Critique : Le Majordome

Il était une fois en Amérique… Afro-américaine

Fiche

Titre
Le Majordome
Réalisateur Lee Daniels
Scénaristes Lee Daniels, Danny Strong
Acteurs Forest Whitaker, Oprah Winfrey, David Oyelowo, Cuba Gooding Jr., Lenny Kravitz, Terrence Howard, John Cusack, Mariah Carey, Jane Fonda, James Marsden, Vanessa Redgrave, Alan Rickman, Liev Schreiber, Robin Williams, Alex Pettyfer, Melissa Leo
Titre original Lee Daniels’ The Butler Date de sortie 11 septembre 2013
Pays États-Unis Budget 25 000 000 $
Genre Biopic, Drame Durée 2h 12

Le jeune Cecil Gaines, en quête d’un avenir meilleur, fuit, en 1926, le Sud des États-Unis, en proie à la tyrannie ségrégationniste. Tout en devenant un homme, il acquiert les compétences inestimables qui lui permettent d’atteindre une fonction très convoitée : majordome de la Maison-Blanche. C’est là que Cecil devient, durant sept présidences, un témoin privilégié de son temps et des tractations qui ont lieu au sein du Bureau Ovale.

À la maison, sa femme, Gloria, élève leurs deux fils, et la famille jouit d’une existence confortable grâce au poste de Cecil. Pourtant, son engagement suscite des tensions dans son couple : Gloria s’éloigne de lui et les disputes avec l’un de ses fils, particulièrement anticonformiste, sont incessantes.

À travers le regard de Cecil Gaines, le film retrace l’évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés. De l’assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des « Black Panthers », de la guerre du Vietnam au scandale du Watergate, Cecil vit ces événements de l’intérieur, mais aussi en père de famille…

Critique

Le Majordome a accompli un haut-fait. Il a réussi à faire pleurer l’homme le plus puissant du monde libre. Oui, il a fait pleurer le gars qui avait une baraque aux Ba’ma (abréviation des Bahamas)… Désolé, pour le jeu de mot vraiment pourri sur Barack Obama. Je suis sûr que tu n’avais même pas deviné de qui je parlais tellement c’était mauvais. Tu ne m’en veux pas trop ? On peut continuer sur la critique du film ? Allons-y.

D’après une histoire vraie, de quoi faire vibrer la corde sensible en n’ayant même pas commencé le concert. Il faut dire aussi que le réalisateur Lee Daniels n’est pas à son coup d’essai. Il avait déjà signé le social porn Precious, une galère sociale dont on n’en ressortait pas indemne. Toutefois, à l’inverse de Precious, il en montre moins dans Le Majordome. La violence est amoindrie. Nettement, quand on sait ce qu’il s’est réellement passé.

Le Majordome ne cède pas à la mode des biopics se focalisant sur une portion du temps ou se contentant de faire un film Wikipédia.

Ce qui fait plaisir dans Le Majordome, c’est qu’il ne cède pas à la mode des biopics qui se focalisent sur une portion du temps (Diana, My week with Marilyn, Hitchcock) ou alors, qui se contentent de faire un film Wikipédia (Jobs). Le film de Lee Daniels dispose d’une vraie envergure. En faisant dérouler son histoire sur un laps de temps très long, débutant avec l’enfance du héros jusqu’au coucher de soleil de sa vie. Et il s’en est passé des choses durant ces années. C’est tout simplement l’histoire de l’Amérique qui défile sous nos yeux tout en prenant soin de rester sous le point de vue des noirs. On peut alors aisément constater l’évolution des mentalités en Amérique et les politiques des différents gouvernements et leurs impacts sur la communauté afro-américaine. Il me semble qu’aucun film, à ce jour, n’avait accomplit une telle tache, la plupart se contentant (ou préférant) de se focaliser sur un personnage comme le Malcolm X de Spike Lee ou l’Ali de Michael Mann.

Toute l’intelligence dans Le Majordome, c’est de ne pas avoir cantonné son intrigue à un seul personnage, en l’occurrence Cecil Gaines (un personnage inventé inspiré par Eugene Allen, majordome de huit présidents entre les années 50 et 80). Le long-métrage suit aussi le parcours du fils, Louis Gaines (impeccable David Oyelowo). Un procédé permettant d’observer l’évolution de la condition de la communauté afro-américaine avec aussi les controversés Black Panthers. Car entre nous, un film ne faisant que suivre un excellent majordome dans son quotidien, disons-le tout de suite, on se serait fait sacrément chier. Car un bon majordome ne s’implique pas dans les affaires de ses employés.

Un véritable soin a été apporté à l’écriture car le film bouleverse autant qu’il fait rire (on rit très souvent de bon cœur – mention spéciale à la scène de la prison avec les deux frères Gaines). Lee Daniels parvient parfaitement à faire le yo-yo entre l’humour et l’émotion. Un procédé pas si évident à maîtriser. Dommage que la réalisation ne suive pas vraiment. Si elle est très solide, elle manque un peu d’ampleur pour faire basculer Le Majordome dans une autre dimension. Trop académique, pourrait-on dire.

Le film bouleverse autant qu’il fait rire. On rit très souvent de bon cœur.

Les deux acteurs principaux sont Forest Whitaker et Oprah Winfrey. Si le premier n’a rien à prouver, la seconde m’a surpris, mais vraiment. Je ne m’attendais pas à voir une excellente actrice. Certes, elle avait été nominée pour un Oscar pour son rôle dans La Couleur Pourpre, mais n’ayant jamais fait carrière dans le cinéma, je me suis dit qu’elle n’avait peut-être pas le talent pour. La vraie raison, ce serait plutôt qu’elle n’en ait pas vraiment besoin. Bref, dans Le Majordome, elle est d’une justesse tout simplement épatante. En tout cas, après la prestation mémorable de Mariah Carey dans Precious, ça fait deux non-actrices qui explosent sous la houlette de Lee Daniels.

La longue liste de stars qui parcourent le film est stupéfiante. Profitons-en pour s’attarder un peu à la Maison Blanche. On observe avec délectation, les différents styles de président et leurs impacts sur la Maison Blanche. J’ai été emballé par les Kennedy, choqué par Johnson, j’ai eu du mal à reconnaître l’homme derrière Eisenhower, j’ai ricané intérieurement devant le comportement de Nixon, j’ai été subjugué par Reagan (un président très peu représenté au cinéma). Le Majordome est l’occasion de découvrir les dessous de la Maison Blanche et met en valeur ces hommes et femmes de l’ombre qui entretiennent cet illustre monument.

Pour finir, un point final avec un 😯 pour Alex Pettyfer.

Conclusion

J’ai chialé, j’ai rigolé, j’ai été épaté, j’ai été outré ; Le Majordome est un de ces rares films capables de vous faire traverser par plusieurs états en une seule projection. Les deux heures dix sont passées à une vitesse !

+ – Le casting, malgré sa profusion, est impeccable
– Émouvant
– Drôle
– LE film sur la communauté afro-américaine
– Réalisation trop académique
Trophée9/10
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