Critique : We Need to Talk About Kevin

Portrait d’un monstre : parlons de Kevin
D’après le roman de Lionel Shriver
Titre We Need to Talk About Kevin
Réalisateur Lynne Ramsay
Scénaristes Lynne Ramsay, Rory Kinnear
Acteurs Tilda Swinton, John C. Reilly, Ezra Miller, Siobhan Fallon, Ursula Parker, Jasper Newell
Interdit aux moins de 12 ans
Pays Angleterre, États-Unis Date de sortie 28 septembre 2011
Genre Drame, Thriller Durée 1h50
Festival de Cannes 2011
Nomination Palme d’Or (Lynne Ramsay)
Grand Prix (Lynne Ramsay)
Prix du Jury (Lynne Ramsay)
Prix du Jury Œcuménique (Lynne Ramsay)
Prix de la Jeunesse (Lynne Ramsay)
Festival International du Film de Toronto 2011
Nomination Prix de la Critique Internationale – « Présentations spéciales » (Lynne Ramsay)
Eva a mis sa vie professionnelle et ses ambitions personnelles entre parenthèses pour donner naissance à Kevin. La communication entre mère et fils s’avère d’emblée très compliquée. A l’aube de ses 16 ans, il commet l’irréparable. Eva s’interroge alors sur sa responsabilité. En se remémorant les étapes de sa vie avant et avec Kevin, elle tente de comprendre ce qu’elle aurait pu ou peut-être dû faire.

Une énorme fascination pour ce film maîtrisé de bout en bout. Si on est complètement paumé au début avec des allers-retours dans le temps sans aucune explication, ni même de repère historique, finalement par la force de ses images, on finit par déceler la chronologie effective.

We need to talk about Kevin nous fait comprendre dès le départ que Kevin a fait quelque chose de mal mais on n’en verra que quelques bribes assez floues qui sont les relents du traumatisme de la mère. Cette dernière, jouée par Tilda Swinton, sera notre ancrage dans ce cauchemar universel : et si notre enfant était un monstre ?

Le film décortique cette question sans jamais y répondre en puisant sur cette peur qui sommeille en chacun d’entre nous. Kevin exerce une véritable fascination qui ne faiblit jamais malgré le changement d’acteur pour les différents âges de Kevin. En regardant ces tueries à la télévision, on pense au tueur, à ce qui a bien pu se passer dans sa tête mais rarement on pense à sa famille or c’est bien là, le sujet de We need to talk about Kevin. La mère sait que quelque chose cloche chez Kevin mais le père n’y voit qu’un enfant normal en effet … (la bannière spoiler qui suit est bourré de spoilers et s’attache à fournir mon analyse personnel du film, à lire uniquement après visionnage du film)

Spoiler

… Kevin ne montre sa vraie personnalité qu’à la seule personne qu’il « aime » : sa mère. C’est d’ailleurs la seule personne qu’il ne tue pas. S’exerce entre les deux une étrange relation où l’amour et la haine se toisent avant de s’entretuer pour ne laisser qu’un sentiment d’amertume et d’incompréhension survenant durant la confrontation finale où Kevin n’arrive pas à expliquer le pourquoi de son geste.

Pour appuyer sur cette hypothèse que Kevin aime sa mère, il convient d’étudier son comportement durant sa maladie. C’est le seul moment de tout le film où on le verra exprimer de l’affection pour sa mère car ne dit-on pas qu’on régresse lorsqu’on est malade, qu’on retourne vers nos sentiments les plus purs lorsqu’on est le plus démuni.

Kevin exerce sur son père la même manipulation que le reste du monde. Il emploie le même comportement avec lui qu’avec le médecin lorsque sa mère lui casse le bras. Car Kevin ne veut que sa mère pour lui. Il rentrera dans une rage intérieure à l’arrivée de sa petite sœur. Il s’emploiera donc à la manipuler, à la rabaisser, à la blesser puis finalement à la tuer comme son père et les élèves de son école.

Le seul regard sincère qu’adresse Kevin n’est que pour sa mère. Elle est la seule personne à le connaître et malgré toutes les atrocités, la seule à l’aimer.

Au-delà d’un subtil jeu d’acteur (énorme Ezra Miller et étonnant John C. Reilly, là où on ne l’attendait pas), We need to talk about Kevin n’aurait pas pu fonctionner sans cette excellente réalisation aidée par une très belle musique. Le passage d’Halloween est une des meilleures scènes du film, cette journée des morts n’a jamais aussi bien porté son nom. Par la force de ses plans, puissantes et fascinantes, la réalisatrice débute son film comme une tragédie grecque. La fin est connue dès le départ dès lors le film ne fait que mettre en exergue l’abyme qui se profile sous nos yeux. La déchéance est assurée mais c’est le comment qui nous intéresse…
Et pour le voir: cinéma!

Par Christophe Menat, le .

Conclusion

Un film fascinant servi par des excellents acteurs, une très belle réalisation et un sujet à controverse. We need to talk about Kevin subtilise l’attention de son auditoire pour ne la lâcher qu’après la fin. Une fois le film, à nous d’analyser Kevin parce qu’après tout, il faut bien qu’on parle de Kevin…

Sa scène culte : le passage d’Halloween.

8/10
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