Critique & Test Blu-ray : Dans ses yeux

Récompensé en 2010 par l’Oscar du meilleur film étranger devant le film français d’Audiard : Un Prophète. Ayant adoré ce dernier, je voulais voir celui qui avait réussi à le battre. Pas un mince exploit quand même.

Film du réalisateur Juan José Campanella qui avait déjà représenté l’Argentine aux Oscars avec le Fils de la mariée en 2002. Dans ses yeux (c’est quand même moins classe que la vraie traduction du titre original : Le secret dans ses yeux) est adapté du roman « La Pregunta de sus ojos » de l’auteur argentin Eduardo Sacheri.

C’est un thriller romanesque …

… racontant l’histoire d’Esposito (Ricardo Darin) qui décide d’écrire un roman à propos de son enquête sur le viol et meurtre d’une jeune femme ayant eu lieu, il y a 25 ans, en 1974. Ce travail d’écriture sera aussi l’occasion de revoir l’amour de sa vie Irene, son ancienne collègue de travail.

Le film est à la fois un thriller efficace et une belle histoire d’amour. Souvent mélanger ces deux genres est casse gueule, il n’y a qu’à voir le nombre de ces thrillers romanesques complètement foirés (Taking Lives par exemple). Ici, ce n’est point le cas.

L’alchimie entre les deux amoureux…

… est parfaitement réussie. La réalisation nous incite à regarder dans les yeux des personnages et lorsqu’on regarde les yeux de l’héroïne, on y croit. Elle a l’air réellement amoureuse du personnage principal. C’est très bien joué de la part de Soledad Villamil, d’ailleurs récompensé de sa prestation par le Goya du Meilleur Espoir Féminin. L’histoire d’amour tragique entre les deux personnages émeut surtout la scène à la gare où ils se séparent (elle sert de générique d’ouverture, c’est superbement bien réalisé).

Le thriller n’est pas en reste

C’est diablement efficace.Spoiler

L’enquête patine, s’accélère avant de s’arrêter par l’arrestation du tueur mais ce dernier est libéré pour bonne conduite. Un véritable choc pour nous en même temps que pour les personnages. Leur conception de la justice s’effondre avec le nôtre. La justification du personnage qui le libère choque : « C’est juste une petite frappe, il y a bien pire ». Faut-il préciser qu’il a violé et assassiné une jeune fille innocente ?

Les rebondissements sont multiples mais JAMAIS surréaliste. Tout reste crédible et ça, c’est fort. Qu’ils sont loin les rebondissements peu crédibles des dernières saison de 24 ou de Salt. J’avoue avoir été complètement surpris par la fin. Je m’en doutais un peu mais j’étais parti sur une autre piste. Les flash-backs finaux m’ont dérouté contrairement aux thrillers américains où les indices sont tellement gros qu’ils ne laissent pas la place au doute.

Ce film a complètement mérité son Oscar. J’avoue que j’aurais eu du mal à choisir entre lui et Un Prohète (en mettant de côté tout patriotisme). Une histoire d’amour touchante et belle doublé d’un thriller poignant et coup de poing.

Sa scène ULTRA culte : la plongée dans un match de football suivi d’une course poursuite dans le stade filmé sans interruption. Un truc de fou digne du film Les Fils de l’Homme.

Note : 9/10

Bluray moyen…

… avec une belle qualité d’image et un bon son mais seulement deux bonus (toutefois très intéressant).

Note : 6/10

Anecdotes

A propos de l’adaptation avec l’auteur du roman, le cinéaste raconte : : « J’ai alors décidé de rencontrer Eduardo Sacheri pour lui demander s’il accepterait de collaborer avec moi. Il a travaillé pendant longtemps dans le domaine judiciaire et connaissait donc bien le vocabulaire technique. Mais je voulais que l’on s’amuse à déconstruire le roman et pas qu’il défende chaque mot, chaque phrase de son livre et ça a plus que bien fonctionné! Il a même fallu que je le freine parfois. Mon but était de poser cette question: cet homme qui marche vers nous, que sait-on de lui? Qu’apprendrait-on de lui si on avait tout à coup un gros plan sur ses yeux? Quels secrets nous raconteraient-ils? ».

Le réalisateur avoue également être fasciné par la mémoire : « La mémoire me fascine ainsi que la façon dont les décisions prises il y a 20 ou 30 ans peuvent nous affecter aujourd’hui. Cela peut aussi s’appliquer à la mémoire d’une nation. En tant que pays, alors que nous retrouvons maintenant notre mémoire des années 1970, nous savons que l’horreur a commencé à prendre forme avant la dictature militaire. L’histoire se déroule dans une Argentine où l’atmosphère est lourde et étouffante même pour les principaux protagonistes. »

PS : C’est drôle de voir comment la presse française a cassé le film alors que les spectateurs et la presse du reste du monde l’ont applaudi. La presse française rageuse d’avoir perdu l’Oscar ?

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