Critique : The Descendants

« Le paradis, va te faire foutre ! »

 
Fiche

D’après le roman éponyme de Kaui Hart Hemmings
Réalisateur Alexander Payne
Scénaristes Alexander Payne, Nat Faxon, Jim Rash
Acteurs George Clooney, Shailene Woodley, Amara Miller, Nick Krause, Patricia Hastie
Pays États-Unis Date de sortie 25 janvier 2012
Genre Comédie, Drame Durée 1h55
Budget 20 000 000 $
Un riche propriétaire foncier recherche, avec ses deux filles, l’amant de sa femme dans l’espoir de garder sa famille unie.

Critique

Alexander Payne avait réalisé l’émouvant Monsieur Schmidt qui avait donné à Jack Nicholson l’un de ses derniers grands rôles. Il revient avec Georges Clooney pour un film dans la même veine, à savoir un subtile mélange entre la comédie et le drame: la vie en somme.

Comme pour Monsieur Schmidt, The Descendants repose sur un sujet difficile : la perte d’un être cher. Une femme pour le mari, une mère pour les enfants. Alors que cela peut être synonyme de pathos à gogo avec des larmes exagérées, des femmes qui s’écroulent sur le sol en criant toute leur misère et reniant Dieu. Il est loin d’être le cas dans le nouveau film d’Alexander Payne. Car la femme en question n’a pas été rose avant d’être fauché par un accident stupide. Elle avait trompé son mari et son aînée était au courant, elles s’étaient quittées fâchées. Cela est bien plus terre à terre que la plupart des films et permet une certaine originalité sur la façon de faire le deuil.

Le film débute de la plus belle des manières avec une destruction du mythe d’Hawaï avec un humour grinçant sur une voix off du père Nespresso. Assurément un des meilleures passages du film qui se termine avec un magnifique « Le paradis, va te faire foutre ! ». Il permet aussi de faire la connaissance avec cet homme qui se retrouve seul avec deux filles à charge. Deux filles dont il ne s’est que peu occupé.

Je voudrais m’arrêter un instant pour exhiber une réflexion sur l’utilisation de la voix off. Je regrette que ce procédé ne soit pas plus utilisé car il permet de rapprocher le cinéma du roman. Il permet de faciliter la « sympathisation » avec le personnage principal et réveille donc notre empathie. On saisit alors tous les enjeux dramatiques et on connaît les réflexions du héros de l’histoire surtout sa façon de voir la vie (qui est unique pour chacun des êtres sur terre). Pour The Descendants, le procédé est très bien utilisé car il n’est pas omniprésent, il nous aide à cerner le personnage de Clooney et en plus, il nous offre des perles de répliques grinçantes comme « Attention à Hawai, ce n’est pas parce qu’on s’habille comme un clodo qu’on n’est pas riche ».

Pour perfectionner cette histoire de deuil et de retrouvailles et pour assister le toujours impeccable Gorgeous George (les daubes de sa filmographie touffue se compte sur les doigts de la main), on trouve deux excellentes actrices : Shailene Woodley et Amara Miller. La première, jouant la sœur aînée, est surprenante de justesse (détestable au premier abord, elle se révèle être bien plus au fur et à mesure qu’on avance dans le film). La petite Amara Miller est tout simplement extraordinaire, elle est véritablement authentique et vivante (et c’est très rare que je dise ça d’un enfant acteur, la plupart du temps, ils ont plutôt tendance à m’énerver). Surtout elle dispose d’excellentes répliques très drôles. Nick Krause, jouant le quatrième larron de la bande, est aussi un personnage à double tranchant (un gros con en apparence, humain quand on creuse). C’est là, la grande force de The Descendants : de proposer des personnages vivants qui au service d’un joyau de script font du film, un film vivant dans un cadre atypique bien loin des clichés digne des publicités d’agence de voyages.

Le cadre est aussi un des points forts du film. L’histoire, se déroulant dans un nouvel environnement pour la majorité des spectateurs nous permet de nous faire découvrir un nouveau monde dont finalement les habitants ne sont pas si éloignés de nous. Une surprise tant Hawaï est associé à des gens peu vêtues et se baladant avec des ukulélés. Un vestige des clichés que le film détruit avec délicatesse.

On retiendra juste une fausse note survenant à la fin. Un moment too much…

Spoiler

…, la scène où la femme de l’amant vient au chevet de la défunte, …

…alors que le film avait réussi à les éviter jusque là en nous emmenant zigzaguer à merveille entre l’humour et le drame pour une fois arrivé à la fin de la course, on sorte avec un petit sourire aux lèvres, satisfait d’avoir vécu une belle aventure humaine en compagnie de si beaux personnages.

Conclusion

The Descendants propose une belle réflexion sur l’amour, les relations humaines, l’attente de la vie, le travail, l’héritage pour nos enfants, la famille. La vie et la mort. Oui, on ne pourrait pas faire plus beau compliment pour ce film que : « Un film vivant ».
+ – des acteurs touchants d’humanité
– des répliques ravageuses et drôles
– un cadre atypique
– une belle leçon sur la vie et la mort
– une fausse note vers la fin du film
Trophée8/10
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