Critique : Les Arbitres

Men in black walk alone

Titre original : Kill the Referee (traduction : A mort l’arbitre)

Réalisé par Yves Hinant, Eric Cardot et Delphine Lehericey

Avec Howard Webb, Roberto Rosetti, Michel Platini et Manuel Mejuto González.

Long-métrage français
Genre : Documentaire
Durée : 1h17

Documentaire sur les arbitres durant l’Euro 2008.

Une leçon humaine

Après avoir passé des mois et des mois à descendre les arbitres en les traitant de tous les noms, en les crucifiant lors des débats après match. « Purée, c’est vraiment un vendu » faisait partie des plus courants avec « Ce n’est pas possible de faire autant de boulettes dans un match » et « C’est un #$£* » (vous pouvez remplacer #$£* par toutes les insultes existantes au monde).

Le visionnage du documentaire Les Arbitres a un peu changé ma vision de ce métier. Je n’irais pas jusqu’à dire que ce sont des anges mais au contraire, ça permet de garder dans un petit coin de sa tête pour les matchs à venir que ce ne sont que des hommes (idée conservée pour la finale de la ligue des champions et le multiplex de la dernière journée de la Ligue 1).

Retour sur les arbitres durant l’Euro 2008

Le documentaire s’attache à suivre un nombre restreint d’arbitres parmi les douze trio (l’arbitre et ses deux assistants, arbitre de touche) qui ont officié durant la campagne de l’Euro 2008 (pour mémoire, gagné par l’Espagne).

Le reste du documentaire fait part de la pression énorme subie par les arbitres surtout avec une scène hilarante où un arbitre complètement stressé insulte ses arbitres de touche, engueule l’assistant qui l’informe sur la météo avec un « J’en ai rien à foutre. Arrête de m’emmerder avec ça ». Voir le soulagement sur son visage au coup de sifflet final est instructif.

Les coulisses de l’UEFA du côté des arbitres font furieusement penser à un émission de télé-réalité où les arbitres combattent pour rester le plus longtemps possible en lice et décrocher une place pour la finale. A chaque journée, ses départs. A tel point que le père de l’espagnol Manuel Mejuto González s’exclame en disant qu’il voulait voir l’Espagne perdre pour que son fils reste dans la compétition. Inutile de dire que la mère n’a pas apprécié.

Dans les vestiaires, on assistera à des scènes bien cocasses comme cet arbitre de touche qui répète ses mouvements pour lever le drapeau devant un miroir.

Le cauchemar de Webb

Le documentaire suivra particulièrement le plus charismatique d’entre eux : Howard Webb. C’est un arbitre britannique aisément reconnaissable par son crâne rasé et un corps n’ayant rien à envier à un combattant d’UFC. Il aura subi des menaces de mort des supporters polonais après un match particulièrement controversé de la Pologne contre l’Autriche (qui a arraché le match nul à la 93ème minute sur un penalty imaginaire).

L’interview émouvant de ses proches fait ressentir que certains supporters n’ont vraiment aucune limite. La mère confiait qu’elle s’était retrouvée coincé chez elle avec de nombreux supporters polonais qui attendaient sur le porche. Elle a eu la peur de sa vie surtout que l’évènement a eu lieu après la vidéo scandale sur Youtube où Webb est comparé à Hilter par le peuple polonais (sic).

On verra aussi une scène assez surréaliste avec la femme de Roberto Rosetti et les femmes des arbitres assistants regarder le match de son mari. Autant qu’elles ne connaissent rien aux règles (l’une d’entre eux essaie d’expliquer la règle du hors-jeu à sa fille, c’était vraiment n’importe quoi) et qu’elle sont plus obsédées par le look dans leur mari que leur arbitrage. L’une d’entre elles se fout de la gueule d’un des arbitres assistants en disant qu’il fait peur comme ça tellement il est concentré. On retiendra la réplique qui tue « C’est marrant, ils ne sont pas comme ça dans la vraie vie ».

Les Arbitres s’achève sur la chanson des Red (Liverpool) : You’ll Never Walk Alone orchestré par Howard Webb. Pourtant ces hommes en noir marchent seuls.
 

Un documentaire qui vaut le coup d’œil pour tous les fans de football afin qu’ils mesurent leur propos envers le corps arbitral. Les autres se régaleront à voir un regard humain sur un des métiers les plus sous-estimés au monde.

Sa scène culte : le You’ll Never Walk Alone par Howard Webb.

Note : 8/10

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