Critique : Borderlands

Les Gardiens de la Galaxie du pauvre

Fiche

Titre Borderlands Titre VO
Réalisateur Eli Roth Scénaristes Eli Roth et Joe Crombie
Acteurs Cate Blanchett, Kevin Hart, Edgar Ramírez, Jamie Lee Curtis, Ariana Greenblatt, Florian Munteanu, Janina Gavankar, Jack Black, Benjamin Byron Davis
Date de sortie07 / 08 / 2024 Durée1h 41
GenreAction, Aventure, Comédie, Science-fiction, Thriller Budget115 000 000 $

Un long métrage basé sur le jeu vidéo populaire qui se déroule sur la planète fictive abandonnée de Pandora où les gens recherchent une relique mystérieuse.

Critique

Véritable catastrophe industrielle, l’adaptation cinématographique du jeu vidéo Borderlands est assurément l’un des pires films de l’année 2024. Fun fact, il a débuté sa carrière sur Rotten Tomatoes avec un score de 0 %. Un détail, histoire de bien se rendre compte de l’ampleur du désastre : pour un budget de 115 millions de dollars, il a rapporté, en trois semaines, 30 millions dans le monde entier. C’est donc sans surprise qu’il a déjà commencé à sortir en VOD pour limiter les dégâts.

Les agents du chaos se sont emparés de la production

Pour le coup, la production de Borderlands a mis la puce à l’oreille de certains. À la base, Eli Roth, spécialisé dans l’horreur pour rappel, avait réalisé un film destiné à un public R. Normal, vu le jeu vidéo qu’il adapte. Le coordinateur de cascades Jimmy O’Dee l’a clairement confirmé à Screen Rant :

« Nous tournions un film classé R lorsque nous l’avons fait. Nous avons toujours su que nous allions tourner un film classé R, pour un public un peu plus mûr. Nous faisions donc exploser la tête des gens. Nous tranchions les pieds. Nous faisions tout cela. »

Si vous avez vu le film, vous vous demandez tout bonnement où est passée la violence ?

C’est simple, il y a eu un gros changement de direction en postproduction. Pour rappel, le tournage de Borderlands a eu lieu durant l’été 2021. C’était quand même il y a trois ans. Le film d’Eli Roth aurait été terminé début 2022, mais il a été mis de côté car le studio aurait été horrifié par l’extrême violence du film. « On ne va jamais gagner du pognon avec autant de violence ! », se sont-ils probablement dit (les visionnaires).

La nouvelle Ligue de Justice

Bref, une grosse phase de reshoots a eu lieu. Comme Eli Roth était occupé par son nouveau film d’horreur Thanksgiving : La Semaine de l’horreur (2023) – l’excuse parfaite, Tim Miller a été dépêché tel un Joss Whedon sur le tournage de Justice League. Comme Joss Whedon, Tim Miller n’est pas n’importe qui. Il a réalisé Deadpool (2016) et Terminator : Dark Fate (2019). Et comme Joss Whedon, il a eu un cadeau empoisonné (même si Roth n’a pas l’aura du gourou Snyder). J’espère au moins, pour lui, que la paie était bonne. Au final, toute trace de violence a été supprimée pour en faire un divertissement presque tout public, malgré une séquence ayant des restes d’un film d’horreur.

Pour souligner l’ampleur de ces reshoots, ils ont tellement été importants que la composition musicale originale de Nathan Barr ne collait plus, donc ils ont dû embaucher un nouveau compositeur en la personne de Steve Jablonsky. Allez, encore un dernier pour la route, mon petit Roger. Le scénario était à l’origine signé par Eli Roth et… Craig Mazin. Oui, le créateur et showrunner des séries Chernobyl (2019) et The Last of Us (2023). Mais si on regarde le nom du scénariste retenu, il s’agit de Joe Crombie. WTF ? Il s’agit d’un pseudonyme de Mazin, signe que ce dernier s’est désolidarisé du projet. Il a même nié avoir été impliqué dans le film, ce qui veut tout dire.

Bref, si l’on a suivi les coulisses de la production, ça sentait un peu comme on si avait renversé une couche pleine par terre (histoire vécue) : le désastre. Malgré tout, il y avait chez moi une curiosité morbide et malsaine qui me poussait à constater les dégâts. Comme cette pénible manie qu’on a de ralentir lorsqu’on s’approche d’un accident de la route pour jeter un coup d’œil même si ça casse les couilles à tout le monde derrière.

Restore de Roth Cut

Pour le coup, après avoir vu l’adaptation du jeu vidéo de Gearbox, je ne peux pas m’empêcher de crier au « Restore the Roth Cut », car je serais très curieux de voir à quoi il pourrait ressembler (à condition que ce ne soit pas une version en noir et blanc de trois heures au format 4/3). Surtout vu les propos du coordinateur des cascades. Cela permettrait de se rapprocher du gore et de l’humour noir du jeu dont il ne reste malheureusement que des blagues ne prêtant même pas à sourire.

Grosso modo, j’ai eu l’impression d’assister à une adaptation de jeu vidéo comme les années 90 et 2000 en pondaient à la pelle, genre Street Fighter (1994), Mortal Kombat (1995) ou Lara Croft : Tomb Raider (2001). C’est nanardesque à souhait, mais on peut souligner que le look du jeu vidéo a bien été repris. Avec des petits détails faisant tiquer, comme l’âge de Cate Blanchett et Jamie Lee Curtis par rapport à leurs personnages. Dans l’ensemble, cela me semble fidèle. Après, je ne suis pas un fan des jeux vidéo (j’ai fait les deux premiers mais je n’en ai pas gardé de souvenirs mémorables).

Ce qui m’a en tout fait beaucoup marrer, c’est la gestuelle de Blanchett. Elle est clairement totalement à fond dans le délire et se tape des poses toutes les cinq minutes. Over the top, mais en bien. En plus, elle a une coupe de cheveux absolument splendide. Quel régal ! Je plains la coiffeuse sur le tournage pour garder la coupe intacte.

Le reste de la distribution embarque un groupe façon Gardiens de la Galaxie. J’ai bien aimé Ariana Greenblatt en Tiny Tina et Florian Munteanu en Krieg. On est clairement sur des sosies de Rocket et Drax, mais ça fait le taf. Par contre, Kevin Hart, tentant de marcher dans les traces de son meilleur ami Dwayne Johnson, est totalement oubliable. À noter Jack Black prêtant sa voix à Claptrap. Il en fait des tonnes, mais l’humour global est tellement raté que bon.

Par chaud pour voir un documentaire sur les coulisses du projet, ça doit être passionnant.

Conclusion

Sans surprise, l’adaptation cinématographique du jeu vidéo Borderlands n’est pas bonne (ce n’est pas comme si tout le monde ne l’avait pas déjà dit). De toute façon, les coulisses de la production étaient déjà annonciatrices. Quoi qu’il en soit, j’ai eu l’impression d’être devant une mauvaise adaptation dont les années 90 et 2000 étaient friandes. Un mot pour la fin ? Restore the Roth cut !

+

  • Cate Blanchett est clairement motivée
  • La nostalgie en regardant une adaptation de jeu vidéo ratée façon années 90/2000

  • On sent le film charcuté
  • Rien ne sort du lot, mais absolument rien
4/10
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