Critique : Marvel’s Daredevil – Saison 1

The Marvel Knight

Fiche

Intégré au Marvel Cinematic Universe
Titre
Marvel’s Daredevil
Créateurs Drew Goddard, Steven S. DeKnight
Acteurs Charlie Cox, Vincent D’Onofrio, Elden Henson, Rosario Dawson, Deborah Ann Woll, Ayelet Zurer, Bob Gunton, Toby Leonard Moore, Vondie Curtis-Hall
Titre original Saison 1
Pays États-Unis Nombre d’épisodes 13
Genre Action, Drame, Science fiction, Thriller Format 50/60 mn
Diffusion d’origine 10 / 04 / 2015 Chaîne Netflix

Aveugle depuis l’enfance, mais doté de sens incroyablement développés, Matt combat l’injustice le jour en tant qu’avocat et la nuit en surveillant les rue de Hell’s Kitchen, à New York, dans le costume du super-héros Daredevil.

Photo de la série Daredevil produite par Marvel Television
Le démon d’Hell’s Kitchen.

Critique

Et le rêve prend vie… Fantasme absolu de votre serviteur Marvelll, une adaptation fidèle de Daredevil a enfin vu le jour. Le chevalier Marvel débarque sur nos écrans et y fait une entrée fracassante jusqu’à pousser le genre super-héroïque dans une série télévisée à un niveau jamais vu. Du genre à côtoyer sans peur, les mastodontes Game of Thrones et True Detective. C’est l’histoire d’un homme sans peur nommé Matt Murdock.

Depuis ma première lecture, je voue une passion sans faille pour le diable de Hell’s Kitchen. Évidemment, je fus l’un des plus grands déçus de l’adaptation ratée avec Ben Affleck. J’ai longtemps prié pour que la Fox rende les droits du personnage à Marvel, même si un réalisateur estimé comme Joe Carnahan (Le Territoire des loups) avait une idée bandante : faire un film se déroulant dans les 70’s. Non, je voulais que Marvel reprenne le personnage et lui donne l’adaptation qu’il mérite. Malgré tout, je ne m’attendais pas à ce que la boite à idées (surnom de Marvel) le fasse jusqu’au bout. Jusqu’à respecter l’univers très sombre des arcs de Frank Miller et Brian Michael Bendis. Après tout, Marvel, c’est Disney. C’est un monde de Bisounours où des mecs à super-pouvoirs se tapent dessus tout en balançant des punchlines. Attention, je ne dis pas que je n’aime pas ça 😉 , mais voilà, l’idée qu’on se faisait d’un Marvel.

Il est venu le temps des chevaliers Marvel

Puis la série Daredevil est arrivée. N’espérez pas un prolongement de l’univers Avengers/Gardiens de la Galaxie dans la petite lucarne. Les Agents du SHIELD sont déjà là pour ça. Non, chez Daredevil, on pénètre dans la cuisine de l’enfer. Un monde adulte. Un monde violent. Un monde où les bad guys ne se baladent pas dans des costumes verts flashy (Loki, ne le prends pas personnellement). Non, chez Daredevil, ça sent la rouille. Ça sent la sueur. Ça sent le sang. Ça sent la… rue. On est chez les Marvel Knights. Ces super-héros de la rue qui luttent contre des malfrats terrifiants, car ils n’ont rien à envier aux plus grands criminels de notre monde (psychopathes, pédophiles, parrains du crime). Non, Daredevil ne pète pas la gueule à tous ses ennemis en rigolant. Le démon rouge prend autant de coups qu’il en donne. Voir l’évolution de son corps au fil des épisodes est la preuve d’un réalisme voulu… Et de cette violence.

Photo de la série Daredevil produite par Marvel Television
Chaque combat qui passe affaiblit le corps de Matt.

Oui, Daredevil est violent. Ce n’est pas un super-héros pour les enfants. C’est un super-héros pour les adultes. S’il fallait classifier la série en terme d’interdiction aux moins de quelque chose. Je dirais entre moins de 12 et moins de 16. Le sang abonde les rues d’Hell’s Kitchen. Dès le premier épisode, dès les premières minutes, on sent qu’on n’est pas là pour rigoler. Du grand art.

Le fossoyeur d’Arrow est venu d’Hell’s Kitchen

Je m’arrête un petit moment pour ce qu’on pourrait juger comme un petit troll, mais je crois être objectif. Matt Murdock enterre Oliver Queen. Mais, comment pouvoir revenir sur Arrow après avoir vu Daredevil ? Si on pouvait louer la volonté d’Arrow de proposer un spectacle mature, Daredevil le supplante dans tous les domaines et n’hérite d’aucuns des défauts des aventures de l’archer vert. Pas d’épisodes bouche-trous. Pas d’intrigue mielleuse. Pas de personnages secondaires ridicules. Pas de violence édulcorée. Pas d’acteurs au jeu fluctuant. On n’est pas dans une série pour les ados, là. On colle de très près le Batman de Nolan. À la différence près que les chorégraphies de Daredevil sont bien plus funs (même si dans l’ensemble, c’est beaucoup moins spectaculaire, différence de format oblige) et surtout que la violence n’est pas limitée pas les lois du business (il est impensable de sortir une œuvre comme Batman au cinéma en écopant d’une interdiction aux moins de 12 ans).

Netflix et Marvel proposent 13 treize épisodes d’à peu moins d’une heure (ça varie entre 50 et 60 minutes) qui, mis bout à bout, donne un gigantesque film de treize heures. Il faut dire qu’il n’y a aucune volonté de vouloir donner envie de voir l’épisode suivant avec un cliffhanger parfois tiré par les cheveux. Non, tout se suit avec un rythme régulier. Parfois, celui-ci accélère, parfois, il ralentit, mais toujours, il avance. Jamais il ne recule (l’un des plus grands défauts des séries « de 24 épisodes »). Personnellement, j’ai tout regardé à la suite en deux jours en mode no life. J’ai commencé le vendredi en rentrant du boulot et j’ai fini le samedi soir à minuit (pile, comme un signe). De toute façon, j’avais déjà prévenu tout mon entourage que ce week-end-là, je n’étais pas disponible et, après coup, j’ai bien fait. Pour l’anecdote, on m’a demandé pourquoi. J’ai juste répondu « série Marvel ». Et on ne m’en pas demandé plus, juste « OK ». Je ne sais pas ce que ça veut dire 😛 .

Il y a beaucoup de choses épatantes avec Daredevil. Tout d’abord, les chorégraphies des combats. Bon, je regrette que dans les premiers épisodes, on voit beaucoup trop que les coups ne sont pas portés. Mais, on a du mal à le reprocher quand on voit l’ambition. Dans le deuxième épisode, on a carrément une séquence inspirée du combat culte d’Old Boy, mais avec une réalisation virtuose. Le genre de séquence qu’on imagine bien au cinéma, mais pas sur la petite lucarne. De toute façon, plus les épisodes passent, plus les combats s’améliorent. Au point qu’on trépigne d’impatience à l’idée d’assister à la prochaine bagarre de Matt. Bref, on sent la touche Steven S. DeKnight (ce n’est pas le mec de Spartacus pour rien).

Photo de la série Daredevil produite par Marvel Television
Des combats superbement chorégraphiés.

Pour la réalisation, rien d’étonnant pour une série Netflix. C’est la ligue des champions de la télévision. Le simple bémol que j’adresserais concerne les fonds dégueulasses pour l’extérieur durant les passages en voiture. Figure de proue de cette réalisation, le générique d’ouverture. Une merveille rappelant celui de la série Hannibal. À chaque épisode, je le laissais alors que normalement, je zappe toujours ces génériques.

Et on n’est pas encore arrivé au meilleur du show : le casting et le scénario. Les deux sont étroitement liés donc j’ai voulu en parler en même temps. Les différents personnages de la série Marvel, même les personnages secondaires, ont tous fait l’objet d’un certain soin à l’écriture. Chacun a des objectifs clairement définis et apporte à l’édifice.

Ben Who ? Charlie Cox EST Daredevil

Le choix de Charlie Cox pour Matthew Murdock sonne comme une évidence au visionnage. Il est parfait. Il apporte cette dualité à son personnage. Daredevil est un super-héros ambigu, car il a ses démons. Sans cesse, il s’interroge sur les limites à ne pas franchir. Faut-il les franchir pour sauver son entourage ? Ou, au contraire, s’en préserver pour devenir un symbole ? Autant de questions passionnantes qui soulignent une vraie volonté de réflexion (à l’inverse justement d’Arrow qui les bâcle ou qui se cantonne à un niveau cours d’ouverture à la philosophie au collège). L’autre trait intéressant de Matt Murdock concerne son handicap (un super-héros aveugle, c’est juste du génie, merci Stan Lee) et la nature de ses pouvoirs. Mon dieu, j’ai frissonné lors de l’évocation du « monde en feu ». Pour représenter ses pouvoirs, l’équipe de la série a préféré faire simple. Un flou autour de l’écran puis le son qui se focalise sur un bruit pour montrer la concentration de Matt Murdock. Il y a une réelle volonté de positionner des enjeux terre-à-terre. Les pouvoirs ne font plus l’œuvre, mais n’en sont qu’un artifice.

Comme on dit, la qualité d’un héros se mesure à celle de son ennemi. Avec Wilson Fisk, Daredevil a un ennemi à sa hauteur. J’étais vraiment emballé par le choix de Vincent D’Onofrio, surtout en me rappelant sa prestation hallucinée en tant que Baleine dans le Full Metal Jacket de Stanley Kubrick. Du haut de ses 1m 93, Vincent D’Onofrio campe un Wilson Fisk inespéré. Il est sans doute le méchant le plus fascinant de toutes les œuvres Marvel sorties jusqu’ici (cinéma et télévision confondus). Car pas question d’en faire un vilain purement maléfique. Non, Wilson Fisk a un rêve : celui de sauver Hell’s Kicthen. Seulement, les moyens pour y parvenir ne sont pas celui d’un saint. Quand on se rappelle de la prestation de Michael Clarke Duncan pour le film de Mark Steven Johnson et qu’on voit celle de Vincent D’Onofrio. Il y a un monde en feu et en sang qui les sépare. C’est tout simplement le Caïd des comics qui prend vie. Un Caïd humain, mais psychopathe. Un monstre fascinant au niveau d’Hannibal Lecter.

Photo de la série Daredevil produite par Marvel Television
Celui dont on ne doit pas prononcer le nom.

Les personnages secondaires comme Elden Henson (Foggy, très drôle), Rosario Dawson (Claire, attachante), Deborah Ann Woll (Karen, belle et courageuse), Ayelet Zurer (Vanessa, l’amour dans ce qu’il a de plus fascinant), Bob Gunton (Leland, drôle dans un registre noir), Toby Leonard Moore (Wesley, la loyauté dans ce qu’elle a de plus fascinant) et Vondie Curtis-Hall (Ben, le journalisme à toute épreuve) sont tous des réussites. Pas une fausse note. Pas une seule ! Un casting rêvé. Avec eux, je rajouterais aussi Scott Glenn alias Stick, apparition merveilleuse, mais malheureusement fugace, pour l’un des meilleurs épisodes de la saison et John Patrick Hayden alias Battlin’ Jack Murdock, le père de notre héros, pour une séquence frisson.

Non seulement, la série offre des réflexions sur le bien et le mal, mais elle apporte aussi des moments émouvants. J’ai dû lâcher des larmes quatre ou cinq fois sur toute la saison. Après, je ne sais pas si c’est le fait que je sois un gros fan de Daredevil ou si c’est parce que c’est vraiment émouvant, mais ça m’a touché. Le spectacle propose aussi quelques notes d’humour avec la bande Matt/Foggy/Karen, mais ce n’est pas de l’humour « Marvel ». Ce sont juste des gouttes d’eaux dans un sombre et ténébreux océan.

La déception du costume rouge

Bon là, faut vraiment que je m’arrête, car ça commence à devenir un pavé. En même temps, ce n’est plus la raison qui parle, mais le cœur. J’en profite donc pour achever cette critique en pointant une déception, ma seule sur toute la saison, ce qui est presque miraculeux vu mon niveau d’exigence : le costume final. Non franchement, je n’en raffole pas. J’aurais préféré un costume collant à la Spider-Man donc proche de celui du comic (ne me parlez pas du costume SM de Ben Affleck, vraiment d’un mauvais goût). En fait, ce que je reproche à ce costume, c’est qu’il ressemble un peu trop à celui de Batman dans l’idée (combat urbain). Même s’il est plus réussi que ce dernier (parce que franchement, l’immonde truc en plastique qui sert de masque à Bruce…). Dans le style, même si c’est un peu tôt pour juger, le costume de Batman pour Batman v Superman est vraiment magnifique. Aussi, je déteste les sourcils en accent circonflexe du masque de DD. C’est dommage parce que le costume noir est vraiment merveilleux. Espérons qu’ils vont l’améliorer. Après tout, on peut espérer à une version bêta (surtout que ça colle avec l’intrigue).

Pour information, Daredevil ne va pas s’arrêter là. On parle déjà d’une deuxième saison (hum, hum, avec un certaine grecque abordée brièvement lors d’une discussion entre Matt et Foggy ?), mais surtout à la fin de l’année, on aura droit à la série Jessica Jones dont voici les premières images. Avant d’enchaîner avec Luke Cage puis Iron Fist et de boucler la boucle avec les Defenders, les Avengers du Marvel Knight (pour plus d’infos). Vivement, bordel. Vivement !

Par Christophe Menat, le , depuis Hell’s Kitchen.

Photo de la série Daredevil produite par Marvel Television
Des personnages secondaires poussés.

Conclusion

Ma série la plus attendue de l’année et désormais, une de mes séries préférées tout genre confondu. Le Daredevil de Marvel/Netflix est l’adaptation rêvée de l’homme sans peur. Une œuvre mature qui tord le cou aux préjugés, Marvel/Disney = aventures pour gamins, et qui lance une nouvelle ère : celle des chevaliers Marvel.

+

  • Casting merveilleux
  • Chorégraphies épatantes
  • Écriture impeccable
  • Réalisation inspirée avec des moments de haute volée
  • Générique d’ouverture
  • Spectacle adulte

  • Costume final
Trophée10/10
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