Fiche
Titre |
Mr. Robot
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Créateurs | Sam Esmail |
Acteurs | Rami Malek, Carly Chaikin, Portia Doubleday, Martin Wallström, Christian Slater |
Titre original | – | Saison | 1 |
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Pays | États-Unis | Nombre d’épisodes | 10 |
Genre | Drame, Thriller | Format | 44 mn |
Diffusion d’origine | 27 / 05 / 2015 | Chaîne | USA Network |
Elliot est un jeune programmeur anti-social qui souffre d’un trouble du comportement qui le pousse à croire qu’il ne peut rencontrer des gens qu’en les hackant. Il travaille pour une firme spécialisée dans la cyber-sécurité mais un homme connu sous le nom de Mr Robot l’approche un jour pour faire tomber une compagnie surpuissante qui fait partie de celles qu’il doit justement protéger… |
Critique
C’est marrant. Je ne sais pas pourquoi, mais après avoir découvert le titre, je m’attendais à une série sur un clown. Heureusement donc que la mystérieuse affiche était présente pour capter mon attention. Ce n’est pas tous les jours qu’on a une affiche toute noire avec juste un bonhomme en mode Assassin’s Creed. De plus, le mec affiche la tronche d’un gars un peu flippant. Pour couronner le tout, une magnifique et intrigante tagline « Our democracy has been hacked ».
Toutefois, le point qui m’a définitivement convaincu. Le point qui m’a fait me dire, allez, je regarde ça, ça a l’air grandiose, c’est le nom des épisodes. Des titres de fichiers vidéo. Jugez un peu : eps1.0_hellofriend.mov, eps1.1_ones-and-zer0es.mpeg, eps1.2_d3bug.mkv, eps1.4_3xpl0its.wmv, eps1.5_br4ve-trave1er.asf, eps1.6_v1ew-s0urce.flv, eps1.7_wh1ter0se.m4v, eps1.8_m1rr0r1ng.qt et eps1.9_zer0-day.avi. Comment voulez-vous ne pas être intrigué ?
Dexter le Hacker
Bon dieu. C’est par ces mots que j’ai terminé la lecture du premier épisode. C’est aussi par ces mots que j’ai terminé la série. J’ai été tout simplement soufflé par la cohérence de l’univers. Pour pitcher rapidement quitte à faire dans le raccourci, ça parle d’un Dexter version hacker. Un mec qui au lieu de tuer des criminels la nuit pour assouvir ses pulsions meurtrières, traque des cybercriminels tout en étant un lui-même. On retrouve donc un même héros psychopathe avec une même utilisation poussée de la voix off. La relation avec l’entourage est aussi sensiblement proche. Elliot, le héros incarné par Rami Malek, ne trouve qu’avec Angela (Debra Morgan), sa meilleure amie (sa sœur), une « relation ». Il limite au maximum les contacts humains.
J’imagine que ce pitch ne donne pas trop envie, sauf que… Mr. Robot livre très vite une passionnante intrigue reposant sur un complot et surtout en faisant de très nombreuses parallèles avec la réalité. En remplaçant, par exemple, les Anonymous par la FSociety et en érigeant avec E Corp, la grosse entreprise diabolique typique. Le point vraiment génial est que la série ne prend pas le spectateur pour un con. Au contraire, elle joue avec sa culture.
L’informatique est traitée sous un contour réaliste. Pas d’acteur qui pianote sur le clavier en mode playback et sans aucune logique. Pas d’ordinateur proposant une interface informatique farfelue. On est dans le plus réaliste possible. Les scénaristes vont encore plus loin en utilisant la passion de son héros, l’informatique donc, pour faire des parallèles avec la vie comme avec le code source ou le debug. Travaillant moi-même dans l’informatique et dans une grosse société aussi, j’étais juste soufflé par le réalisme et la justesse des propos. J’étais là, ouah, je n’avais jamais pensé à ces choses de cette manière-là.
Très vite donc, Mr. Robot enterre le côté cyclique de Dexter et passe à autre chose. Pas question d’ennuyer le spectateur avec des épisodes redondants. Tout est fait pour aller de l’avant, quitte à dérouter le spectateur, notamment en ayant recours à de très nombreux twists (j’en compte trois majeurs, rien que pour cette première saison). En fait, l’œuvre se rapprochant le plus de Mr. Robot est un film culte. Mais je n’en dis pas plus. De toute façon, c’est l’évidence même en regardant la série, mais au cas où, n’hésitez pas à lire la partie spoiler à la fin de l’article (après avoir vu la série, évidemment).
Je connaissais l’acteur principal pour sa prestation hallucinée dans The Pacific, le Band of Brothers du… tada… Pacifique. Je n’avais donc aucun doute concernant son talent, mais allait-il réussir à porter le film ? Eh bien, largement oui. Il livre une performance énorme. Faut dire que son personnage lui permet d’aller très loin. Un vrai défi, et il a été accompli avec brio. Le rôle d’une vie, en somme.
True Hacker
Toutefois, il n’est pas seul, car miracle, chacun des personnages secondaires de la série est intéressant. Que ça fait du bien de ne pas avoir de rôles féminins qui plombent totalement le rythme comme sur Arrow. Pourtant, j’avais des craintes concernant le personnage de Portia Doubleday. Mais que nenni. Chaque personnage de Mr. Robot est un délice à suivre. La diversité des rôles permet d’éviter la monotonie et de couvrir différents points de vue autour du thème au lieu de se cantonner à celui du héros. En tout cas, j’ai été ravi de revoir Christian Slater à ce niveau.
J’ai plébiscité les acteurs et le scénario. Que reste-t-il ? La réalisation, of course. Alors là, c’est du même standing. Elle est d’apparence assez sobre, mais au final, elle regorge d’excellentes idées avec en figure de proue, la scène post-générique de l’épisode final. Un plan-séquence absolument bluffant. Bref, un sans-faute dans tous les domaines.
Attention, ne lisez cette partie que si vous avez déjà vu la série sous peine de vous faire spoiler deux des plus grands twists.
Vous avez sans doute deviné à quoi m’a fait penser Mr. Robot. Plus qu’à Dexter, c’est Fight Club qui semble en être le modèle. Comme sur le film de David Fincher, on retrouve cette même pensée anticapitaliste. Cette même volonté anarchiste. Au niveau de l’utilisation de la voix off, le héros n’hésite pas non plus à briser le quatrième mur pour nous parler directement. J’ai littéralement jubilé quand Mr. Robot nous posait des questions sur ce qu’il s’est passé entre la fin de l’épisode 9 et le début de l’épisode 10.
Le point indiscutable sur l’inspiration Fight Club, c’est évidemment l’utilisation de Mr. Robot/Tyler Durden. Ces individus fictifs sont les pendants fantasmés du héros. Quand l’un fonde le Fight Club, l’autre fonde la FSociety. Le plus génial, c’est qu’à la découverte du twist dans la série. Tout de même prévisible pour quiconque ayant vu Fight Club, Elliot affirme carrément via la voix off que nous avions deviné. Il faut dire que les indices étaient très nombreux, faisant par-là du twist, un événement crédible malgré son énormité. Et c’est ça, le vrai génie. Ne pas prendre le spectateur pour un débile ou un ignare.
Même constat pour le twist avec la sœur d’Elliot. C’est drôle, car même si le twist m’avait surpris sur le coup. Pas une seconde, je ne me suis dit que ça ne tenait pas. Pourquoi ? Car la fille parlait à Elliot comme si elle le connaissait. Toutefois, le vrai indice, c’est la fois où il la découvre dans son appartement ou plus précisément sous la douche. Elle a répondu comme quelqu’un qui répond à son frère. Je m’étais même dit, ah, voilà sa sœur.
Par Christophe Menat, le , depuis le quartier général de FSociety.
Conclusion
En cherchant des informations sur le créateur Sam Esmail (37 ans), je n’ai rien trouvé de notable sinon qu’il sort avec la magnifique Emmy Rossum de Shameless. Comme pour Damien Chazelle avec Whiplash, le mec a carrément commencé en livrant un chef d’œuvre indiscutable. Mr. Robot est une œuvre magistrale à mettre au niveau de True Detective, Fargo, Daredevil, Breaking Bad et Game of Thrones. Tout est à prendre dans cette série. Un univers rare (même si on peut compter sur la série Silicon Valley dans un autre registre), des acteurs épatants, des scénaristes au point, une réalisation impeccable. Du très haut niveau. Du très, très haut niveau.
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10/10 |