Fiche
Réalisateur | Guy Ritchie (Sherlock Holmes) |
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Scénaristes | Michele Mulroney, Kieran Mulroney (Paper Man) |
Acteurs | Robert Downey Jr. (Iron Man), Jude Law (Hugo Cabret), Noomi Rapace (Millénium version suédoise), Rachel McAdams (Minuit à Paris), Jared Harris, Stephen Fry, Kelly Reilly |
Titre original | Sherlock Holmes: A Game of Shadows | ||
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Pays | USA | Date de sortie | 25 janvier 2012 |
Genre | Action, Aventure, Crime, Mystère, Policier | Durée | 2h07 |
Budget | 125 000 000 $ |
Sherlock Holmes a toujours été réputé pour être l’homme à l’esprit le plus affûté de son époque. Jusqu’au jour où le redoutable professeur James Moriarty, criminel d’une puissance intellectuelle comparable à celle du célèbre détective, fait son entrée en scène… Il a même sans doute un net avantage sur Holmes car il met non seulement son intelligence au service de noirs desseins, mais il est totalement dépourvu de sens moral. Partout dans le monde, la presse s’enflamme : on apprend ainsi qu’en Inde un magnat du coton est ruiné par un scandale, ou qu’en Chine un trafiquant d’opium est décédé, en apparence, d’une overdose, ou encore que des attentats se sont produits à Strasbourg et à Vienne et qu’aux États-Unis, un baron de l’acier vient de mourir…
Personne ne voit le lien entre ces événements qui semblent sans rapport, hormis le grand Sherlock Holmes qui y discerne la même volonté maléfique de semer la mort et la destruction. Et ces crimes portent tous la marque du sinistre Moriarty. Tandis que leur enquête les mène en France, en Allemagne et en Suisse, Holmes et Watson prennent de plus en plus de risques. Mais Moriarty a systématiquement un coup d’avance et semble tout près d’atteindre son objectif. S’il y parvient, non seulement sa fortune et son pouvoir seront sans limite, mais le cours de l’Histoire pourrait bien en être changé à jamais… |
Critique
On ne change pas un équipe qui gagne et pour cette suite, quasiment la totalité de l’équipe est conservée avec en fer de lance le trio Guy Ritchie/Robert Downey Jr./Jude Law. Out Blackwood et bienvenue au plus grand ennemi de Sherlock Holmes, le professeur James Moriarty.
Le film prend place peu de temps après le premier et commence de belle manière. On comprend alors que rien ne sera chamboulé, la Sherlock’s touch est conservé quitte à perdre en originalité. Car le premier avait très fort de ce côté en proposant un univers londonien des plus réussis avec un duo Holmes/Watson n’ayant rien à envier aux meilleurs buddy movies et surtout remis à jour. Les deux se lancent inlassablement des vannes et se soutiennent dans les phases d’actions.
La grosse attente concernant cet opus était surtout la présence de Moriarty, habilement introduit dans le premier via des plans où son visage était masqué dans le noir, lui conférant alors une aura maléfique faisant presque trembler à la prononciation de son nom tel un croque mitaine. Grosse désillusion pour cet opus, le professeur fait tomber le rideau dès la première scène où il apparaît. Ainsi donner un visage à un nom contribue beaucoup à la démystification du personnage (même constat pour le terrifiant Voldemort dans Harry Potter). Même si l’acteur est bon, il est parfois loin d’être aussi inquiétant que le Blackwood du premier opus. Surtout on avait appris dans le premier que Sherlock Holmes était immortel, capable de se sortir des pires situations dès lors, ce deuxième opus se visionne sans vraiment d’inquiétude pour les personnages Holmes/Watson. On nous prive alors d’un atout primordial pour faire monter la sauce.
Comme si Guy Ritchie le savait, il se contente d’afficher des scènes d’action ultra-spectaculaires, poussant le bouchon encore plus loin que dans le premier. Si vous voulez tous les voir, il suffit de visionner la bande annonce (merci, sic). En témoigne de son savoir-faire de réalisateur, comme dans le premier, il essaie de réinventer ces scènes d’action en utilisant des procédés rarement utilisés. Ça donne à ses scènes une espèce de poésie, de successions de tableaux dédiés à la violence. Surtout visible lors du passage dans les bois où le réalisateur réutilise à sa sauce un procédé cher à Snyder, l’avance rapide/arrêt sur image. On sera alors soufflé par la qualité des effets quasiment invisible à l’œil nu.
De Fast en Furious, il récupère ce délicieux passage où la caméra bifurquait dans un moteur en images de synthèse pour démontrer l’utilisation de la nitro. Cette fois-ci, ce sera utilisé pour démontrer le tir d’une balle tout en alliant une scène ingénieuse où Sherlock fait l’étalage de son savoir faire. Décidément, Guy Ritchie a un talent fou pour les scènes d’actions à défaut d’avoir su installer une atmosphère inquiétante et de poser des bombes dramatiques (des twists). On notera aussi un plan rappelant la scène culte de Le Royaume de Ga’Hoole,…
…lors de la supposée mort de Sherlock Holmes, il tombe dans le vide. Guy Ritchie met en place un ralenti sur le visage d’Holmes et une musique à base de notes simplistes. Le temps se fige et on voit ainsi les gouttes prendre forme conférant à ce plan une aura poétique à faire hérisser les poils des bras. Ce qui n’est pas sans rappeler la fameuse scène où Soren fait appel à son gésier au plus fort d’une tempête.
Décidément le style blockbuster Ritchie/Snyder se ressemble beaucoup.
Les deux compères Robert Downey Jr/Jude Law ne changent pas leur jeu d’un iota et prennent la suite du premier épisode. Ça fonctionne donc pourquoi vouloir changer en tout cas, Sherlock Holmes risque de coller à la peau de Robert comme le capitaine Jack Sparrow colle à celui de Johnny Depp. D’ailleurs, on s’amusera parfois à retrouver des similitudes entre les deux personnages, des vrais excentriques.
L’humour est toujours aussi bon et encore une fois dans la lignée du premier. Comme vous pouvez le deviner, Sherlock Holmes est une suite intelligente car elle ne sera ni moins bonne mais ni meilleur que le premier, une suite parfaite arrivant à prolonger l’aventure sans qu’on n’y trouve rien à redire.
Parlons vite fait de Noomi Rapace, l’actrice qui avait explosée avec son rôle de Lisbeth Salander dans le Millenium suédois et dont la prestation m’avait bien plus époustouflé que celle de la nouvelle. C’était donc avec attente que je guettais son rôle de gitane mais malheureusement le résultat est bien loin de mes espérances. Elle ne s’affiche que comme potiche, un rôle malheureusement si courant dans ces blockbusters hollywoodiens. Elle semble totalement envoûtée par le duo de stars limite hallucinée par la complicité affichée par les deux compères. Pour une première excursion, c’est plutôt mitigée mais bon, il y avait deux monstres du cinéma en face.
Le style « enquête/investigation » ne change pas et tourne un peu au n’importe quoi surtout que seuls les enjeux passifs nous sont révélés. Les vrais enjeux (actifs donc) ne nous sont révélés qu’à la fin à l’aide d’un flash-back résumé pour nous éclairer sur les vrais enjeux d’Holmes. En fait, ça ne change pas non plus du premier donc on est préparé du coup, on se déconnecte de cette enquête ne cherchant pas à démêler le vrai du faux (pour cela, vaut mieux s’orienter vers le génial La Taupe). On notera une scène très efficace où il s’agira de débusquer l’assassin parmi six personnages aux côtés de Madame Simza et du docteur Watson. En fait, on comprend bien que ce qui intéressait le réalisateur, ce sont les scènes d’actions, rien d’autre et trop content de disposer d’un énorme budget, l’ex-mari de Madonna s’éclate comme un enfant découvrant ses cadeaux sous le sapin le matin de Noël.
Pour finir, un constat :
la mort d’Irène m’a choqué par la façon dont elle est tournée. Un peu comme si elle ne servait plus à rien et qu’on ne trouvait pas d’autres moyens pour s’en débarrasser. Pauvre Rachel. Je tiens à penser qu’il y avait un moyen de faire mieux et surtout de renforcer la lutte manichéenne Holmes/Moriarty.
Conclusion
Sherlock Holmes 2 est une suite qui fait honneur à son prédécesseur. Elle n’est ni moins bonne mais ni meilleure, elle se contente de rallonger l’aventure donc autant vous dire que si vous n’avez pas aimé le premier, n’y pensez même pas. | |||
+ | – le duo Holmes/Watson – les scènes d’actions – l’humour |
– | – Noomi Rapace peut faire mieux – la lutte Holmes/Moriarty décevante – enjeux dramatiques assez foirés |
7/10 |