Critique : Black Panther

Gloire au roi du Wakanda… et Killmonger

Fiche

Titre Black Panther Titre VO
Réalisateur Ryan Coogler Scénaristes Ryan Coogler, Joe Robert Cole
Acteurs Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong’o, Danai Gurira, Martin Freeman, Daniel Kaluuya, Andy Serkis, Angela Bassett, Forest Whitaker, Letitia Wright, Winston Duke
Date de sortie 14 / 02 / 2018 Durée 2h 15
Genre Action, Aventure, Science fiction Budget 200 000 000 $

Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…

Photo de Black Panther dans les arbres et éclairé à la lampe torche
Batman ? Non, c’est Black Panther.

Critique

Black Panther n’est pas un super-héros que j’affectionne particulièrement dans les comics malgré son côté badass à la Batman. Par contre, il m’avait beaucoup plu dans Captain America: Civil WarChadwick Boseman était impérial. Toutefois, j’étais particulièrement emballé par ce projet. Spécialement grâce à la présence du scénariste/réalisateur Ryan Coogler dont le Creed m’avait énormément comblé.

À la manière de Wonder Woman pour sa représentation d’une femme forte en tant que super-héroïne d’un blockbuster américain, Black Panther met au premier plan une minorité cinématographique, ici les afro-américains, voir africains tout court, et va même encore plus loin, car rares sont les blancs dans le film. Je n’en ai que deux en tête (les gars de Tolkien) et ils sont secondaires. C’est vraiment réjouissant de voir les mentalités changer à Hollywood, mais comme pour l’Amazone, je ne jugerais pas le film dessus, mais pour ce qu’il est.

Quand l’horreur des fonds verts rencontre la dualité du Spider-Man de Sam Raimi

Je vais commencer par mes déceptions. Je n’en ai que deux, mais elles ne sont pas négligeables pour un blockbuster. Elles concernent les scènes d’action et les effets spéciaux. Alors que Ryan Coogler m’avait époustouflé avec les combats de Creed, particulièrement le dernier, il m’a laissé sur ma faim avec Black Panther (hormis sur les deux seuls mano a mano sans effets spéciaux et sans costumes – comme quoi). En fait, j’ai retrouvé le même mal que sur les Spider-Man de Sam Raimi. La caméra fait certes d’impressionnantes prouesses tout comme le roi du Wakanda. Mais j’ai trop nettement ressenti cette fracture entre l’acteur et sa doublure numérique. Exactement comme le Spider-Man et le Peter Parker de Tobey Maguire étaient deux personnages totalement différents. En cela, il faut souligner la perfection du Tisseur de Tom Holland qui est Peter Parker ET Spider-Man. Et je souligne l’importance des majuscules pour le « et ». Pour simplifier, on a l’impression de voir un film entrecoupé de cinématique.

Côté image de synthèse, c’est tout aussi discordant. Les décors sont superbes, mais les fonds verts ratés trop présents. Je précise que je n’ai pas vu le film en IMAX qui a tendance à améliorer la qualité des effets spéciaux. D’autant plus que le dix-huitième long-métrage de Marvel Studios a été tourné entièrement dans ce format. Ce qui est dommage, c’est l’emploi systématique des fonds verts dans la plupart des passages au Wakanda renforçant cette désagréable sensation d’un film tourné en studio alors que le pays de la panthère noire aurait dû faire rêver avec des magnifiques paysages naturels dont on n’en voit pas la fin. Ce qu’il fait tout de même parfois. Le passage le plus accablant dans ce domaine est le rituel pour devenir roi. La scène est vraiment cool, mais l’ajout du public sur la falaise est tout simplement raté.

Photo du film Black Panther avec Man Ape
« Hey, les gars ! J’ai trouvé Simba ! »

Quand Le Roi Lion rencontre James Bond à Selma

Pointilleux dans ce domaine (je suis un vrai casse-couille, je le reconnais – j’ai d’ailleurs failli m’étrangler sur ce point avec Justice League), j’ai eu du mal à me faire à ces ratés. Malgré tout, ça ne m’a pas empêché d’être totalement pris dans l’histoire qui fusionne plusieurs sources d’inspiration que je n’aurais pas cru voir ensemble. Celles du titre. La partie Le Roi Lion est la moins surprenante. Inutile de s’éterniser dessus. C’est classique, mais ça demeure toujours aussi efficace. Surtout grâce au méchant, mais j’y reviens après.

J’ai adoré la partie James Bond. J’étais comme un dingue quand ils ont carrément repris le passage culte où l’espion de Sa Majesté va faire un tour chez Q pour se réapprovisionner. L’occasion de découvrir des gadgets vraiment cool et un de mes personnages préférés du film, la sœur de T’Challa (Black Panther) : Shuri (Letitia Wright). Franchement, j’ai vraiment trouvé cette inspiration cool et j’aurais aimé qu’elle soit plus longue. C’est un autre problème du film, commun à la plupart des Marvel Studios, c’est tellement dense que je les trouve toujours trop court.

La dernière source d’inspiration est la plus surprenante. Je ne rentrerais pas trop dans les détails pour ne rien spoiler. Juste préciser qu’elle ajoute un contexte dramatique poignant avec des thèmes chers à Ryan Coogler (cf. Creed et surtout Fruitvale Station) et mêle astucieusement l’Afrique aux afro-américains. Elle rend aussi crédible l’intégration du Wakanda dans notre monde. Naturellement, le personnage au cœur de ce morceau est l’acteur fétiche du réalisateur : Michael B. Jordan.

Photo du film Black Panther avec Michael B. Jordan et Chadwick Boseman
Enfin une Némésis à la hauteur du héros pour une origin story de Marvel Studios.

Une nouvelle rédemption pour une ex-Torche Humaine

La bande-annonce m’avait laissé craindre un simple doppelgänger (double maléfique du héros) dont le costume est une variante de celui du héros dans la lignée de ceux d’Iron Man, Ant-Man, L’Incroyable Hulk ou Doctor Strange. C’était même encore pire. Seule la couleur changeait. Mais c’était sous-estimer Ryan Coogler qui aura su faire d’Erik Killmonger, un des meilleurs méchants du MCU. Tout simplement en prenant du temps pour le développer, quitte à délaisser épisodiquement T’Challa (surprenant pour une origin story). Mon coup de cœur absolu pour ce vilain est son crépuscule. Magnifique, déchirant et émouvant. Au point de m’arracher une larme.

Wakanda Forever

C’était l’autre point que j’attendais beaucoup. Découvrir le Wakanda. Pour le coup, je n’ai pas été déçu du voyage. On se sent vraiment dépaysé en découvrant ce petit pays caché de l’Afrique. Le mélange des différentes cultures donne un résultat original. Si les effets spéciaux font des prouesses, je trouve qu’ils auraient gagné à être plus discrets. Attention, je précise qu’il s’agit des effets spéciaux où on découvre le pays dans sa globalité, pas les scènes où les acteurs sont impliqués. Ce sont vraiment les fonds verts qui posent problème à mes yeux. Quoi qu’il en soit, Marvel Studios aura réussi à créer une véritable culture Wakandienne que ce soit pour les décors, les costumes (magnifiques) ou les rituels.

Tout le casting aura su s’immerger à merveille et sans fausse note dans leurs personnages. Notamment les femmes, Nakia (Lupita Nyong’o), Okoye (Danai Gurira) et Shuri, et M’Baku (Winston Duke), nettement moins creux que je pensais. Je termine ma critique avec une pensée pour Ulysses Klaue (Andy Serkis) qu’on retrouve avec son arme fétiche et Martin Freeman que j’adore toujours autant.

PS : deux scènes post-génériques au compteur, mais elles ne sont pas vraiment emballantes.

Par Christophe Menat qui espère que les fonds verts s’amélioreront nettement parce que là… Le 6 février 2018.

Photo du film Black Panther avec Martin Freeman et Andy Serkis
Les deux seuls blancs du film.

Conclusion

Black Panther est une très bonne origin story mélangeant plusieurs styles pour un cocktail détonnant tout en n’oubliant pas d’offrir, avec Killmonger, un vilain à la hauteur de son héros au point même que je l’ai préféré. Cerise sur le gâteau, le Wakanda est une destination exotique très riche en détails. J’ai kiffé le voyage. Par contre, certains effets spéciaux ratés ont nui à mon immersion. Pour expliquer le problème, c’est assez simple : fonds verts omniprésents et scènes d’action à la Spider-Man de Sam Raimi (spectaculaire, mais pas crédible dans le sens cinématographique du terme – on n’y croit pas, quoi).

+

  • Killmonger, un vilain très réussi
  • Découvrir le Wakanda, sa culture et ses secrets
  • Histoire réussie s’inspirant du Roi Lion et James Bond avec un sous-texte social
  • Casting au poil

  • Problème à la Spider-Man de Sam Raimi entre T’Challa et Black Panther
  • Ces satanés fonds verts
Trophée7/10
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