Critique : Dune : Deuxième Partie

Enfin, le Messie est arrivé.

Retardée à cause de la grève des acteurs, la deuxième partie du gros morceau SF livré par Denis Villeneuve en pleine pandémie et sans aucun doute ma plus grosse attente de l’année débarque enfin dans les salles. Et c’est déjà un carton. Normal.

Dune : Deuxième partie reprend là où le premier s’est arrêté. Le contraire aurait été étonnant. J’ai alors regretté une chose : ne pas avoir révisé. Peu importe au final, car les souvenirs de Dune sont encore frais. D’ailleurs, en relisant la critique que j’en avais faite, je me suis rendu compte que les qualités et les défauts de cette suite sont quasiment similaires. En fait, je pourrais carrément dupliquer la critique et ça passerait crème. Cela prouve que Denis Villeneuve reste cohérent dans son adaptation.

Mon Dune, ma bataille

Au final, mon seul (mais gros) regret sur cette suite est que le réalisateur de Blade Runner 2049 n’a pas réussi à nous pondre une bataille mémorable. La bataille finale a été un pétard mouillé pour moi. Il lui manque le génie de la mise en scène du combat, celui que possède Peter Jackson, tant toutes les batailles de sa saga de l’Anneau sont mémorables. La bataille des Cinq Armées dans sa version longue est un morceau exceptionnel. Grosso modo, on a quelques beaux plans larges et de petites scènes de castagne, puis basta. La préparation et la dimension stratégique de la bataille sont réduites au minimum. Aucune chorégraphie mémorable. Sang aux abonnés absents.

Rebelote pour le fameux duel final. On est loin du Duel of the Fates ou du Battle of the Heroes d’une autre saga emblématique : Star Wars. Un petit combat pépère reposant principalement sur des gros plans et, encore une fois, basta. C’est clairement ces points qui m’ont fait enlever un point à la note finale par rapport au premier opus. Que voulez-vous, je suis un homme simple. J’aime voir de grosses batailles. D’autant plus que je rattache la franchise au jeu vidéo du genre RTS (jeu de stratégie en temps réel).

En fait, j’ai l’impression que cet aspect n’intéresse pas Villeneuve et qu’il ne s’y soumet que pour accomplir son cahier des charges. Pourquoi je dis ça ? Parce que le reste de Dune : Deuxième Partie est une tuerie.

Les miracles de Greig Fraser

Déjà visuellement, popopopopo. Greig Fraser, le directeur de la photographie, fait des miracles ! Chaque plan est plus beau que le précédent. En même temps, quand tu vois qu’après Dune, le gars a aligné The Batman et The Creator, tu sais qu’il est chaud (c’est quoi l’inverse d’éclaté au sol ?). Quand il filme Paul Atréides en figure messianique, j’ai eu des frissons. C’est du niveau d’Anakin Skywalker basculant du côté obscur de la Force. Dans cet épisode, Denis Villeneuve a pris un grand plaisir à faire péter d’énormes trucs et Greig Fraser a sublimé chaque explosion. Bref, on parle d’un des plus beaux films de l’histoire. Et j’te parle même pas de l’époustouflant passage sur Giedi Prime, planète de la Maison Harkonnen, qui m’a rappelé Thor : Love and Thunder.

Au passage, il faut noter les images numériques impeccables, notamment dans la gestion des foules, donnant naissance à des plans spectaculaires et épiques. Et surtout, une direction artistique de très haute volée conférant à l’univers une patte singulière la rendant impossible à confondre avec toute autre.

Côté histoire, de nouveaux personnages s’ajoutent à cette épopée. Il le fallait bien pour remplacer ceux qui sont tombés (RIP Leto Atréides, Duncan Idaho et Liet Kynes). Les nouveaux venus sont des poids lourds. Florence Pugh m’est toujours aussi agréable à regarder. Austin Butler campe un génial na-Baron Feyd-Rautha. Christopher Walken joue un empereur intéressant. On notera aussi la présence de Léa Seydoux et d’une surprise. Mais il en ressort une sensation d’un petit gâchis. En effet, ces personnages n’ont pas assez de temps de présence pour être étoffés. Néanmoins, ils sont suffisamment charismatiques pour marquer les esprits.

Game of Spices

En fait, je me dis que Dune aurait été bien meilleur s’il avait été adapté en série télé. Surtout quand on se remémore Game of Thrones dont je trouve la structure similaire. Certes, le niveau visuel baisserait, mais la qualité de l’intrigue gagnerait beaucoup. D’autant plus que les scènes d’action ne sont pas ouf et que le film souffre d’ellipses un peu trop nombreuses (j’étais un peu paumé dans la temporalité du délire).

Par contre, l’histoire de Paul Atréides est bien racontée (je n’ai pas ressenti la durée). Porté par un charismatique Timothée Chalamet, son épopée m’a été prenante. J’ai adoré le fait d’exposer la figure du Messie en la transformant en outil permettant à Paul d’assouvir sa vengeance et de libérer Arrakis. Son utilisation par sa mère (impeccable Rebecca Ferguson comme d’habitude) est d’une froideur glaçante. À noter l’utilisation originale de la soeur avec des passages très 2001, l’Odyssée de l’espace (1968).

J’ai beaucoup aimé également l’immersion dans la culture Fremen. Leur rapport à l’eau (écologie) et à la religion est fascinant. Chani (Zendaya) et Stilgar (Javier Bardem) sont deux personnages forts et apportent beaucoup à l’intrigue. La première par son opposition à la figure du Messie, sans oublier l’attachante histoire d’amour. Le second pour son attachement à la figure du Messie et ses petites notes d’humour. Bref, le duo Trinity et Morpheus de la saga Matrix.