Une rencontre plutôt saignante
Fiche
Titre | Get Out | Titre VO | Get Out |
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Réalisateur | Jordan Peele | Scénariste | Jordan Peele |
Acteurs | Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener, Erika Alexander | ||
Date de sortie | 03 / 05 / 2017 | Durée | 1h 43 |
Genre | Horreur, Thriller | Budget | 4 500 000 $ |
Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable. |
Critique
Get Out de Jordan Peele
Get Out ou plutôt Get the fuck Out est le film qui, si Jordan Peele ne l’avait pas pensé, personne n’y penserait. Ou si on y pensait, on n’oserait pas le faire, car le sujet qui est traité est très sensible et impose un problème historique qui n’a jamais au grand mot été réglé dans toute l’histoire de l’humanité : l’esclavage.
Jordan Peele est connu plus sur un registre de comédie avec MadTV. Son partenaire pro Keegan-Mickael Key avec qui il a fondé le groupe Key&Peele ont connu un franc succès. Ils ont même fait une apparition dans la saison 1 de Fargo.
Le sujet de ce film est particulièrement sensible parce qu’il met en évidence une caste de la population qui n’a pas digéré la fin de l’esclavage de la population africaine. Je préfère préciser, car il faut savoir que d’autres peuples ont connu cette campagne inhumaine en Europe et dans les pays arabes et cela existe encore. Ce qui n’est pas une excuse pour se dédouaner des effets que cela peut occasionner sur le mental des peuples.
Peele fait appel à deux acteurs « néfastes » pour l’inconscient : la neurochirurgie et le mesmérisme (hypnose).
Ce qui est important de noter, c’est que ce n’est pas un film sur l’esclavage à proprement parler. L’esclavage est une suite logique d’événements qui ont conduit notre héros à connaître l’envie de Get the fuck Out. Ça tombe Peele poil !
Il était une fois : Chris au pays des merveilles
Chris est amoureux fou de sa belle et ce n’est qu’au bout de quatre mois de vie de couple avec sa compagne Rose qu’elle veut lui présenter sa famille. Même moi, je n’aurais pas osé. Mais pour une fois, ça passe. Il va s’en suivre des événements très subtils, mais distinctifs sur lesquels le réalisateur insiste au travers de plans très émotionnels. On flirte avec la sensibilité du psychopathe et la sensibilité naturelle incarnée par Chris.
En effet, le psychopathe est toujours attiré pour ses intérêts égoïstes envers les autres. Et le suspens s’ajoute avec cette naïveté naturelle de Chris. La manière dont Daniel Kaluuya incarne le personnage de Chris me fait moi-même peur. Il part avec tous les désavantages du personnage héroïque qui est loin d’en être un. Son terrain hostile soulève beaucoup de questions. Il incarne le pardon, l’amour et la continuité et doit faire face à la haine, la trahison et la ruse.
Tout cela qui, passé au mixeur devient un cocktail de violence justifiée ou non.
Get in the personnages
S’il y a un jeu qui a attiré mon attention côté personnage, c’est bien celui de Katherine Keener alias Missy Armittage. Elle est d’une telle finesse que la manière dont elle se présente à Chris est à double tranchant. Elle se présente comme une mentor et donneuse de leçons à la fois. Tout comme le personnage de Dre, ami de Chris, il incarne la conscience. Le régulateur de conscience. Un brin de sagesse d’esprit qui sert de GPS au héros.
Dans ce film, Peele ne prend pas de parti-pris pour tel ou tel personnage. Il fait un exposé de la triste réalité humaine en prenant un cercle de nostalgiques de la razzia négrière. Plus particulièrement nostalgiques des aspects avantageux que ça pouvait leur apporter. Qu’ils soient sexuels, pécuniaires et/ou religieux.
Par Nick Songs, le19 mai 2017.
Conclusion
Get Out ou plutôt Get the fuck Out est une douche froide. Pour faire un tel film, il faut avoir été sensibilisé par ce genre d’histoire sombre. On est sur un problème soulevé à l’échelle des peuples. On est loin du film classique. On baigne un peu dans l’American Nightmare et You’re Next tout en touchant un point sensible non résolu de l’histoire. Et le résultat est abordable pour les âmes conscientes et non conscientes.
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9/10 |
Une parodie de taille qui prouve que l’humour est une des clés de la paix :