Les vrais dessous de la crise financière
Critique et test du blu-ray d’Inside Job de Charles Ferguson avec la voix de Matt Damon et les interviews de Christine Lagarde, Dominique Strauss-Kahn, William Ackman, Daniel Alpert, Jonathan Alpert, Sigridur Benediktsdottir, Willem Buiter, John Campbell, Patrick Daniel, Satyajit Das et j’en passe.
Genre : Documentaire
Date de sortie Blu-ray/DVD : 23 Mars 2011
Durée : 2h
Editeur : Sony Pictures Home Entertainment
Prix : Oscar du Meilleur film documentaire, Meilleur réalisateur de film documentaire (Directors Guild of America Awards 2011) et Meilleur film documentaire (Producers Guild of America Awards 2011).
Documentaire sur la crise financière de « Comment on en est arrivé là ? » à « De nos jours ».
Un constat dubitatif sur la portée du film
C’est la première chose qui m’a frappé dans ce documentaire. On sent qu’il a été fait par une volonté d’informer les gens sur la crise financière et ses vrais responsables. Seulement ceux qui sont déjà au courant n’apprendront rien de ce film et ceux qui n’y connaissent rien au monde de la finance ne risque pas de biter grand chose.
Inside Job est assez particulier, navigant sans cesse entre deux eaux. Il risque de pas mal perdre de spectateurs en enchaînant les explications sur les transactions financières aberrantes du monde de Wall Street. On pourrait reprocher à ces explications d’être beaucoup trop abrupte et pas assez métaphoriser (la meilleure façon selon moi d’expliquer quelque chose). Quand les interviewés s’y tentent, on comprend nettement mieux que les schémas obscurs.
Une enquête sur les véritables coupables de la crise financière
Inside Job n’est pas totalement mauvais, il est très complet (c’est peut être à cause de ça qu’il concis trop les explications). Certaines choses sont déjà connues, d’autres moins. Le documentaire nous permet de prendre du recul sur les évènements (chose difficilement réalisable quand on est en plein cœur) et ainsi mieux analyser les causes et les conséquences.
Il dresse un portrait très intéressant des coupables : ces traders du monde de Wall Street. On se rend compte que le film d’Oliver Stone, Wall Street, n’était pas très éloigné dans son portrait. Ce qui n’était qu’un film devient subitement la réalité. Ces drogués adaptes de prostituées sont ceux qui gèrent l’argent des américains.
Dans sa deuxième partie, le film devient beaucoup plus intéressant en se confrontant à des « experts » du monde de la finance. On sera surpris par leur mauvaise foi, certains niant catégoriquement avoir merdé.
Deux scènes m’ont particulièrement marqué. L’une avec DSK où il raconte un dîner avec des hauts responsables de la finance. On était alors en plein cœur de la crise financière : ces derniers avaient reprochés au gouvernement de ne pas avoir forcé la mise en place de règles, de les avoir laissé mener le monde à la crise. Avant subitement de changer de discours une fois les premières solutions trouvées.
L’autre est un interview avec un responsable d’édition de Harvard. Il lui est demandé s’il trouvait normal que les experts payés par une société X pour écrire un livre discutant sur la société X ne déclarait pas dans leur livre avoir été payé par cette dernière. A cette question, le responsable répond que oui.
Donc on lui fait subtilement une analogie dans le monde de la médecine où un médecin payé par une société X à propos d’un médicament Y ne déclarait pas à son patient qu’il a été payé en lui administrant une ordonnance contenant ce fameux médicament Y. On lui demande si c’est normal ?
Le responsable s’insurger devant cette pratique à la morale douteuse avant de se rendre compte de l’analogie et de devenir quasiment muet pour finalement balbutier un « Ce n’est pas pareil… ».
La dernière partie nous laissera avec un constat horrible : les coupables n’ont pas été puni. Pire même, certains désormais font partie de l’administration d’Obama.
Un bon blu-ray avec des scènes coupées très intéressantes
Niveau technique, on est assez mitigé du fait que le film propose beaucoup d’images de télévision (donc de mauvaises qualités). J’ai trouvé ça surprenant dans la mesure où les évènements se sont déroulés en 2008, l’HD existait à cette époque tout de même.
Niveau bonus, on a un commentaire audio du réalisateur Charles Ferguson et de la productrice Audrey Marrs, un making-of de 12 minutes et des bandes annonces.
Mais le clou des bonus sont sans doute les scènes coupées de longueur variables dont certains sont très intéressants (avec Charles Morris, Dominique Strauss-Kahn, Eliot Spitzer, Gillian Tett, Harvey Miller, Jerome Fons, Lee Hsien Loong, Satyajit Das, Simon Johnson et Yves Smith). A voir.
Un documentaire dressant un portrait sans faille sur la crise financière, de ses débuts à nos jours en passant par un portrait des coupables. On pourra lui reprocher de ne pas disposer d’une portée universelle dans son sujet (les explications ne sont pas toujours évidentes).
Mais il faut l’avoir vu au moins une fois.
Film : 6/10
Un blu-ray avec un apport technique pas forcément utile mais des scènes coupées vraiment utiles pour une fois.
Image : 6/10
Son : 6/10
Bonus : 7/10