Critique : Mourir peut attendre

Pas juste un numéro

Fiche

Titre Mourir peut attendre Titre VONo Time to Die
Réalisateur Cary Joji Fukunaga Scénaristes Neal Purvis & Robert Wade et Cary Joji Fukunaga et Phoebe Waller-Bridge
Acteurs Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek, Lashana Lynch, Ralph Fiennes, Ben Whishaw, Naomie Harris, Rory Kinnear, Jeffrey Wright, Billy Magnussen, Christoph Waltz, Ana de Armas
Date de sortie06 / 10 / 2021 Durée2h 43
GenreAction, Aventure, Thriller Budget250 000 000 $

James Bond a quitté les services secrets et coule des jours heureux en Jamaïque. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter de la CIA débarque pour solliciter son aide : il s’agit de sauver un scientifique qui vient d’être kidnappé. Mais la mission se révèle bien plus dangereuse que prévu et Bond se retrouve aux trousses d’un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques…

Critique

On y est. La fin d’une ère. Celle de Daniel Craig en James Bond. Jettons un petit regard en arrière : Casino Royale (2006 – bordel, 15 ans déjà…), Quantum of Solace (2008), Skyfall (2012) et 007 Spectre (2015). Si on n’est pas trop nul en calcul mental, on peut constater que Mourir peut attendre est ainsi son cinquième film 007. Ce qui ne fait pas de Daniel Craig, l’acteur le plus capé. Devancé par Sean Connery et Roger Moore (7 fois, comme un symbole).

Pour ma part, durant cette ère, j’ai eu connu des hauts et des bas. Autant, j’ai aimé Casino Royale et adoré Skyfall, j’ai été très déçu par Quantum of Solace (un des pires James Bond à mon goût) et 007 Spectre. Néanmoins, j’avais envie / espérais de conclure la page Craig en beauté. Est-ce le cas ?

Le plus long des Bond

Avant de vraiment commencer, un petit point sur la durée. 2 heures et 43 minutes. Du fait de sa longueur, ça n’a pas été évident de caler une séance. Surtout, il y avait cette crainte d’ennui. Pour le coup, étonnamment, je n’ai pas vu le temps passer. Le rythme est excellent, alternant entre action, découverte et temps morts pour faire avancer l’intrigue. Il y a également suffisamment de rebondissements pour capter l’attention jusqu’au générique final. Bref, au niveau durée / qualité / prix du billet, on en a pour son argent.

J’étais excité par la présence de Cary Joji Fukunaga, embauché après le départ pour différents créatifs de Danny Boyle, à la réalisation car j’adore son style (on parle quand même du réalisateur de la première saison chef d’œuvresque de la série True Detective). Pour le coup, je n’ai pas été dépaysé tant sa réalisation est proche de celle de Sam Mendes (Skyfall et 007 Spectre). À commencer par cette scène d’ouverture m’ayant donné l’impression d’être devant un slasher. Comme si je m’étais trompé de salle. En plus, ça parlait en français. De quoi attiser les flammes du doute. Pour le reste, on voyage et les décors sont à couper le souffle.

Quant aux scènes d’action, elles font le job, sans se révéler particulièrement magistrales. C’est du solide de bout en bout, mais rien ne décroche la mâchoire. Petit bémol tout de même pour la doublure numérique par dessus le visage du cascadeur lors des scènes à moto. J’ai aussi eu du mal avec l’absence totale de sang durant les gunfights, ça nuit pas mal à l’immersion.

Un casting impeccable

Au niveau du casting, j’ai apprécié tous les acteurs, même Léa Seydoux qui m’avait pourtant exaspéré dans 007 Spectre, avec une mention spéciale pour Paloma jouée par Ana de Armas qui retrouve Daniel Craig après À couteaux tirés (2019). Dans le rôle d’une espionne, elle se révèle tout simplement charmante et drôle. Une des meilleures James Bond girls depuis longtemps. Depuis Eva Green (la Vesper Lynd de Casino Royale), en fait.

Daniel Craig livre probablement sa meilleure prestation dans le rôle de l’agent avec un permis de tuer. Dommage qu’en face, l’antagoniste incarné par Rami Malek peine à s’imposer. Pourtant, il avait de quoi faire avec une entrée en fanfare et un nom bien cool. Mais au final, il demeure trop classique pour se révéler mémorable ou même intéressant.

Toutefois, Mourir pour attendre m’a surtout marqué par ses surprises. Afin de les préserver, je fais appel à mon…

Permis de spoiler

Attention, cette partie contient des spoilers (et pas des petits)…

Mourir pour attendre est devenu instantanément un de mes James Bond préférés grâce à deux éléments. D’un, pour la surprise de Madeleine (Léa Seydoux) et de deux, pour son final.

Commençons par la surprise. James Bond a une fille ? WTF ! Toutefois, très vite, Madeleine affirme qu’il n’est pas de lui. Je me disais aussi que c’était un peu trop énorme de le voir en papa. Malgré le fait qu’il ait répandu sa semence dans un nombre incalculable de femmes au fil des décennies.

Néanmoins, comme dit James, ces yeux ! Plus je faisais connaissance avec la jeune Mathilde, plus j’aurais aimé qu’elle soit la fille de Bond. D’ailleurs, cela rend la scène qui suit (la course-poursuite en voiture avec la fille à l’arrière) un peu stressante. Finalement, on a la confirmation. Elle est bien la fille de Bond. J’étais ému, mais l’agent secret, lui, il le savait.

Transition parfaite pour m’amener au final. Où ils ont osé commettre ce qui n’avait jamais été fait en 24 films. Tuer James Bond. Sur un final proche de celle de Captain America : First Avenger sur fond de dialogue émouvant en attendant l’instant fatidique. Je n’en revenais tellement pas que je m’attendais à le voir ressurgir façon Tyler Rake. Mais non, le 007 de Daniel Craig a vraiment passé l’arme à gauche. En fanfare.

Quel coup vicieux également de la part de Lyutsifer Safin. Empêcher James Bond de pouvoir toucher son amour et sa fille sous peine de les tuer. Je ne peux pas imaginer pire supplice. Juste un petit bémol pour le final cliché avec la mère et la fille sur la route avec le soleil couchant (ou levant, je ne sais pas trop).

Par clôturant la page Craig sur une bien meilleure note qu’il avait envisagé.

Conclusion

Après deux épisodes réussis et deux ratés, Daniel Craig tire sa révérence sur un excellent James Bond. Pas le meilleur, mais un mémorable pour ce qu’il apporte à la légende du numéro 007.

+

  • Photographie sublime
  • Des bonnes idées étoffant le mythe 007
  • Personnages intéressants, surtout Paloma

  • Vilain trop classique
8/10
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