Critique : Crazy Joe

Le temps d’un été

Fiche

Titre Crazy Joe
Réalisateur Steven Knight
Scénariste Steven Knight
Acteurs Jason Statham, Agata Buzek, Vicky McClure, Benedict Wong, Ger Ryan
Titre original Hummingbird Date de sortie 10 juillet 2013
Pays Royaume-Uni, États-Unis Budget 2 000 000 $
Genre Action, Thriller Durée 1h40

Ex-soldat des forces spéciales britanniques, Joey Jones se retrouve à la rue dans Londres après s’être enfui pour échapper à un procès en cour martiale. En s’introduisant par effraction dans un appartement inoccupé, il découvre de quoi recommencer une nouvelle vie.

Crazy Joe Photo Jason Statham
« Encore une petite fille à protéger ? Pff… J’ai dit que je ne voulais pas faire Safe 2 ! »

Critique

Toi qui s’apprête à voir Crazy Joe, abandonne tout espoir de voir un film de tatanes. Crazy Joe n’est pas un long-métrage avec Tatane Man mais avec Jason Statham, l’acteur. Un constat plus facilement identifiable si on avait conservé le titre original (Hummingbird) ou au moins traduit (Colibri). Même l’affiche peut induire en erreur via sa tagline annonçant une banale histoire de vengeance et la bande annonce, je n’en parle même pas.

Crazy Joe, c’est l’histoire de Joe, un déserteur devenu SDF (et pourtant, on n’est pas dans un remake de Safe). Tel Rambo, il erre désorienté dans une ville qu’il ne reconnaît pas, un Londres superbement incarnée où la rue est le symbole d’une misère n’ayant rien à renier à celle de Spawn, le héros de comic SDF. Mais un jour, son destin va basculer et c’est l’amorce d’une nouvelle vie…

Toi qui s’apprête à voir Crazy Joe, abandonne tout espoir de voir un film de tatanes.

Crazy Joe m’a surpris. Son style lent détonne dans la filmographie de Jason Statham. Ce dernier incarne un homme certes à part (l’aisance avec laquelle il explose ses opposants est presque surhumaine) mais pourtant détruit par ses démons intérieurs, en témoigne la superbe séquence du cauchemar où assailli par des colibris (foirés certes), il s’en débarrasse avec une lampe de chevet devenue un fusil d’assaut. Au départ, je me suis demandé dans quoi je m’étais embarqué. Pas une trace de bagarre depuis une demi-heure sauf une brève dérouillée.

Le film semble être touché par la grâce avec cette histoire d’amour entre Joe et une nonne (un truc digne d’un fantasme de film X). Une alliance inattendue entre ces deux êtres un peu hors de notre monde, l’un vit dans la rue et du crime, l’autre vit sa vie au service de Dieu et des autres. Deux univers que tout oppose se rencontrent, se jaugent et finissent par se succomber. Malgré tout, difficile d’y croire au début vu le physique ingrat de la bonne sœur (extraordinaire travail effectué via une coupe de cheveux peu attirante et un visage pincé).

Photo du film Crazy Joe réalisé par Steven Knight avec Jason Statham (Joey Jones)
« Ouh là, plus jamais de vodka. »

On peut aussi compter sur une séquence, certes éphémère, mais terrifiante, symbole de l’immigration illégale. Ou comment en deux, trois mouvements instaurer une séquence poétique sur la douleur des hommes avec une vision hors du commun basée sur cette armée de mains. Et au milieu de cette vision de cauchemar, Joe, impassible, déambule tel un héros d’une quelconque mythologie en pleine traversée du Styx. Une séquence WTF tranchant avec le reste du long-métrage qui s’attachait à demeurer réaliste.

Le premier film de Steven Knight (connu pour avoir signé les scénarios de Dirty pretty things, loin de chez eux de Frears et Les Promesses de l’ombre de Cronenberg) est aussi un vigilante dans le style Un justicier dans la ville où Joe prend la suite du moustachu le plus burné du monde. Cela se traduit par d’inévitables séquences de combat ou de tortures.

Au milieu de cette vision de cauchemar, Joe, impassible, déambule tel un héros d’une quelconque mythologie en pleine traversée du Styx.

Fort heureusement, celles-ci se trouvent être correctement chorégraphiées et mises en scènes. Leurs nombres restreints permet de décupler leurs impacts. Indispensable de nos jours où la foule se passionne par un alien qui dévaste une ville entière ou des robots d’une centaine de mètres de haut en plein catch avec les cousins de Godzilla.

Toutefois, Crazy Joe risque de se heurter à une grosse partie du public qui s’attendant à voir un Tatane Movie, va se révolter (la preuve avec le gros con de ma salle qui n’a pas arrêté de se plaindre pendant le film) et puis, bon difficile aussi de louer le scénario très basique et des seconds rôles moyens. En fait, votre relation avec Crazy Joe se résumera à votre empathie par rapport à l’intrigue amoureuse. Bien évidemment, si celle-ci vous passe par dessus la tête, vous n’aurez qu’un film très moyen. Mais merde, ça fait du bien de revoir Jason Statham, l’acteur et non pas le cascadeur. Le voir raconter son traumatisme, ça n’a pas de prix. Le voir avec des cheveux non plus. En tout cas, moi j’y ai cru…

Crazy Joe Photo
« Mais tu vas manger ça, bordel de merde ! Ça fait vingt minutes que je te fais l’avion. »

Conclusion

A ma grande surprise, j’ai été ému par Crazy Joe, un simple vigilante movie touché par la grâce via son intrigue amoureuse réussie. A tel point que je me suis demandé en voyant les mauvaises critiques pulluler sur le net si ce n’est que moi ou quoi? Toi seul, lecteur, peut me donner la réponse.

+ – Jason Statham est toujours un acteur
– Agata Buzek
– Intrigue amoureuse sincère et émouvante
– La séquence dans le container
– Simple vigilante movie
Trophée7/10
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