Critique : True Detective : Night Country 

True Detective… Tout le monde s’accordera plus ou moins à dire que la première saison est un véritable chef-d’œuvre. De nombreuses images sont encore gravées dans ma mémoire. La saison 2, malgré un casting de choix, n’arrivait pas à son niveau. Quant à la saison 3, je ne peux pas me prononcer, ne l’ayant pas vue. Une erreur que je compte bien corriger prochainement. Mais en attendant, il y a une nouvelle saison à voir. Peu importe si je n’ai pas vu la saison 3, en effet, True Detective est une série d’anthologie. Chaque saison propose une nouvelle histoire, déconnectée de la précédente.

Exit Pizzolatoo, welcome López

Néanmoins, Night Country marque une véritable rupture. Car Nic Pizzolatto, créateur de la série et showrunner des trois premières saisons, est remplacé par la Mexicaine Issa López. Le plus étonnant est de découvrir son CV où rien ne sort particulièrement du lot. Heureusement, pour la caution star, elle est accompagnée par Jodie Foster pour une nouvelle enquête macabre après celle l’ayant rendue mondialement célèbre, celle du tueur en série Buffalo Bill dans Le Silence des agneaux (1991).

Ayant commencé la série un peu tardivement, j’ai pu constater de nombreux retours positifs au niveau de la presse. Dès lors, j’ai été sacrément enthousiasmé à l’idée de retrouver Jodie Foster pour une nouvelle saison de True Detective. Pas de chance, dès la scène d’ouverture, j’ai pris un coup au menton m’ayant laissé groggy. En effet, pour symboliser une séquence censée foutre un gros coup de pression d’entrée de jeu, ils ont employé des effets spéciaux numériques, mais ils sont absolument hideux. J’ai eu l’impression d’avoir reculé de plusieurs décennies. Dès lors, ça a eu l’effet totalement inverse.

Peu importe, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. La suite remontera le niveau. C’est ce que je me suis dit pour me rassurer.

Malheureusement, ce ne fut pas le cas.

Un cadre idéal, mais l’ennui débarque

Mais je m’avance un peu vite. Au départ, tout était prometteur. Le cadre : en Alaska, au bout du monde, alors que 30 jours de nuit s’annoncent (en fait, pas vraiment, mais j’avais envie de faire une dédicace au film de David Slade). Le casting : Jodie Foster en Liz Danvers (aucun lien de parenté avec Carol) avec la charismatique Kali Reis, ancienne boxeuse professionnelle connue pour être la première autochtone à avoir été championne du monde, en Evangeline Navarro. L’enquête : huit individus d’une station de recherche ont disparu. Le contexte : une implication autochtone marquée, n’étant pas sans rappeler la série de Marvel Studios, Echo.

Néanmoins, très vite, c’est l’ennui qui a pointé le bout de son nez. L’écriture et la réalisation d’Issa López sont clairement insuffisantes. L’ensemble respire la série B tant certains éléments sont grossiers. Comme par exemple, l’implication du fantastique sans aucune subtilité. Les interactions entre personnages où chacun est un cliché sur pattes. Sans oublier des dialogues lourdingues donnant l’impression d’avoir été recyclés d’un épisode à l’autre. Pour ce point, heureusement que les actrices sont talentueuses, sinon ça partait très mal. Quant à la réalisation, si elle offre quelques jolis plans, jamais elle ne réussit à instaurer une atmosphère digne de la première saison. En même temps, Cary Joji Fukunaga, quoi.

De plus, même si cette saison est plus courte que les précédentes avec seulement 6 épisodes au lieu des 8 habituels, j’ai bien senti le temps passer sur chaque épisode. Ça traîne, ça traîne. Ça papote pour ne rien dire. Ça passe beaucoup de temps sur l’aspect privé des héroïnes plutôt que de s’intéresser à l’enquête. L’enquête est même secondaire et la révélation finale m’a fait pouffer de rire. Dommage, car ce qui avait précédé était un joli moment émouvant.

Le Silence des professionnels

Quant à Nic Pizzolatto, le gars s’est fait remarquer en publiant des commentaires négatifs sur Night Country avant de se faire reprendre de volée par certaines personnes, dont Kali Reis. Je n’ai pas suivi tous les commentaires, mais l’un d’eux m’a fait tiquer. Le reproche d’avoir établi un lien entre Night Country et la première saison de True Detective. Au point qu’Issa López a indiqué que c’était intentionnel afin de souligner que les deux saisons se déroulent dans le même univers.

Personnellement, je suis le créateur d’une série (d’anthologie, il faut le rappeler) et je vois que la personne qui m’a remplacé ajoute des liaisons, pas forcément pertinentes en plus, sur mon travail le plus célèbre sans me demander mon avis. J’aurais de quoi être agacé.

Après, on sait qu’à Hollywood, il y a une omerta sur ces points : il est interdit de critiquer les travaux des autres. Bizarrement, ça marche moins quand ça concerne Marvel. Rien qu’avec une Jodie Foster espérant que les gens auront marre des films de super-héros. M’enfin bref, je comprends que Pizzolatto soit un chouia agacé.