Critique : Nymphomaniac – Volume 1

Du sexe, du sexe… et du sexe

Fiche

Titre Nymphomaniac – Volume 1
Réalisateur Lars von Trier
Scénariste Lars von Trier
Acteurs Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgård, Stacy Martin, Shia LaBeouf, Christian Slater, Uma Thurman
Titre original Nymphomaniac : Volume I Date de sortie 1 janvier 2014
Pays Danemark, Allemagne, France, Belgique Budget 9 400 000 €
Genre Drame, Érotisme Durée 1h 50
Interdit aux moins de 12 ansLa folle et poétique histoire du parcours érotique d’une femme, de sa naissance jusqu’à l’âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s’est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l’avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.
Photo du film Nymphomaniac - Volume 1 de Lars von Trier avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgård
« Excuse-moi ? Six mille cinq cent et des poussières d’hommes ! À toi toute seule ? »

Critique

Je ne vais pas revenir sur la promotion du film qui a fait hérisser plus d’un poil de cul d’un coincé du cul. Nymphomaniac était la promesse d’un film érotique n’hésitant pas à parler d’une chose taboue frontalement (encore plus au cinéma) : l’addiction au sexe (même si le génial Shame était déjà passé par là). Une sorte de liant entre le cinéma porno et le cinéma d’auteur. Du moins, c’est que je croyais.

Le problème surgit dès l’ouverture. Un petit message nous informe qu’il s’agit ici d’une version censurée et réduite. Le montage initial de Lars von Trier avait une durée de 5h30. Son producteur se chargea de le couper en deux films pour une durée de quatre heures (avec l’accord de son réalisateur qui, néanmoins, ne s’impliqua pas dans le montage cinéma), soit une heure et demie dans le vent. Du coup, on a déjà l’impression de se faire enculer (sans lubrifiant) alors que ça n’a même pas commencé. Si on va voir Nymphomaniac, c’est pour avoir la vision de Lars von Trier, pas un truc condensé pour se faire du flouze. Dès lors, il m’a fallu un petit moment pour l’accepter.

Nymphomaniac Vol 1 + Nymphomaniac Vol 2 = Nymphomaniac de Lars von Trier – 1h30

Fort heureusement, le montage restant est suffisamment bon pour mériter le coup d’œil. La plus grande surprise est de voir que le film est loin d’être malsain ou choquant. Il ne balance rien de plus qu’on sait déjà tous. L’intelligence de l’artiste danois est de faire un récit raconté : le film commence avec Joe (Charlotte Gainsbourg) bien mal en point dans une rue enneigée. Cette dernière est recueillie par Seligman (Stellan Skarsgård) et lui raconte son histoire. Le point essentiel dans cette idée réside à faire de Seligman le double du spectateur. Un personnage ouvert d’esprit et prêt à écouter le récit de Joe (d’où le terme « double » du spectateur, car à partir du moment où nous sommes assis dans la salle, c’est que nous sommes prêt à écouter Lars von Trier). C’est grâce à ce procédé que le film devient moins lourd à suivre.

Par la suite, on a le droit à quatre chapitres (ou cinq, j’ai un trou) revenant sur des portions de la vie (sexuelle) de Joe jeune (jouée par Stacy Martin). On a le portrait d’une fille pratiquant le sexe comme certains pratiquent un sport (avec beaucoup de passion, il faut l’avouer). Le voyant même plutôt comme un jeu. Par contre, à ma grande surprise, Lars von Trier traite le sujet avec beaucoup d’humour. Comme cette comparaison hallucinante entre la pêche aux poissons et celle aux hommes. Néanmoins, le prix de la scène la plus drôle et marquante du long-métrage est à mettre entre les mains d’Uma Thurman aka Mme H.

Photo du film Nymphomaniac - Volume 1 de Lars von Trier avec Uma Thurman et Stacy Martin
« Je ne quitterais pas cette pièce tant que celui qui m’a foutu un doigt au cul ne se soit pas dénoncé ! »

Je me suis délecté devant cette présentation de la nymphomane bien loin du sempiternel cliché : folle de sexe. J’ai tout de même regretté une certaine longueur et des scènes donnant l’impression d’avoir été coupées (ce qui est probablement le cas) brisant le rythme du film. Aussi, rien non plus d’extraordinaire dans Nymphomaniac, la réalisation n’est pas des plus inspirée (on a l’impression de voir Lars von Trier singer du Lars von Trier) et le sujet est finalement assez gentil. Surtout, il est parfois agaçant de voir que le personnage de Joe ramène tout au sexe, comme s’il était le seul but de sa vie. Littéralement tout tourne autour du sexe ! Tout (même lors d’une des étapes les plus marquantes de Joe). C’est assez triste…

Joe ne pense qu’au sexe, c’est triste et lourd.

Aussi, le comportement de Joe est parfois assez prodigieux… de conneries. J’ai eu beaucoup de mal à m’y attacher, car difficile d’avoir en tête autre chose que : pauvre petite conne à la vie de merde qui aime bien faire souffrir (par vengeance ?) les autres pour son propre plaisir. Fort heureusement, le récit dans le présent avec Charlotte Gainsbourg permet de donner un peu d’épaisseur à la faible prestation de Stacy Martin. Cette dernière donne l’impression de ne jamais être présente, comme si ça l’emmerdait d’être là. Du coup, comment veux-tu que j’aie envie de l’accompagner dans ce voyage ? Les images du volume 2 présentes à la fin donnent moyennement envie tant elles sont racoleuses. Mais bon, je vais faire confiance à Lars von Trier et surtout, j’ai hâte de voir Charlotte Gainsbourg prendre le relais de Stacy Martin.

Quid des scènes de sexe ? La fameuse censure et le « interdit aux moins de 12 ans » laissaient présager des scènes de sexe rendues à leur expression la plus basique : des corps qui se frôlent. Pas du tout, des encarts pornographiques à la Antichrist sont bien présents, à mon plus grand choc. Dès lors, le « interdit aux moins de 12 ans » est fort surprenant. Bref, la CSA est incompréhensible, mais ça, ça ne change pas. Pour les curieux d’entre vous, les scènes de sexe ont été doublées. Ce n’est donc pas le pénis de Shia LaBeouf que vous voyez pénétrer Joe.

Photo du film Nymphomaniac - Volume 1 de Lars von Trier avec Stacy Martin
« Donc… On disait le théorème de Pythagore… »

Conclusion

Nymphomaniac – Volume 1 n’est pas la claque attendue. Il n’en reste pas moins un film explorant un sujet fascinant, car rarement traité au cinéma (sauf dans des comédies pour un rôle cliché). Malgré tout, la présence de la censure et du nouveau montage visant à réduire la durée se fait parfois sentir (et ce n’est pas introduit de la meilleure des manières). Ne reste plus qu’à voir le volume 2 pour vérifier s’il s’agit d’une œuvre d’envergure ou un petit film intelligent, mais sans plus.
+ – Les traits humour
– Un traitement agréable d’un sujet lourd
– Les discussions fascinantes entre Charlotte Gainsbourg et Stellan Skarsgård
– Stacy Martin moyenne
– Pas le montage définitif
– La censure
7/10
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