Critique : Stranger Things

La série à voyager dans le temps

Fiche

Titre Stranger Things Titre VO
Créateurs Matt Duffer, Ross Duffer
Acteurs Winona Ryder, David Harbour, Finn Wolfhard, Millie Bobby Brown, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Natalia Dyer, Charlie Heaton, Cara Buono, Matthew Modine
Saison 1 Nombre d’épisodes 8
Date de sortie 15 / 07 / 2016 Format 55 mn
Genre Drame, Horreur, Mystère, Science fiction, Thriller Chaîne Netflix
Photo de la saison 1 de Stranger Things avec les enfants
Stranger Things. Mais, c’est quoi cette série ?

Critique

C’est marrant. Même en suivant l’actualité assidûment, on tombe parfois sur des surprises dont on n’avait jamais entendu parler (nul besoin donc de feindre l’étonnement). Pour Stranger Things, tout avait commencé avec une simple bande-annonce. Si j’avais visionné cette dernière, c’est que le titre m’intriguait (mais quelles sont ces choses étranges ?). Ça avait été la claque. Arrivé à la moitié du trailer, je me disais que ça allait être un film énorme, une superbe exclusivité de la part de Netflix. Je suis donc tombé à la renverse quand j’ai découvert qu’il s’agissait d’une…série ! Quoi, un truc d’un tel niveau, une série ? Mon dieu, ça va être épatant. Et je ne m’étais pas trompé…

Étant pris par une série avec un certain prêcheur et par les vacances, ce n’est que récemment que j’ai commencé la série des frères Duffer. Du coup, pendant ce temps-là, vous étiez nombreux à me demander ce que je foutais. Pourquoi je n’avais toujours pas commencé la série ? Surtout qu’elle ne fait que huit épisodes. Ce fut dur et à force de voir autant d’avis dithyrambiques, j’avais peur d’être déçu. Et je m’étais, heureusement, trompé…

Quand Steven Spielberg et Stephen King ont des enfants

Les dents de la mer. E.T. l’extra-terrestre. Alien, le huitième passager. The Thing. Stand by me. Charlie. Les Goonies. Ça. Autant d’inspirations pour les créateurs du show qui ont livré avec Stranger Things, le plus gros melting-pot jamais vu des années 80. Je ne crois pas avoir vu par le passé une œuvre ayant réussi à cumuler autant de références tout en prenant soin de ne pas tomber dans l’outrance, ni dans la caricature. Car le génie de la nouvelle bombe de Netflix est d’ingurgiter ces références pour en sortir un ouvrage pur et unique. Toutes ces références se mêlent pour devenir une seule et même entité. Une entité qui vit par elle-même et non aux crochets des autres. Une entité qu’on dénommera Stranger Things.

Mon inspiration préférée est largement celle, inattendue, du jeu vidéo Silent Hill. Je ne m’y attendais vraiment pas (je n’ai vu personne en parler) et j’ai été très, très agréablement surpris de voir à quel point les créateurs du show ont réussi à rendre cet univers, pourtant si atypique, crédible. Le film de Christopher Gans passe à la trappe. Tout comme Super 8. Et Midnight Special. Pourtant, pas des petits joueurs. C’est dire le niveau de l’exploit.

Photo de la saison 1 de Stranger Things avec Wynona Rider
Je n’en reviens pas, des années 80 partout. Sur le sol. Sur les murs. Sur le plafond.

Malgré les très nombreuses références, deux seulement sont réellement majeures. Le cinéma Spielbergien des années 80 et les romans de Stephen King. De ces deux génies, les frères Duffer en ont retenu l’amour des monstres, des personnages inoubliables, une intrigue simple, mais palpitante et parfois effrayante, et un mélange puissant entre l’amour, l’amitié, la haine, la jalousie et la famille. Bref, la vie (même s’il n’y a pas de monstres, au sens littéral, dans la vraie vie). Surtout, je n’ai pas eu d’impression de déjà-vu. L’histoire pose une toute nouvelle mythologie suffisante pour évoluer en toute autonomie.

Quand Alien et Les dents de la mer ont un enfant

La créature de Stranger Things est une belle réussite, malgré des effets numériques bofs dans les deux derniers épisodes (comme quoi, au final, des images de synthèse « ratées » ne comptent finalement que peu pour empêcher de tomber amoureux). En effet, en plus d’un look donnant l’impression de sortir des années 80 (donc flippant), le « Demogorgon » nous laisse entrevoir tout un pan de son univers sans y répondre. C’est comme ça que les créatures les plus emblématiques du cinéma ont laissé leurs empreintes. Par le mystère.

Quand Ça et Stand by Me ont des enfants

Pour les personnages, c’est une belle joyeuse galerie. Le plus épatant, c’est qu’il n’y a aucune faute de goût. Tous les personnages évitent avec soin les clichés et se révèlent à chaque fois plus profonds que ne laissait présager leur étiquette de départ. Probablement, l’avantage d’être une série, mais pas seulement. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j’avais aimé tous les personnages d’une série. Mais bon, comme d’habitude, il faut toujours donner son préféré et là, le choix est très difficile. À tel point que je n’y arrive pas. Je les aime tous (sauf les méchants, faut pas déconner non plus). Comme des enfants. Et on n’a pas de préféré parmi ses enfants. Je vais juste souligner la performance de Wynona Rider. Elle est à mes yeux celle qui balance le jeu le plus impressionnant. Du moins, elle est celle qui m’a le plus épaté. Juste devant la petite Eleven.

Quand un film et une série ont un enfant

Seulement huit épisodes, ça peut sembler court au premier abord, seulement, au visionnage, on comprend pourquoi. Stranger Things n’est pas vraiment une série, mais plutôt un film de huit heures. Sans épisodes bouche-trous, avec des personnages en perpétuelle évolution, une intrigue sans temps-morts. Ça se dévore littéralement (j’ose imaginer que pour beaucoup de gens, la série ne dépasse pas une semaine). C’est un format qui serait parfait pour adapter chaque roman de Stephen King. C’est donc avec des regrets que j’apprends que les producteurs du nouveau Ça n’aient pas choisi les frères Duffer pour le réaliser (effectivement, les deux frères avaient posé leur candidature). Mais finalement, ce ne sont que des regrets très éphémères, car on ne pouvait pas faire plus bel hommage au maître de l’épouvante.

La série est une réussite jusqu’à son terminus, car j’ai adoré comment le climax de la saison aborde les questions que tout le monde se pose à l’approche de la fin et laisse espérer une magnifique deuxième saison. À l’heure où j’écris ces lignes, elle n’a pas encore été commandée, mais j’ai lu à droite et à gauche que Stranger Things a été un des plus gros succès du service de streaming (devant même Daredevil). Donc il n’y a pas trop d’inquiétudes à se faire.

Par Christophe Menat qui a du mal à quitter les années 80, le 17 août 2016.

Photo de la saison 1 de Stranger Things avec Eleven
La digne héritière de Charlie.

Conclusion

La bombe de l’année ! Stranger Things est bien parti pour être mon number one de l’année 2016 (film et série confondus). Du moins, en ce mois d’août, il l’est. Invoquant le cinéma de Steven Spielberg à son top et les romans de Stephen King tout en puisant dans le meilleur des années 80 (la Sainte-Trinité de ma jeunesse), les frères Duffer livrent une œuvre d’une rare justesse. J’irais même invoquer le chef d’œuvre, car je ne vois pas par quel autre terme, on pourrait qualifier la série de Netflix. Donc je termine par ces mots : chef d’œuvre.

+

  • Galerie de personnages d’un niveau rarement vu
  • Univers fantastique fantastique (non, il n’y a pas d’erreur dans la répétition 🙂 )
  • Plus proche du film que de la série
  • Le meilleur de Spielberg et de King
  • Références discrètes et soigneusement intégrées dans l’histoire
  • Machine à nostalgie

Trophée10/10
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