Critique : Another Happy Day

Plongée en apnée dans une famille de dégénérés

Fiche

Réalisateur Sam Levinson
Scénariste Sam Levinson
Acteurs Ellen Barkin (She hate me), Ezra Miller (We Need to Talk About Kevin), Kate Bosworth (Superman Returns), Demi Moore (La Famille Jones), Thomas Haden Church (Spider-Man 3), George Kennedy, Ellen Burstyn (la série Big Love), Michael Nardelli, Jeffrey DeMunn (la série The Walking Dead), Siobhan Fallon (We Need to Talk About Kevin), Diana Scarwid
Pays USA Date de sortie 1 février 2012
Genre Comédie, Drame Durée 1h55
Lynn débarque chez ses parents pour le mariage de son fils aîné, Dylan. Elle est accompagnée de ses deux plus jeunes fils, Ben et Elliot. La propension de ce dernier à mélanger alcool, drogues et médicaments ne le prive pas d’une certaine lucidité sur la joie des réunions de famille.

Et la réunion, de fait, est joyeuse : grands-parents réac, tantes médisantes, cousins irrémédiablement beauf.
Sans compter le premier mari de Lynn qui arrive flanqué de sa nouvelle femme tyrannique.

Chaque matin annonce décidément un nouveau jour de bonheur.

Une comédie sur des adultes en guerre, des ados en crise et le mariage qui les rassemble tous… pour meilleur et pour le pire.

Critique

Comédie romantique ? Non. Comédie familiale ? Oui, mais pas dans le sens où on l’entend généralement car Another Happy Day est surtout un film qui manie l’humour noir, ce genre d’humour où la frontière entre le drame et la comédie n’a jamais été aussi mince. Car le point fort de ce film reste son scénario, ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il a remporté un prix au Festival de Sundance. On voit avec le film l’aisance qu’avait Sam Levinson à passer subtilement de l’humour aux moments les plus dramatiques, soit par l’absurde, soit par une réplique bien sentie (dont Ezra Miller a magnétisé les meilleures avec son petit frère dans le film).

Pour son premier film, Sam Levinson, fils du célèbre réalisateur Barry Levinson (Rain Man, Good morning Vietnam, Sleepers), s’est entouré d’un casting peu connu. Le rôle principal fut distribué à Ellen Barkin, une actrice dont la filmographie est essentiellement constituée de seconds rôles. En fait, les deux seules curiosités dans ce casting seront Ezra Miller et Demi Moore puis dans une moindre mesure, Kate Bosworth.

Ezra Miller parce qu’il avait été époustouflant dans We need to talk about Kevin dans le rôle d’un enfant étrange qui vouait sa vie à faire souffrir sa mère. On était donc curieux de voir comme il allait s’en sortir dans ce nouveau rôle. Demi Moore, ben parce que c’est Demi et on est toujours curieux de voir comment elle va s’en sortir surtout qu’elle se fait plutôt rare au cinéma et en plus, elle fait une flopée de merdes récemment.

Sans aucune surprise, les deux acteurs sont excellents dans deux registres différents. Ezra dans le rôle d’un fils junkie, adepte du franc parler, il est sans aucun doute l’attraction du film (on se glace parfois le sang à retrouver le regard de Kevin). Demi dans le rôle d’une peste parfaite, ce genre de femme qu’on déteste de tout son cœur, le genre qui nous donne envie de rentrer dans le film afin de pouvoir l’humilier mais Ezra s’en chargera pour nous. Demi Moore s’y donne à fond et livre une belle prestation.

De l’autre côté, le reste du casting est plutôt bon, la mère Ellen Barkin est touchant de fragilité même s’il en devient parfois énervante à pleurer toutes les cinq minutes. Kate Bosworth joue une fille d’une fragilité démonstrative, qu’on a envie de protéger contre le monde. Thomas Haden Church, un père bourru complètement à la ramasse. Ellen Burstyn, une grand-mère détestable. George Kennedy, le grand père loufoque et drôle. Mais celui qui m’a fait le plus rire, c’est Jeffrey DeMunn complètement hallucinant avec son partition d’un père dans les nuages.

Dans les seconds rôles, on retiendra certains acteurs franchement mauvais mais mauvais à un point qu’on se demande comment a-t-on pu laisser passer ça ? Ils semblent à côté de la plaque. Mention spéciale à Siobhan Fallon dont le rire absolument faux est dérangeant.

La réalisation de Sam Levinson est loin de rendre hommage à son scénario mais malgré tout, on reconnaître de beaux plans lors des phases sous drogues d’Ezra.

Le truc assez drôle/perturbant, c’est que le film nous propose de pénétrer le temps d’un mariage dans le quotidien d’une famille dysfonctionnelle et minée par une guerre émotionnelle où les membres de la famille se critiquent les uns des autres, sont mesquins (peut-être même sans le vouloir). Cette famille menée en fer de lance par une grand-mère absolument crétine et obnubilée par les apparences (en témoigne ce plan où se refait le visage après un monologue où elle déverse toutes ses angoisses).

J’en viens au truc drôle/perturbant, c’est que c’est typiquement le genre de mondanité qu’on rêve de pouvoir fuir en courant en prenant soin auparavant de balancer à tout le monde un gros « Fuck you, bande d’hypocrites » et voilà qu’on se retrouve à y aller de notre plein gré au cinéma. Mais ce constat n’est valable que dans la première partie. La suite se révèle beaucoup plus borderline donc jouissive avec une multiplication de confrontation résultante de nombreuses années de non-dits. Au milieu de tout ça, Ezra Miller en guide hilarant avec toujours la réplique juste pour nous faire marrer.

Spoiler

On regrettera toutefois une fin abrupte qui nous laisse sans réelle avancée sinon le geste de la grand-mère mais pouvait-il en être autrement ?

Conclusion

Une plongée, le temps d’un mariage, dans la réunion d’une famille dysfonctionnelle. Mêlant avec réussite, humour (certains passages sont franchement drôles) et drame (d’autres passages sont émouvants) sans oublier des confrontations jouissives, le film vaut aussi beaucoup pour la prestation d’Ezra Miller qui confirme après We need to talk about Kevin.
+ – des passages drôles…
– … sans oublier de nous émouvoir
– Ezra Miller et Demi Moore
– des seconds rôles à la ramasse
– sentiments antagonistes
– un début Diesel
6/10
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