Critique : La Planète des Singes : L’Affrontement

Une suite bigger moins émouvante

Fiche

Titre La Planète des Singes : L’Affrontement
Réalisateur Matt Reeves
Scénaristes Rick Jaffa, Amanda Silver, Mark Bomback
Acteurs Andy Serkis, Jason Clarke, Gary Oldman, Keri Russell, Toby Kebbell, Kodi Smit-McPhee, Judy Greer
Titre original Dawn of the Planet of the Apes Date de sortie 30 juillet 2014
Pays États-Unis Budget 120 000 000 $
Genre Action, Drame, Science fiction, Thriller Durée 2h 07
Une nation de plus en plus nombreuse de singes évolués, dirigée par César, est menacée par un groupe d’humains qui a survécu au virus dévastateur qui s’est répandu dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve fragile, mais de courte durée : les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui décidera de l’espèce dominante sur Terre.
La Planète des singes : l’affrontement Photo
« Come with me if you want to live. »

Critique

Qui attendait La Planète des Singes: Les Origines à ce niveau ? Pas grand-monde, j’imagine, surtout après le flop (relatif) du film de Tim Burton. Néanmoins, le reboot de Rupert Wyatt avait produit son effet et s’est révélé comme l’un des meilleurs blockbusters de l’année 2011. Néanmoins, considérant les délais imposés par la production trop courts et occupé par son projet de remake du film Le Flambeur (Karel Reisz, 1974), Rupert Wyatt a laissé sa place au très demandé Matt Reeves (Cloverfield, Laisse-moi entrer) pour un nouvel épisode de la saga La Planète des Singes désormais attendu.

La Planète des Singes : L’Affrontement offre une véritable évolution par rapport au premier épisode où, pour rappel, le singe César était motion-capturé par Andy Serkis (Gollum, King Kong). Il faut dire qu’on quitte la tranquillité des studios pour un tournage en pleine nature, dans les impressionnantes forêts de Vancouver. Si la technologie a fait un joli bond, il aurait néanmoins fallu offrir une scène d’ouverture de meilleur acabit. L’Affrontement s’ouvre avec une gigantesque chasse. Seulement, la modélisation des chassés, des cerfs, est absolument dégueulasse. Personnellement, j’ai décroché du film à ce moment-là, et j’ai mis un bout de temps avant de réussir à me reconnecter.

Par la suite, on découvre les nouveaux statuts du Singe et de l’Homme. Car il faut savoir que Les Origines se finissait par une scène post-générique (que beaucoup de gens, dont moi, ont zappé au cinéma – en même temps, faudrait nous prévenir aussi) où on pouvait voir le virus simiesque se propager sur toute la Terre. Pas d’inquiétude, le générique d’ouverture revient dessus. Bref, cette découverte est l’occasion d’admirer des décors magnifiques (un des points forts du long-métrage) comme la ville des Singes ou celle des Humains (toujours San Francisco, mais cette fois-ci magnifiquement délabrée, style The Last of Us).

Pour tout vous dire, je n’ai pas réussi à accrocher à l’intrigue. Lorgnant trop près d’Avatar, même si James Cameron n’a rien inventé et qu’elle soit plus d’actualité que jamais avec le conflit israélo-palestinien, les nouvelles aventures de César n’offrent rien de nouveau et sonnent même parfois comme une redite inutile du premier épisode où il est encore question de savoir de qui, de l’Homme ou du Singe, César est le plus proche, et ce, malgré son changement de statut, César ayant désormais une femme et deux fils.

La Planète des singes : l’affrontement Photo Jason Clarke
« Quoi, tu m’as envoyé faire un gang-bang avec des Singes ? »

Cela sonne encore plus comme Avatar avec Malcolm (Jason Clarke) qui fait office de passerelle entre l’Humanité et les Na’vis Singes. Sans néanmoins réussir à émouvoir, l’un des deux seuls moments d’émotion de L’Affrontement sera à attribuer à James Franco même s’il n’a pas tourné de nouvelles scènes pour cette séquelle. Entouré d’une famille dont la compagne est jouée par Keri Russell et le fils par Kodi Smit-McPhee (qu’est-ce qu’il a grandi depuis Laisse-moi entrer), Malcolm n’a jamais réussi à susciter mon empathie (pourtant, je ne suis pas difficile). Chez les Humains, on peut compter sur un Gary Oldman, toujours aussi bon (c’est lui qui offre, tout seul en plus, l’autre instant d’émotion), mais sous-exploité. Chez les Singes, on retrouve ceux du premier, avec trois nouveaux venus, la femme de César et ses deux fils. Malheureusement, le fils ainé, pourtant une des pierres angulaires de l’histoire, est fade (ce qui rend d’autant plus admirable le boulot d’Andy Serkis). Dès lors, on suit sans grand intérêt la première heure du film qui ne fait que présager un inévitable affrontement.

Fort heureusement, lorsque la machine s’emballe, Matt Reeves laisse parler son talent. Ainsi, la bataille entre les Singes et les Humains est un bon moment d’action avec ce sentiment très rare de ne pas trop savoir quel camp supporter. Mention spéciale à cette magnifique séquence sur le tank : la caméra fixée sur la tourelle du tank fait un 360° tandis que la machine de guerre poursuit son chemin donnant l’occasion d’admirer la bataille aux alentours au travers d’un point de vue original.

Par la suite, le film offre une séquence affichant une ressemblance troublante avec The Dark Knight Rises, l’hypnotisante scène où Bane envahit le tribunal, avant de se terminer avec un climax vertigineux (littéralement) permettant de bénéficier d’un combat extrêmement bien mis en scène. Le tout s’achève sans laisser de place aux doutes pour la suite, mais avec des regrets toutefois.

Spoiler

Parmi les points qui m’ont dérangé dans ce film, je voulais parler de Koba. J’ai trouvé que le changement de position du personnage était trop brutal. D’un coup, on a Koba, l’ami de César depuis voilà dix ans, et voilà qu’en quelques heures, il décide de prendre le pouvoir en butant ce dernier tout en fomentant un complot n’ayant rien à envier à Scar du Roi Lion (quoi de plus normal entre individus partageant des balafres).

Pire même, il renie sa condition de Singe supérieur à l’Homme en s’abaissant à faire ce dont seuls les Hommes font : le meurtre. Et pour une excuse plutôt bidon en plus. Alors que ce procédé aurait dû faire l’objet d’une lente descente aux enfers, elle n’est que l’objet d’un plan machiavélique qui rompt avec ce semblant de volonté de vouloir s’affranchir du film manichéen (pourtant très réussi, avec des Hommes et des Singes moralement ambiguës, mais jamais extrêmes). Fort heureusement, Gary Oldman y échappe de peu. Question de talents, sans doute.

La Planète des singes : l’affrontement Photo
Koba, un personnage raté dans cette suite.

Attention, si Les Origines proposait une scène post-générique, il n’y en a pas pour L’Affrontement. C’est louche parce qu’un troisième épisode est déjà prévu avec toujours Matt Reeves à la réalisation et désormais aussi au scénario.

Et pour parler comic, j’ai beaucoup aimé le clin d’œil à l’étrange (donc culte) comic de Charles Burns, Black Hole. Un récit illustrant toutes les angoisses de l’adolescence. Cela a permis d’étoffer le personnage de Kodi Smit-McPhee, sans pourtant beaucoup de minutes à l’écran. Comme quoi, les comics sont partout à Hollywood maintenant.

Par Christophe Menat, le .

La Planète des singes : l’affrontement Photo
Hobo with a Shotgun 2 : Ape with a Shotgun

Conclusion

Pour ma part, La Planète des Singes : L’Affrontement est une déception. N’arrivant jamais à procurer les émotions de Les Origines, il se contente d’être une suite bigger avec des scènes d’action réellement impressionnantes, mais dépourvues d’enjeux dramatiques.

+ – Scènes d’action
– Décors
– Motion-capture toujours aussi impressionnante
– Histoire peu intéressante
– Syndrome de la suite bigger qui recycle les meilleures idées de son prédécesseur
– Koba, trop manichéen
– C’est quoi ces cerfs super moches ?
6/10

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