Critique : Train Dreams

The Life of Robert

Fiche

Titre Train Dreams Titre VO
Réalisateur Clint Bentley Scénaristes Clint Bentley & Greg Kwedar, d’après le roman de Denis Johnson
Acteurs Joel Edgerton, Felicity Jones, Clifton Collins Jr., Kerry Condon, William H. Macy
Date de sortie21 / 11 / 2025 (Netflix) Durée1h 42
GenreDrame Budget10 000 000 $

Entre histoire d’amour et deuil, un bûcheron vit un paisible état de grâce dans le monde en pleine mutation du début du 20e siècle en Amérique.

Critique

Ce qui est parfois désespérant avec Netflix (ou plus précisément son algo), c’est que des films très moyens sont mis en avant alors que de vraies pépites sont noyées. C’est exactement ce qui est arrivé à Train Dreams. Sans être tombé sur quelques bonnes critiques, je n’aurais même pas su que ce film existait.

Bref, après ce petit coup de gueule, je lance le visionnage sans rien savoir de l’histoire, sinon qu’il ne s’agit pas d’un spin-off de The Big Bang Theory consacré à la passion de Sheldon Cooper, et qu’apparemment on parle d’un bûcheron — à en croire l’affiche. Un bûcheron d’ailleurs joué par l’oncle de Luke Skywalker. Premier choc : le cadrage de l’image. On est sur un ratio proche du 4/3. « Oh, c’est dommage », me suis-je dit. « On ne va pas pouvoir admirer les splendides décors qui se devinent déjà sur les premiers plans. »

Une bobine perdue du siècle dernier

Mais finalement, alors que la voix off nous narre l’histoire de Robert Grainier, la magie prend forme. Comme si on avait retrouvé une bobine perdue du début du siècle dernier. L’excellente écriture de cette voix off donne à Train Dreams une puissance rare au cinéma. On prend de la hauteur par rapport au récit, comme si nous étions le Gardien Uatu observant la vie d’un homme… tout en se retrouvant profondément attaché à Robert.

Il faut dire que la performance de Joel Edgerton est époustouflante. Il prononce peu de mots, mais son visage et surtout ses yeux suffisent pour lire instantanément l’état d’esprit de son personnage.

J’avais peur que le récit devienne ennuyant à cause de son rythme lent. Mais ce n’est qu’un faux rythme lent : le film n’hésite pas à faire des sauts dans le temps dès qu’il n’y a plus rien à raconter (y a urgence avec 80 ans de vie à résumer en 1h 42), pour ne garder que les moments forts. Comme le film de notre vie qu’on verrait juste avant d’entrer dans la lumière blanche. Et des moments forts, il y en a — beaucoup. Car si la vie de Robert Grainier peut sembler simple, elle n’est pas exempte de tragique. Plusieurs fois, la performance de Joel Edgerton m’a ému jusqu’aux larmes.

Au final, j’ai eu la sensation de flotter (rien à voir avec Ça, si ce n’est que Train Dreams partage une séquence d’incendie traumatisante) aux côtés de Robert, comme si j’avais vécu une vie entière au début du siècle dernier. Une vie tellement différente de la nôtre que l’expérience en vaut clairement le détour. Et le tout avec des décors d’une beauté renversante — la photographie d’Adolpho Veloso fait des ravages.

Par marqué par l’expérience.

Conclusion

Train Dreams m’a laissé avec cette sensation étrange d’avoir traversé la vie d’un autre, dans une époque qui n’est plus la nôtre. Une parenthèse sublime et bouleversante.

+

  • Une voix off magnifiquement écrite
  • La performance bouleversante de Joel Edgerton
  • Une réalisation onirique

9/10
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