Critique : Le Territoire des loups

Men vs Wild

Fiche

D’après le roman Ghost Walker de Ian Mackenzie Jeffers
Réalisateur Joe Carnahan
Scénaristes Joe Carnahan (écrit tous ses films), Ian Mackenzie Jeffers
Acteurs Liam Neeson, Dallas Roberts, Frank Grillo, Dermot Mulroney, Nonso Anozi, Joe Anderson, James Badge Dale
Titre original The Grey
Pays USA Date de sortie 29 février 2012
Genre Action, Aventure, Drame, Survival, Thriller Durée 1h57
Budget 34 000 000 $
Comme beaucoup de ceux qui choisissent de vivre au fin fond de l’Alaska, John Ottway a quelque chose à fuir. De sa vie d’avant, il garde le souvenir d’une femme, une photo qu’il tient toujours contre lui, et beaucoup de regrets. Désormais, il travaille pour une compagnie pétrolière et protège les employés des forages contre les attaques des animaux sauvages. Lorsque le vol vers Anchorage qu’il prend avec ses collègues s’écrase dans l’immensité du Grand Nord, les rares survivants savent qu’ils n’ont que peu de chances de s’en sortir. Personne ne les trouvera et les loups les ont déjà repérés. Ottway est convaincu que le salut est dans le mouvement et que la forêt offrira un meilleur abri. Mais tous ses compagnons d’infortune ne sont pas de son avis et aux dangers que la nature impose, s’ajoutent les tensions et les erreurs des hommes. Eliminés par leurs blessures, le froid, les prédateurs ou leurs propres limites, les survivants vont mourir un à un. Ottway va tout faire pour survivre avec les derniers, mais quelle raison aurait-il de s’en sortir ?

Critique

Ne vous y méprenez pas, Le territoire des Loups est un survival pur et dur qu’on pourrait bêtement qualifier d’ersatz terrestre des longs-métrages comme Les dents de la mer ou Peur bleue, le film sympathique avec des requins aussi dopés que les sportifs espagnols (si, si, Yannick Noah l’a dit). Seulement Le territoire des Loups (alias The Grey en VO, un bien plus beau titre) va un peu plus loin en posant des réflexions inattendues sur la survie et la foi grâce à une écriture soignée et des personnages suffisamment étoffés pour qu’on s’y attache.

Tout commence avec John Ottway (Liam Neeson), un mec déprimé et enclin au suicide. Déjà le réalisateur pose la forme qui suivra tout le film, un mélange brut qui rappelle les documentaires avec ce grain d’image parasité (avec des petits points bleus/violets). Un style qui ajoute un aspect réaliste au film et une immersion accrue. La voix off, un pur régal, balance beaucoup de répliques très bien senties tournant autour d’une histoire d’amour déchue mais surtout le désir des Hommes (famille, amour, besoin primitif). Car Le territoire des Loups, en plus d’être un survival efficace, est aussi une réflexion sur notre humanité et nos désirs de survie.

Ces hommes tombés dans le désert glacé du Nord ne vivent plus, ils survivent. Face à l’appel de la nature, ils laissent exprimer leurs instincts les plus primaires. Un par un, ils tombent et plus ils avancent, plus la nature resserre son inoxydable étreinte. S’en sortiront-ils ?

Spoiler

En tout cas, mention spéciale à la fin, bien tragique comme il faut et surtout on ne pouvait pas rêver mieux grâce à la réalisation de Joe Carnahan et la prestation de Liam Neeson faisant monter la sauce à chaque plan. Mon dieu, ce dernier plan fixe sur le visage « néerdenthalien » de Liam qui se plisse pour se lancer au combat !

Les scènes d’actions sont très efficaces et ce, malgré des animaux entièrement en images de synthèse. Pourtant tout le monde vous le dira, les animaux, homme compris, sont probablement les créatures les plus dures à simuler en images de synthèse (surtout en termes d’animations). Joe Carnahan réussit à ne pas nous déranger de ce côté, soit en zoomant un maximum sur les phases d’attaques animales, nous mettant au même niveau que ces hommes attaqués où la panique prend le pas sur la raison, ce qui explique ces plans vives et saccadés où seul des détails nous apparaissent. Au-delà de nous permettre de ne pas être dérangé plus que mesure par ces faux animaux, cela nous permet aussi de vivre cette panique à l’intérieur. On notera tout de même quelques bémols surtout durant la scène du saut au bord de la falaise où une incruste absolument dégueulasse se fait voir.

La réalisation multiplie les procédés absolument délicieux afin de dynamiter le film malgré son sujet peu enclin (ce que 127 Heures n’avait pas vraiment réussi à faire malgré un début en fanfare). Le must de cette réalisation survient lors des rêves dont le réveil brutal coïncide à merveille avec le sentiment qu’on a lorsqu’on est arraché de force des bras de Morphée.

Malgré tout le film a quelque petits défauts. Rien de gênant, je vous rassure, juste une certaine prévisibilité dans son déroulement pourtant le début laissait envisager un long-métrage qui allait dynamiter les codes du genre :

Spoiler

franchement, lorsque John Ottway balance au blessé dans l’avion : « Tu vas mourir ! », on est halluciné. C’est probablement la première fois que j’entends cette phrase dans une telle situation mais c’est surtout cette façon pudique qui marque le plus, probablement une des meilleures scènes du film et de loin.

Conclusion

Finalement Le territoire des Loups n’innovera en rien pour le genre Survival mais ce qu’il accomplit le place directement dans les meilleurs films du genre bien aidé par un scénario au poil avec des personnages bien brossés et des scènes d’actions efficaces. Un long-métrage qui balance définitivement aux oubliettes la daube Vertical Limit.
+ – scènes d’action efficaces
– bonne narration
– Liam Neeson is the best
– le final
– trop prévisible dans son déroulement
– une scène foirée niveau incrustation de décors
7/10
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