Bon, la Fox, on arrête là avec eux, hein ?
Fiche
Titre | Les Fant4stiques |
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Réalisateur | Josh Trank |
Scénariste | Simon Kinberg, Jeremy Slater, Josh Trank |
Acteurs | Miles Teller, Kate Mara, Michael B. Jordan, Jamie Bell, Toby Kebbell, Tim Blake Nelson |
Titre original | The Fantastic Four | Date de sortie | 05 / 08 / 2015 |
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Pays | États-Unis | Budget | – |
Genre | Action, Aventure, Science-fiction | Durée | 1h 40 |
Adaptation moderne et résolument nouvelle de la plus ancienne équipe de super-héros Marvel, le film se concentre sur quatre jeunes génies qui se retrouvent projetés dans un univers alternatif et dangereux, qui modifie leurs formes physiques mais aussi leurs vies de façon radicale. Ils devront apprendre à maîtriser leurs nouvelles capacités et à travailler ensemble pour sauver la Terre d’un ancien allié devenu leur ennemi. |
Critique
Rarement un comic movie n’aura été aussi détesté avant même sa sortie. Toutefois, il faut reconnaître que la Fox, le studio producteur du film, ne traine pas une très bonne réputation du côté du genre super-héroïque à cause de leurs très nombreux ratages comme justement le deuxième film des précédents Quatre Fantastiques. Mais là, ils ont littéralement offert le bâton, ou plutôt la poutre, pour se faire battre en multipliant les éléments reniant le matériau d’origine (la leçon n’a toujours pas été apprise). Il n’empêche que malgré tout, j’avais toujours un petit espoir (je me considère comme un éternel optimiste du cinéma). Après tout, les adaptations des X-Men sont dans le même style, mais ça ne les empêche pas de former une bonne saga si on excepte les spin-offs sur Wolverine. Les Fant4stiques est-il dans la même lignée ?
Je commence avec un petit aparté qui m’a fait sourire. Normalement, la Fox m’invite toujours aux avant-premières de leurs films Marvel. Ainsi, elle m’avait invité pour Wolverine: Le combat de l’immortel et X-Men: Days of Future Past. Mais là, nada, peau de zob. Sans doute, avait-elle peur que je massacre le film, surtout en lisant mes billets sur le film. Finalement, le massacre n’aura pas lieu… Juste un démontage.
La première partie du nouveau film de Josh Trank est assez réussie, grâce à un bon rythme et une agréable narration sans oublier une jolie photographie à tendance dark parce que ça fait cool. C’est avec plaisir que j’ai découvert le monde des futurs Quatre Fantastiques. J’y allais même de bon cœur en fermant les yeux sur les changements par-ci et par-là, car il y avait une volonté louable d’adapter la famille Marvel la plus connue de façon « réaliste » tout en conservant l’essence des personnages, il faut aussi comprendre par-là que niveau humour, c’est presque le néant, c’est du sérieux de chez sérieux. De plus, le passage narrant les origines de l’amitié entre Red Richards et Ben Grimm est joliment tourné et laisse envisager de belles choses pour la suite. Des choses qui n’arriveront malheureusement pas. C’est même le contraire. Plus on avance dans le film, de moins en moins bon, il devient.
Une origin story sans surprise
Sans faire de chichis, le gros problème de Les Fant4stiques, c’est qu’il ne s’agit au final que d’une simple origin story très resserré (à peine 1h 46…). On a grosso modo l’impression d’avoir le premier film du diptyque précédent à quelques nuances près comme son côté plus mature. Bémol, en voulant inscrire la récupération des pouvoirs dans un contexte réaliste, le réalisateur fait traîner les choses en longueur (on perd du temps sur des détails futiles comme l’adoption de Susan Storm – histoire d’expliquer la différence de couleur de peau entre elle et son frère). Le pire, c’est que cette partie est nettement plus réussie que la seconde, presque catastrophique, où on a la sensation d’un film schizophrène : La Mouche (version très soft, évidemment) dans un film de super-héros.
Symbole de cette deuxième partie foirée, le personnage de Victor Von Doom (plus connu en France sous le nom de Victor Von Fatalis). Oh mon dieu. Quel désastre ! Si les pouvoirs des Quatre Fantastiques sont respectés à la lettre : Red Richards peut étendre son corps (l’effet est terrifiant à l’écran), Susan Storm se rendre invisible et ériger des champs de force, Johnny Storm devenir une torche humaine et La Chose est une énorme créature de pierre aux yeux bleus (l’absence du service trois pièces m’a bien fait rire !), ceux de Fatalis n’ont rien à voir avec ceux des comics. Je ne vous spoile rien, mais c’est sûr que vous allez penser « What’s the fuck ! » en les découvrant (en tout cas, je l’ai pensé tellement fort que j’ai cru que ça allait sortir par les oreilles). Au même point, on peut critiquer son look. Vraiment très moche. Si on a les grandes lignes de Fatalis en plissant les yeux afin que vos cils filtrent la majeure partie des détails, difficile de retrouver un des meilleurs vilains de l’univers Marvel. Après ça, j’espère qu’Apocalypse ne va pas suivre la même voie parce que là, c’est bon, merci, Galactus, maintenant Fatalis, faut arrêter la fumette, les gars, là. Histoire de nous achever, les scénaristes en ont fait un personnage ridicule en le rendant amoureux de Sue. Bordel, Fatalis, quoi !
Niveau action, il va falloir être très patient, car il n’y a rien à se mettre sous la dent avant le climax. Le pire ? C’est que ce même climax tant attendu est foiré dans les grandes largeurs. À peine digne d’un petit combat de milieu de film Marvel Studios (et encore, un Marvel de la Phase One). On a même l’impression d’avoir une scène d’action du premier X-Men. Soit avec plus d’une décennie de retard. Le truc ringard, quoi. Non, mais sérieux, j’en rigole encore tant c’est pitoyable. Je n’y croyais tellement pas que j’attendais toujours le vrai combat final quand le générique final est apparu (d’un autre côté, j’étais content parce que je n’en pouvais plus). D’ailleurs, aucune scène post-générique au compteur.
Et ce n’est pas fini, les effets spéciaux sont vraiment ratés. Même syndrome que pour les scènes d’action. Des années de retard. La Zone Négative (qui n’est jamais mentionnée en tant que telle) est d’une mocheté sans nom ! C’est d’autant plus effarant quand on nous fout un singe qui sort tout droit de La Planète des Singes. J’ai même pensé : « Oh, un caméo de César pour compenser l’absence de celui de Stan Lee. ». Faut m’expliquer l’intérêt du truc ? Non seulement, c’est moche, mais en plus, ça ne sert à rien vu que le singe ne fait que s’asseoir. Autant prendre un vrai et économiser des milliers de dollars.
Mais en fait, ce n’est pas un film sur les Quatres Fantastiques alors ?
Avec le recul, j’ai comme l’impression de voir un film qui n’est pas sur les Quatre Fantastiques, mais plutôt un long-métrage qui a été tourné peinard en indépendant et qu’un producteur malin a maquillé en modifiant certains éléments pour qu’il puisse devenir Les Fant4stiques (on change le nom des personnages, on rajoute des pouvoirs par effets spéciaux, on tourne de nouvelles scènes). Une pratique d’ailleurs courante vers le milieu du siècle dernier où des producteurs américains achetaient des films étrangers et les remontaient avec des nouvelles scènes faisant intervenir des acteurs américains. En bref, si on enlève le plastique Les Quatre Fantastiques du sandwich, ça reste un bon moyen de contenter sa faim, mais avec le plastique, on manque de s’étouffer par moments. Une belle connerie, en somme. En tout cas, on comprend mieux pourquoi Marvel a absolument voulu se détacher totalement du projet et arrêter les comics.
Parmi mes vrais satisfactions, je retiendrais seulement le casting à l’exception de Jamie Bell (Ben Grimm / La Chose) totalement transparent. J’ai beaucoup aimé Miles Teller en Red Richards. Le mec a vraiment le style du personnage notamment avec cette innocence dans le regard. Kate Mara est une Sue Storm bien plus convaincante que Jessica Alba qui n’était au final qu’une bimbo loin de ce qu’on était en droit d’attendre de la Femme invisible. Les deux auraient été impeccables pour une vraie adaptation des Quatre Fantastiques par Marvel Studios. Quant au controversé Michael B. Jordan, si on excepte la couleur de peau, le mec est un Johnny Storm convenable, avec le côté rebelle qui va bien. Mais bon, si c’est pour récupérer une Susan qui vient du Kosovo…
Par Christophe Menat, le , en direct depuis la Zone Négative (la vraie).
Conclusion
Finalement, nos craintes s’avéraient vraies. Ce reboot de Les Quatre Fantastiques est un comic movie super-héroïque dispensable. Non seulement, il ne s’agit que d’une origin story sans saveur (bonjour, le sentiment de déjà-vu permanent), mais en plus, il n’est pas spectaculaire (ça la fout mal pour le genre). L’esprit du matériau d’origine est plus ou moins respecté notamment au niveau des héros. Mais Fatalis, c’est non. Aussi catastrophique que l’horrible Galactus de Les 4 Fantastiques et le Surfer d’Argent. Je n’en espère plus qu’une chose. Que Les Fant4stiques fasse un flop monstrueux pour que les droits reviennent à Marvel.
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4/10 |