Fiche
Titre | Jupiter : Le Destin de l’univers |
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Réalisateurs | Andy Wachowski, Lana Wachowski |
Scénaristes | Andy Wachowski, Lana Wachowski |
Acteurs | Mila Kunis, Eddie Redmayne, Channing Tatum, James D’Arcy, Sean Bean, Douglas Booth, Tuppence Middleton, Gugu Mbatha-Raw, Terry Gilliam |
Titre original | Jupiter Ascending | Date de sortie | 04 / 02 / 2015 |
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Pays | États-Unis | Budget | 176 000 000 $ |
Genre | Action, Aventure, Fantastique, Science fiction | Durée | 2h 07 |
Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n’a d’autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n’est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l’attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d’un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du cosmos… |
Critique
Avec Jupiter: Le Destin de l’Univers, on retrouve les Wachowski sur leur film le plus ambitieux, du moins niveau portefeuille, parce qu’avec 176 millions de dollars de budget, leur dernier long-métrage dépasse d’une bonne tête les deux derniers Matrix (150 millions de dollars chacun). Il fallait au moins ça pour donner vie à leur vision très prometteuse.
Parmi les points positifs, on peut compter sur l’aspect visuel de Jupiter : Le Destin de l’Univers (que je nommerais désormais par le titre original : Jupiter Ascending, parce que d’un, ça fait plus classe, et de deux, c’est plus court à écrire). On sent que les deux réalisateurs ont mis le paquet dessus tant le long-métrage est riche (c’est limite s’ils n’ont pas fait tapis). Il y a plein d’inspirations à droite et à gauche pour un joyeux melting-pot donnant naissance à des images sublimes comme cette séquence où Eddie Redmayne sort d’une piscine (tout nu, une information essentielle pour certain(e)s) face à une gigantesque planète gazeuse ou la séquence du mariage de Jupiter où Mila Kunis dans une superbe robe surplombe l’assemblée sur une plate-forme volante. Le tout avec une 3D plutôt bonne. Donc même s’il y a quelques fautes de goût comme certains looks vraiment too much, dans l’ensemble, ça reste sympatoche (je ne bave pas dessus, parce que ce n’est pas trop mon style graphique).
Un scénario touffu ne signifie pas forcément un bon film (ni même un bon scénario)
Malheureusement, les qualités s’arrêtent là. On retrouve exactement les mêmes travers que sur Cloud Atlas (pour rappel, je fais partie de ceux qui ont détesté le film). Je voulais d’abord parler de l’humour. Dans Jupiter Ascending, on sent une volonté de s’approcher de la marque de fabrique des films Marvel (même s’ils n’ont pas le monopole du mélange action et humour, c’est désormais eux les leaders sur ce marché – encore plus après Les Gardiens de la Galaxie) en balançant de temps à autre des répliques funs. Sauf que, constat effarant, ce n’est jamais, ô grand jamais, drôle. Pour tout vous dire, je n’ai pas souri une seule fois, pourtant, je ne suis pas ce qu’on peut considérer comme un client difficile. Pire même, j’ai parfois écarquillé les yeux en découvrant combien c’était mauvais. C’est incroyablement plat et convenu. On voit bien que les deux Wachowski n’ont aucun talent pour l’humour. Ils avaient déjà tenté sur Cloud Atlas (et sûrement Speed Racer, mais je ne m’en souviens pas, le seul truc que je me rappelle de ce film, c’est avoir pris mon pied sur les courses vraiment barrées), et vu le résultat, ils auraient dû se raviser pour celui-ci. Mais bon, comme on dit, c’est en forgeant qu’on devient forgeron.
On peut aussi étendre cette remarque à l’ensemble des répliques qui sont d’une étonnante fadeur. Je ne sais pas si c’est la qualité d’écriture qui est à remettre en cause ou celle des interprètes. Remarque, ça doit être un peu des deux. Mais vraiment, les acteurs semblent s’en contreficher du projet. On dirait même parfois qu’ils récitent une liste de courses (tiens, ça me rappelle qu’il faut que j’aille à Carrefour, frigo vide, tout ça), sauf un peu moins, Eddie Redmayne et Sean Bean qui semblent vraiment seuls. Le pire du lot est malheureusement, et paradoxalement, le personnage le plus important, car il s’agit de l’interprète de l’héroïne Jupiter Jones. Oui, Mila Kunis (que j’adore pourtant) y est très mauvaise. Et je dis ce que je pense. Zéro charisme, elle traverse le film comme une âme en peine, réussissant le pari à être toujours hors du propos. La voir s’enthousiasmer sur un truc que raconte Sean Bean alors qu’il y a des tueurs à ses trousses, mon dieu. Ou encore, le fait que quand elle découvre que les extra-terrestres se baladent parmi nous, elle ne semble même pas s’en offusquer, un peu comme chez Ted (sauf qu’avec l’ours en peluche, c’était voulu). Sans compter que niveau sex-symbol, elle en prend un coup. Ben ouais, de près, l’actrice… En plus, cette paupière mi-close… J’étais obnubilé par ça pendant tout le film. Je vais me refaire Black Swan pour remettre sa jauge sex-symbol au max. Mais bon, je ne vais pas m’étendre dessus. Faut dire, je n’ai même pas besoin d’argumenter, c’est juste… Évident en regardant le film.
Et ce n’est pas fini… Si seulement… En plus de ça, il faut reprocher au film une histoire peu emballante (bon, disons les choses franchement, l’histoire est naze). On nous sert une espèce de Game of Thrones du pauvre où la complètement larguée Jupiter se retrouve mêlée à une sombre histoire de lutte pour devenir le maître de l’Univers (et où, la survie de la Terre est en jeu). On nous balance plein d’informations à la gueule, parce que c’est vraiment étoffé (600 pages, le scénario, mon petit père), même s’il n’y a rien de foncièrement original. Seulement, il y a comme un pépin. Ils ont complètement zappé de d’abord nous faire attacher aux personnages. Du coup, ben, on n’est jamais vraiment impliqué dans toutes ces histoires. On se contente de remarquer cette volonté pas conne du tout de vouloir expliquer, via la mythologie du film, les phénomènes surnaturels de notre planète comme ces fameux signes qui sont apparus comme par magie sur les champs de maïs ou cet hommage au film culte Brazil accompagné d’une caméo de son réalisateur, Terry Gilliam en mode Stan Lee. Du coup, quand ça s’étend sur deux heures, ça commence à devenir extrêmement lassant à la longue au point qu’on supplie pour que la torture s’arrête sous peu. Par ailleurs, comble de la mauvaise qualité du scénario, il faut remarquer la réutilisation du même procédé scénaristique pour faire monter le suspense. Je m’explique. Sur une scène, Jupiter est sur le point de se marier (elle est en train de remplir les « papiers ») ce qui entraînerait sa mort proche, du coup, derrière t’as le beau (euh, pas si beau que ça dans le film) Channing Tatum qui se démène comme un diable albinos pour la sauver. Bien sûr, il y arrivera, mais à la dernière seconde, évidemment (de sorte qu’on soit à un doigt de faire dans notre froc). Quelques dizaines de minutes plus tard, rebelote… Exactement pareil. Non, mais sérieux, ils se sont relus avant ?
Et si c’était son destin d’être une daube ?
Je ne veux pas la jouer mauvaise langue (juste un peu, histoire de troller), mais officiellement, le film a connu un report de huit mois « histoire de peaufiner la post-production », mais d’après des rumeurs, il se chuchote que la production a été si catastrophée en découvrant le résultat final qu’ils ont demandé le report pour essayer d’arranger les choses. Eh bien, je n’ose même pas imaginer ce à quoi Jupiter Ascending aurait pu ressembler si cette version est celle considérée comme satisfaisante. Mais en fait, je crois qu’il n’y avait pas grand-chose à sauver, car les problèmes concernent des trucs trop en amont (le scénario et les acteurs, deux choses irrattrapables à ce stade du projet).
Passons au dernier truc avant que je m’arrête parce que ça commence à faire long là. Les scènes d’action. C’est un peu le même syndrome que Transformers. Ça pète de partout, mais dramatiquement parlant, c’est l’encéphalogramme de la moule. Et encore, je trouve que Transformers lui est supérieur, parce qu’au moins, c’est fun. Sur Jupiter Ascending, les scènes d’action, hormis la première attaque sur Caine (Channing Tatum) ou celle de la maison du personnage de Sean Bean, la plupart du temps, c’est illisible et ça va tellement vite qu’on a l’impression de regarder un pote jouer à Zone of the Enders (quand c’est toi qui joues, ça va, mais pour les autres, c’est incompréhensible). Il y a tellement d’informations à l’écran qu’on ne comprend plus rien à ce qu’il se passe. Le comble est atteint durant une interminable course-poursuite survenant après le premier sauvetage de Jupiter par Caine. D’ailleurs, c’est là un autre problème de Jupiter Ascending, Jupiter Jones est vraiment l’ultime demoiselle en détresse, elle se fait sauver un nombre incalculable de fois, quelle patience ce Caine pour la supporter – au bout d’un moment, j’aurais sûrement fait : « Bon, tu me fais chier, démerde-toi toute seule » – mais bon, le personnage est amoureux donc « ça passe ». Moi, je n’étais pas amoureux de Jupiter, du coup, ça m’a vraiment emmerdé de rester dans la salle.
Par Christophe Menat, le .
Conclusion
Quand tu lis ma critique, tu te rends compte que l’histoire est mauvaise, que les acteurs semblent ailleurs (avec une mention spéciale pour Mila Junis qui n’a jamais été aussi mauvaise – et pourtant, j’ai vu tous les épisodes de That’s 70 Show, et y en avait certains où…) et que les scènes d’action n’offrent rien de spectaculaire (good game quand même pour le cousin du Silver Surfer, le Silver Skater même s’il n’est pas en argent – ce n’est pas spécialement classe, mais ça fait bien marrer). Quand tu te rends compte qu’il ne reste que l’univers graphique pour sauver le film, tu te dis qu’il y a un problème. Oui, je le dis, Jupiter : Le Destin de l’Univers est une daube et, sur ce, je lance un avis de recherche pour retrouver les réalisateurs de Matrix.
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3/10 |