Critique : Tár

Je n’ai rien vu de… attends, je vais copier le titre de l’article pour le coller, je ne sais pas comment on fait l’accent sur le “a”… Tár avant de le voir. Enfin si, une chose. Sa subjuguante affiche en me balandant dans Paris. Pour moi, cette affiche, c’était la promesse de vivre un film viscéral.

Pour le coup, l’aventure a commencé de manière fort curieuse. Déjà, j’ai cru que j’avais pénétré dans la quatrième dimension ou vécu un blackout. En effet, Tár balance son générique de fin au début du film. J’étais un peu dég’… si ça se trouve, je me suis assoupi et ai tout raté. Bordel, des euros de foutu en l’air.

« Le narcissisme des petites différences conduit à la conformité la plus ennuyeuse. »

En fait, non, c’est juste qu’ils ont bouleversé les règles du montage. Une bonne chose car ça permet d’être décontenancé. La suite envoie du rêve avec deux géniales scènes. L’une où Lydia Tár est introduite via une biographie donnant le tournis. La deuxième sur un cours aux étudiants de Juilliard où la maestro aborde des thèmes on ne peut plus d’actualité et expose une réflexion fascinante sur la cancel culture et le wokisme avec des répliques de malade. Cette scène est d’autant plus puissante que toute la scène, pourtant longue, a été filmée en « one take ».

Le pire dans ce délire, c’est que j’ai cru que Lydia Tár était une vraie personne. Qu’on était devant un biopic. En effet, j’avais lu passer un article comme quoi, c’était inspiré d’une histoire vraie. Plus on avance dans le film, plus on se rend compte que c’est impossible car trop d’éléments sont cinématographiques. Du coup, à la sortie de la séance, j’ai essayé de retrouver l’article en question. En fait, son titre finissait avec un point d’interrogation. Ça m’apprendra à me fier qu’au titre, et incomplet en plus. Mea culpa.

« Malheureusement, l’architecte de votre âme semble être les médias sociaux. »

Bref, la première partie du film de Todd Field, seulement trois longs-métrages avec celui-ci et dont le dernier, Little Children, est sorti en 2006, est géniale. Par contre, j’ai décroché sur la deuxième où on se dirige vers une espèce de thriller soft reposant un sujet d’actualité dont je n’en dis pas plus pour préserver la surprise. Mais ça m’a vraiment saoulé, car ça ressasse des thématiques maintes fois abordées récemment. Surtout, c’est la durée qui interpelle. C’est vachement long pour un truc au final très basique. Ça essaie de faire stylé, mais je me suis plus fait chier qu’autre chose.

Reste que Cate Blanchett. Bordel, quelle prestation ! C’est un élément qui m’a longtemps fait douter sur l’aspect non biopic de Tár. En effet, l’actrice bouleverse ses habitudes corporelles au point qu’on a l’impression de voir son personnage plutôt que Cate Blanchett. Ça, c’est la marque des plus grands. Comme si ça ne suffisait pas, elle parle allemand, elle fait du piano et dirige l’orchestre avec une gestuelle de dingue. Je ne vois pas Cate, mais Lydia. Du coup, je m’étais dit qu’un tel changement devait forcément venir du fait qu’elle avait une personne réelle à copier. Bref, on le sait, l’actrice est exceptionnelle, mais c’est toujours un peu choquant à chaque fois.