Critique : Pacific Rim

Le monstre de l’été

Fiche

Titre Pacific Rim
Réalisateur Guillermo del Toro
Scénaristes Guillermo del Toro, Travis Beacham
Acteurs Charlie Hunnam, Idris Elba, Rinko Kikuchi, Ron Perlman, Charlie Day, Clifton Collins Jr., Burn Gorman, Robert Maillet
Titre original Date de sortie 17 juillet 2013
Pays États-Unis Budget 180 000 000 $
Genre Action, Aventure, Fantastique, Science-Fiction Durée 2h 11

Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses, les « Kaiju », ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes et épuisé les ressources naturelles de l’humanité pendant des années. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les « Jaegers », contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie. Mais même les Jaegers semblent impuissants face aux redoutables Kaiju. Alors que la défaite paraît inéluctable, les forces armées qui protègent l’humanité n’ont d’autre choix que d’avoir recours à deux héros hors normes : un ancien pilote au bout du rouleau et une jeune femme en cours d’entraînement qui font équipe pour manœuvrer un Jaeger légendaire, quoique d’apparence obsolète. Ensemble, ils incarnent désormais le dernier rempart de l’humanité contre une apocalypse de plus en plus imminente…

Critique

Quand Guillermo del Toro avait parlé de faire de Pacific Rim un hommage au kaijū eiga, j’avais ricané un peu intérieurement. Après tout, comment allait-il pouvoir s’en sortir pour ne pas ridiculiser l’affrontement entre créatures géantes, Power Rangers’ Style. Puis, je me suis rappelé qu’on parlait de Guillermo del Toro, auteur du meilleur Blade et de deux excellents épisodes d’Hellboy (dont on attend toujours le troisième mais ça a l’air très mal parti). La campagne virale et les bandes annonces (enfin, pas vraiment la première) m’ont convaincu que Pacific Rim allait être un poids lourd de l’été mais de cette ampleur ? Non, je ne m’y attendais pas.

Je ne sais pas par où commencer tant il y a de choses à dire. Peut-être vite fait par le commencement du projet ? S’il s’est déroulé longtemps entre la sortie de Pacific Rim et son dernier long-métrage, Hellboy II les légions d’or maudites (2008), ce n’est pas pour autant que Guillermo del Toro n’a rien foutu entre temps. Au contraire, il s’est longtemps attelé sur Le Hobbit avant de jeter l’éponge suite aux très nombreux problèmes de production ayant retardé le projet de plusieurs années. Il décida donc d’embrayer sur Les Montagnes hallucinées, l’adaptation d’un formidable récit d’H. P. Lovecraft. C’était la promesse de voir vivre sous nos yeux les fameux Anciens de l’auteur, formidables créatures cauchemardesques dont son représentant le plus connu est Cthulhu. Puis le projet tomba aussi à l’eau. Dépité, Guillermo del Toro décida de se tourner sur un projet qu’il a envisagé depuis un moment et « plus facile » (pour dire « plus vendable »), Pacific Rim est né.

La campagne virale et les bandes annonces m’ont convaincu que Pacific Rim allait être un poids lourd de l’été mais de cette ampleur ? Non, je ne m’y attendais pas.

Si vous avez de la mémoire ou si tout simplement vous êtes un gros fan, vous vous rappelez sûrement du passage des créatures montagneuses dans Le Hobbit : un voyage inattendu. Des créatures de plusieurs mètres de haut qui se castagnaient sous l’œil désemparé de Bilbon. Un passage marquant mais que Pacific Rim balaie en moins de deux. Ses combats sont probablement parmi les plus spectaculaires du cinéma, au même niveau que ceux de Man of Steel (décidément l’été est bien fourni de ce côté – à croire qu’Avengers a lancé la mode l’été dernier). Comme chez Man of Steel, nous avons droit à des séquences de combats en pleine ville et bien évidemment, on a mal au cœur pour les bâtiments qui s’écroulent sous les corps gigantesques des combattants. Mais qu’est-ce que je raconte… On s’éclate à voir les villes se désintégrer au gré des mouvements des guerriers.

Ce sont des véritables combats qui prennent vie à l’écran, comme de superbes transpositions des combats des anime japonais que je n’aurai jamais pu croire adaptable à l’écran. Si un mec m’avait à mes dix ans, que dans quinze ans, un réalisateur mexicain mettrait en scène, avec brio en plus, ces combats dans un film live, je lui aurais ri au nez. En plus, loin de vouloir au style Bay avec ses Transformers qui évoluent en plein jour, del Toro fait de Pacific Rim un film de nuit rendant ses combats encore plus dantesques car ses monstres sont plongés dans les ténèbres. Puis voir avec quelle vigueur les Jaeger et les Kaigu se déchirent au gré des coups, c’est purement jouissif!

La grande intelligence de Guillermo del Toro, c’est de ne pas avoir fait que des combats de robots contre aliens comme la bande annonce pouvait nous laisser croire. Il prend le temps de développer son histoire. Il a même réussi l’exploit à m’arracher une larme et a fait mouiller ses yeux plusieurs fois. Car les moments émouvants sont nombreux. L’un avec le souvenir de Mako (l’une des héroïnes du film) et l’autre avec les adieux entre un guerrier et son partenaire. Parlons brièvement du souvenir de Mako, elle détonne par sa nature à mille lieux du reste du film. On croirait un passage tout droit sorti d’un conte, pour ne pas dire du Labyrinthe de Pan. Voir cette petite fille (incarnée par une époustouflante Mana Ashida) déambuler dans les rues détruites de sa ville, son cœur (symbolisée par une chaussure rouge) à la main, fait ouvrir nos récepteurs émotionnels et commence à attaquer notre cœur. Impossible de ne pas se prendre d’empathie pour cette pauvre fille. La scène coup de cœur.

Ils n’ont pas orienté l’intrigue sur un seul héros mais ont fait un vrai film choral à la Avengers.

Avec Pacific Rim, Guillermo del Toro et son co-scénariste Travis Beacham offrent une surprise : ils n’ont pas orienté l’intrigue sur un seul héros (Charlie Hunnam en l’occurrence) mais ont fait un vrai film choral à la Avengers. Même si le film est axé sur le héros de la série Sons of Anarchy et mémorable dans Hooligans et Les Fils de l’homme, il s’intéresse aussi intimement à ses autres personnages notamment la relation liant les personnages de Rinko « La Ballade de l’Impossible – Norwegian Wood » Kikuchi et d’Idris « Luther » Elba. C’est avec grand enthousiasme qu’on accueille une actrice japonaise pour le premier rôle féminin (ça change des habituelles actrices hollywoodiennes) et en plus, quand elle est aussi juste que Rinko, on ne peut que s’emballer. Un petit coup de cœur pour ses mèches bleues le long de ses pointes.

Même si on est dans un film choral, il faut tout de même souligner l’excellente partition de Charlie Hunnam, franchement efficace dans le premier rôle. Son personnage est assez classique, héros tourmenté par son passé mais l’acteur britannique (de Newcastle pour être plus précis) lui insuffle suffisamment d’humanité pour qu’on s’y attache rapidement.

En plus de ça, nous avons droit à un Idriss Elba hors norme. On avait pourtant échappé au pire car le rôle était à l’origine pour Tom Cruise. Nul doute que le scientologue préféré de la planète n’aurait jamais su arriver à la cheville d’Idriss Elba. L’acteur aussi britannique (d’Hackney par contre) expire le charisme de tous ses pores. Il EST le charisme. Son discours guerrier à l’aube du climax rappelle celui récité par Gerard Butler avant d’aller dîner en enfer dans 300. Son remontage de bretelles de Charlie Hunnam est le genre à faire dire : « oh ben, putain, heureusement que je ne suis pas à sa place ». Mais c’est surtout sa relation toute en retenue avec Mako (Rinko Kikuchi) qui va marquer. Une relation simple, presque inaudible mais pourtant enivrante. Sans aucun doute, Idriss Elba EST la star de Pacific Rim. Espérons que le film lui ouvrira les portes qu’il mérite (il serait temps à 40 ans). En attendant, je vais le retrouver dans la saison 3 de Luther.

Pacific Rim est un blockbuster avec plein d’action, d’émotion et des personnages hauts en couleur (j’ai juste parlé des trois principaux mais il faudrait aussi parler du père et du fils, des rôles clichés qui font mouche mais pour ne pas faire un roman, je vais en faire l’impasse, de toute façon, vous le verrez bien parce que si vous n’avez pas envie de voir le film après ce que je viens d’écrire, je ne sais pas ce qu’il vous faut :-)) mais aussi avec de l’humour. Bien sûr, on n’atteint pas les sommets d’un Marvel (Avengers et Iron Man en tête) mais del Toro en fait un bel étalage. Un humour autant visuel (l’hilarante scène du poing de robot qui transperce des bureaux pour finir…) qu’orale. Si vous êtes un passionné de comédies et des sitcoms américaines, la présence de Charlie Day au casting vous aura mis la puce à l’oreille. Sans surprise, l’acteur est là pour distribuer du rire. Il y réussit franchement même s’il a parfois tendance à en faire trop. En tout cas, ses scènes avec Ron Perlman sont hilarantes (ne manquez pas la scène en plein milieu du générique). Guillermo del Toro aime Ron Perlman, il n’y a plus de doute dessus. Voir avec quel amour est fait son look dans Pacific Rim en est une belle preuve. Mine de rien, c’est leur cinquième collaboration ensemble. Un vieux couple qu’on a hâte de retrouver. Pour l’anecdote, Ron Perlman est le beau-père de Charlie Hunnam dans la série Sons of Anarchy.

Pacific Rim est un blockbuster avec plein d’action, d’émotion et des personnages hauts en couleur mais aussi avec de l’humour.

Après avoir longtemps parlé du casting (parfait, il faut le dire), revenons à nos moutons (qui mesurent une centaine de mètres). L’intelligence de Guillermo del Toro est de débuter le film avec un magnifique résumé des événements. Un résumé où transpire les passages marquants, la créature qui dévaste le pont de San Francisco <3 , avant d’enchaîner sur une scène d’ouverture épique. Le tout servi par les superbes effets spéciaux d’ILM. D’ailleurs, la 3D est particulièrement intéressante car elle permet de mettre en valeur ses protagonistes. On en profite aussi pour mettre des éléments à notre échelle (comme des oiseaux ou des hommes) afin de nous faire prendre conscience de leurs tailles démesurées.

Par contre, petite déception au niveau du look des Kaiju bien loin d’arriver au niveau de Godilla (même celui de Roland Emmerich) ou de Mothra. J’ai trouvé qu’ils ressemblaient un peu trop à des poissons pour me faire peur ou me fasciner. Heureusement, leur bestialité sur le champ de bataille permet de compenser ce déficit de charisme et nous impressionne sincèrement. Euh, je viens de me rappeler que le look du boss est quand même pas mal du tout.

En tout cas, en regardant Pacific Rim, on se dit que Gareth « Monsters » Edwards est sacrément dans la merde pour son Godzilla prévu pour l’année prochaine avec Aaron Taylor-Johnson et Bryan Cranston.

Spoiler

Si le film échappe (de peu) au 10/10, c’est à cause d’un climax un peu décevant. Le pire avec ce climax, c’est Idriss Elba qui meurt sans vraiment de scène à la hauteur de l’acteur et de son personnage (j’aurais aimé un remake de celui du pilote père de famille dans Independence Day). En tout cas, sa mort me fout la rage. Ça veut dire qu’on ne l’aura pas dans Pacific Rim 2… Triste.

Conclusion

On attendait Man of Steel, finalement c’est probablement Pacific Rim qui va hériter de la couronne du blockbuster de l’été (il reste encore un mois et demi avant de se prononcer définitivement). Un titre qui sera peut-être remis en cause à l’occasion de la sortie (s’il y a) de la version longue de Man of Steel (50 minutes auraient été amputées).

+ – Spectaculaire
– Émouvant
– Drôle
– Très bien joué
– Le souvenir avec Mana Ashida
– Idriss Elba
– Que demander de plus pour un blockbuster? Le 2, peut-être?
Trophée9/10
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