Kenneth Branagh reprend le personnage qu’il tenait dans The Ryan Initiative (2014). Ce n’était déjà pas glorieux, mais là, il pousse le vice jusqu’au bout jusqu’à le faire atteindre du complexe de Dieu. Bref, un méchant de James Bond raté. Pour couronner le tout, l’histoire avec sa femme. Oh misère. Mais qu’est-ce que j’en branlais… On tombe la tête en avant dans le pire du soap-opera. L’abattant WC nous coince donc impossible de sortir la tête de la cuvette.

Inquiétant, aucune amélioration dans l’action

Au final, il ne reste plus que le côté SF pour sauver Tenet à mes yeux. L’aspect inversion a un rendu assez cool, mais a vite fini par lasser, car, au bout du compte, c’est répétitif. De plus, ça oblige à avoir un élément que j’aime rarement dans les films. Revivre l’événement sous un autre point de vue. Ne reste alors que la grosse scène d’action du climax dont l’idée est géniale.

Bémol, par contre, pour la pratique… Elle témoigne encore une fois d’une des plus grosses faiblesses du cinéma de Nolan : l’action. Qu’est-ce que c’est mou… Jamais, je ne me suis senti pris par l’adrénaline de la séquence. Me contentant simplement de suivre l’action en admirant l’intelligence du procédé. Il y a une telle volonté de rendre l’action lisible qu’elle devient terne. Surtout quand on compare à un Mission Impossible ou un James Bond.

Par sceptique sur le gros barouf autour du crash d’un véritable avion 747 dans un hangar. Il s’attendait à un truc waow et ça lui a fait l’effet d’un pétard mouillé..

Conclusion

Encore une déception made in Nolan. L’idée de départ est géniale, l’exécution beaucoup moins. La faute à une intrigue globalement prévisible, plombée par un méchant incroyablement ridicule et engluée dans une scène de ménage digne d’un soap-opera. Ne reste donc plus qu’à sauver cette fameuse idée.

+

  • Construire le scénario sur le modèle du carré de Sator
  • Idée de l’inversion

  • Trop facile à deviner
  • Intrigue globale autour du méchant Sator
  • Action mollassonne
5/10
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