Critique : Le Loup de Wall Street

Incarné par celui d’Hollywood

Fiche

D’après l’autobiographie de Jordan Belfort
Titre Le Loup de Wall Street
Réalisateur Martin Scorsese
Scénariste Terence Winter
Acteurs Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie, Matthew McConaughey, Kyle Chandler, Rob Reiner, Jon Bernthal, Jon Favreau, Jean Dujardin
Titre original The Wolf of Wall Street Date de sortie 25 décembre 2013
Pays États-Unis Budget
Genre Biopic, Comédie, Drame, Policier Durée 2h 59

L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…

Photo du film Le Loup de Wall Street réalisé par Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio
« Zlatan who ? I’m the real One ! »

Critique

Gangs of New York (2002), Aviator (2004), Les Infiltrés (2006), Shutter Island (2010) et Le Loup de Wall Street (2013). Affirmer que Leonardo DiCaprio est l’acteur fétiche de Martin Scorsese tient donc de l’euphémisme. Il faut dire que le réalisateur né à Long Island a trouvé un acteur capable de tout jouer. Quoi qu’il fasse, Leo tire son épingle du jeu et livre des prestations mémorables. Il l’avait encore prouvé avec son rôle d’esclavagiste dans Django Unchained. Toutefois, il crève littéralement l’écran dans Le Loup de Wall Street. Et si c’était lui, le Loup d’Hollywood ?

Autant dire les choses franchement, si avec le film du jour, l’acteur ne gagne pas cet Oscar qui lui échappe depuis si longtemps. On pourra crier au complot de tout notre souffle. Dans la peau de Jordan Belfort, Leo livre une prestation XXL portant le film de la première seconde jusqu’à la dernière, et ce, durant trois heures. Beaucoup se seraient écroulés ou enfuis devant l’ampleur de la tâche, pas Leo. Beaucoup auraient laissé les seconds rôles leur voler la vedette, pas Leo. Leonardo DiCaprio prouve qu’il EST l’acteur le plus talentueux de notre époque.

Leo Oscar 2014 !

Dans Le Loup de Wall Street, il m’a tué ! Il m’a « murderé » ! Ne s’autorisant aucune limite, le meilleur ami de Kate Winslet livre un spectacle hors-norme où se mélange putes, drogues, arrogance, mépris, magouilles, tromperies, arnaques et folie. Le genre de rôle qui ne peut convenir qu’à un acteur capable de provoquer de la sympathie en incarnant un des pires salopards de la Terre. On parle tout de même d’un mec capable de ruiner les économies d’un pauvre plouc du Montana en promettant monts et merveilles pour se faire les poches. Un mec sniffant de la cocaïne en se servant de l’anus d’une prostituée. Un mec se servant de nains pour les lancer sur une cible géante. Qui pourrait aimer ce genre de gars ? Personne. Mais Leonardo réussit la prouesse à nous le rendre attachant. Inconcevable, mais vrai !

Une scène symbolise toute la réussite insolente de l’acteur. Alors qu’il est sous la menace du FBI, il est terrassé par une drogue dure le mettant dans un état presque semblable à celui d’un légume. Jordan Belfort doit alors monter dans sa voiture pour rentrer chez lui. S’en suit une scène H.A.L.L.U.C.I.N.A.N.T.E. où l’énergumène se démène comme un diable pour y parvenir. Une séquence à mourir de rire. Et qui, malgré sa durée, ne faiblit jamais et se termine sur une performance de dingue, impliquant Popeye. Si vous n’avez pas vu le film, je me réjouis d’avance en imaginant votre tête devant la scène. Sans parler du twist. Une scène à mettre direct dans le Hall of Fame.

Il fallait bien quatre paragraphes pour rendre hommage à Leonardo DiCaprio ! Moi, je dis Leo Oscar 2014 ! Leo Oscar 2014 ! Allez, dites-le avec moi, Leo Oscar 2014 ! Alleeeeeeeeeeeeeez.

Le Loup de Wall Street
« Je pense que nous sommes en passe de tourner la scène porno la plus chère de tous les temps ! »

Toutefois, il n’est pas le seul à signer à faire une performance. On peut aussi citer le scénariste Terence Winter, connu pour avoir rédigé les scénarios des séries Les Soprano et Boardwalk Empire, et le réalisateur Martin Scorsese, connu pour avoir signé des petits films comme Raging Bull ou Les Affranchis que personne ne connait.

Terence Winter a su accoucher un script blindé de répliques grinçantes et de situations rocambolesques. Malgré une durée énorme (je n’ose imaginer le pavé que représente le scénario), il aura su condenser les évènements sans perdre en force. Le point culminant est probablement le discours d’adieu de Jordan Belfort, pur moment d’émotion dans toute cette farce. Un truc qui arrive inattendu, comme un cheveu dans une soupe. Sauf qu’au lieu d’être un cheveu, c’est un diamant vingt carats (je ne sais pas si ça fait beaucoup, je n’y connais rien, mais je veux dire que ça coûte la peau du cul). En même temps, il est bien servi par l’histoire. Pas étonnant de savoir que Leonardo DiCaprio et Brad Pitt se sont livré une bataille pour en récupérer les droits.

Le Loup de Wall Street est la vision sans édulcorant de Jordan Belfort sur le monde.

Martin Scorsese fait du Martin. Le réalisateur n’hésitant jamais à bouleverser le schéma traditionnel d’Hollywood pour dynamiter son histoire comme sur Hugo Cabret qui commençait comme un film pour enfants avant de se terminer en véritable déclaration d’amour au cinéma. Il fallait bien ça vu la durée. Martin fait preuve d’un sens de l’humour que je ne connaissais pas chez lui. Tout le film est blindé de petites audaces visuelles (comme la séquence Popeye dont je vous parlais au-dessus). Il n’hésite pas non plus à sortir son héros du cadre cinématographique en brisant le quatrième mur (celui qui sépare les acteurs du public au théâtre). Le Loup de Wall Street dure trois heures et ne les fait que rarement sentir (un bref coup de mou obligatoire vers la fin, les sièges deviennent inconfortables, les jambes sont parsemées de fourmis et certaines vessies implorent le bon Dieu – je plains ceux qui n’ont pas prévu d’aller pisser avant, car le film imposant un rythme d’enfer, difficile de trouver un moment où quitter la salle). Il faut noter que le film ne s’embarrasse pas à essayer de faire du gentiment correct. Son héros est un véritable salaud, et nous voyons le monde à travers ses yeux (juste une infidélité de quelques secondes avec le flic à ses trousses) : un monde rempli de drogues, de putes et d’argent ! Probablement, le meilleur film de Martin depuis plus de dix ans.

Parmi les seconds rôles, on soulignera celui de Matthew McConaughey et sa scène culte (grâce à la bande-annonce) où il se martèle la poitrine. Une scène complètement improvisée par l’acteur ! Jonah Hill est excellent comme d’habitude, ici, il est complètement fou et sort sa quéquette un nombre incalculable de fois. Et en bon chauvin, comment ne pas parler de Jean Dujardin ? Son rôle n’est pas franchement mémorable, mais il flatte un peu l’ego national et sa première confrontation avec Leo vaut le détour ne serait-ce pour le combat en voix off. Terminons avec Margot Robbie, cette actrice m’a tellement dit quelque chose que j’étais persuadé l’avoir déjà vu quelque part. Quelle stupeur en voyant sa filmographie aussi maigre qu’une anorexique : la série Pan Am et le film, Il était temps (voilà, où je l’ai vu !). Bombe sexuelle, elle m’a eu avec sa grève de la culotte.

Mention spéciale aux femmes du film qui ont réussi à me faire transpirer.

Le Loup de Wall Street avec Jean Dujardin et Leonardo DiCaprio
– Hello, I’m Jean… – Yes, I know, you come from the garden. – Oh, you’re so funny, mister DiCaprio.

Conclusion

Avec Le Loup de Wall Street, le duo Scorsese/DiCaprio livre un long-métrage d’un niveau exceptionnel donnant une idée de ce qu’être dans la peau d’un courtier de Wall Street. Un portrait sans moral. Sans AUCUNE moral. Et ce, au lieu de caresser le spectateur dans le sens du poil. Ça fait du bien !

Le Wall Street d’Oliver Stone est désormais has-been.

+ – Leo XXL
– Des seconds rôles mémorables
– Très, très drôle
– Histoire complètement folle
– Réalisation inspirée
– Répliques mordantes
– Un peu long
Trophée10/10
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