Fiche
Titre | Interstellar |
---|---|
Réalisateur | Christopher Nolan |
Scénariste | Jonathan Nolan, Christopher Nolan |
Acteurs | Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain, Michael Caine, Casey Affleck, Bill Irwin, John Lithgow, Wes Bentley, Topher Grace, David Oyelowo, Ellen Burstyn, Matt Damon |
Titre original | – | Date de sortie | 5 / 11 / 2014 |
---|---|---|---|
Pays | États-Unis, Royaume-Uni | Budget | 165 000 000 $ |
Genre | Aventure, Drame, Mystère, Science fiction | Durée | 2h 49 |
Le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire. |
Critique
Interstellar était sans aucun doute le projet le plus excitant de Christopher Nolan depuis le début de sa carrière. Car il était le plus mystérieux d’entre tous. À la base, il aurait dû être réalisé par Steven Spielberg et Nolan n’en devrait juste que signer le scénario. Finalement, celui qui a redonné naissance au Chevalier Noir a repris les rênes du projet pour une nouvelle odyssée dans l’espace, 46 ans après celle de Stanley Kubrick.
Je ne sais pas trop par où commencer. Il est difficile de parler du film sans éventer le mystère. Encore que, peut-on vraiment parler de mystère ? Pourquoi dis-je ça ? Tout simplement parce que j’avais deviné la résolution au bout de trente minutes (et vraiment tout, pas juste une partie)… Pour un film qui émerge à presque trois heures, ça fait mal. Et non, je n’ai pas regardé la bande-annonce version longue, juste le teaser qui mettait en place le contexte et qui ne donnait vraiment aucun indice. De ce côté-là, Nolan a bien géré le coup du secret. Seulement, est-ce que ça valait vraiment le coup de faire tout un pataquès sur ce fameux mystère supposé original ? Vraiment pas… Du moins, c’est ce que je pense.
Théorie de la relativité interstellaire
Pour le reste, Interstellar m’a beaucoup déçu. Je n’ai rien vu de franchement original, mis à part une jolie gestion de la théorie de la relativité chère à Albert Einstein. Parmi les points forts de ce film, il faut souligner de solides références scientifiques donnant lieues à des applications pour le moins originales. Heureusement, car les scènes d’action se font rare et sont rarement bouleversantes (de toute façon, ça n’a jamais été le point fort du réalisateur Britannique), Nolan et son frère, tous deux scénaristes sur le film, préférant passer du temps à étudier les différents travaux de Kip Thorne (je vous rassure, je ne suis pas un pro à sortir ce nom de mon chapeau magique, je me réfère juste au dossier de presse).
Néanmoins, il faut tout de même dire que le film ne prend jamais vraiment le temps d’expliquer les différents événements et se contente de les balancer à la face du spectateur avec deux ou trois obscures répliques explicatives. Celui qui n’a pas quelques notions en physique risque de souffrir sévère. Cela est pas mal pour passer pour un film intelligent sauf que non… Ça reste très basique et le réalisateur aurait pu faire un petit effort pour simplifier sa narration afin d’impliquer les spectateurs les plus démunis face à la science. Car la vraie intelligence est de réussir à expliquer des choses compliquées de façon simple.
Tension dramatique : année zéro
Pour son intensité dramatique, les Nolan misent tout sur la relation entre le héros Cooper et sa fille Murph. Et ça marche. J’ai été ému. Il faut dire que Matthew McConaughey est vraiment très bon. C’est d’ailleurs le seul à être à peu près consistant. Néanmoins, cela se fait au détriment de tout le reste. Interstellar ne proposant aucun autre enjeu dramatique… Surtout que direct au début du long-métrage, on nous dévoile la fin. Le summum est atteint avec une partie pathétique impliquant un acteur très connu. Non franchement, ce passage que ceux qui ont vu le film devineront instantanément lequel, j’ai trouvé ça ridicule et inutile. À part pour ajouter des scènes d’action, je n’en vois pas l’intérêt.
Quant au contexte terrien, si l’idée est intéressante, la pratique se révèle rébarbative. Presque quarante-cinq minutes pour mettre en place les enjeux, c’est beaucoup trop long. Pas étonnant donc que le film dure presque trois heures tant il empile les séquences inutiles et dilate dans le temps la plupart des scènes (en même temps, ça colle au thème). Quant à l’espace, on a quelques petits clins d’œil aux films les plus connus dont le dernier m’a fait mourir de rire en invoquant Star Wars : Cooper rejoue Luke avec R2-D2. Il ne manquait plus que l’étoile noire et ça aurait été parfait (ah, mais attends, on a un trou noir, c’est kif-kif). L’immense problème d’Interstellar, c’est qu’il est devenu ringard à cause de Gravity qui a tout simplement mis la barre trop haute. Nolan a dû se sentir mal pendant la projection du film d’Alfonso Cuarón. En plus, c’est quoi cette manie de vouloir filmer le vaisseau au lieu de s’intéresser à là où le vaisseau va… C’est cool la première fois. Au bout de la troisième, ça devient lourd.
J’arrive ici au sixième paragraphe et je me retrouve déjà à bout d’inspiration. À bout d’inspiration alors qu’on parle d’un des films le plus attendu de l’année par votre serviteur. Cela illustre bien tout le sentiment de déception que m’a procuré Interstellar. Attendu comme le messie, il ne se révèle qu’être un long-métrage plutôt intelligent, mais blindés de défauts (trop même). S’il n’avait pas été réalisé par Nolan, je ne suis pas sûr qu’il aurait reçu pareil accueil. Heureusement donc que Spielberg a quitté le projet, vu comment le réalisateur en prend plein la gueule en ce moment.
Bon allez, on va spoiler un peu, histoire que je puisse me lâcher un peu.
Première chose dont je voulais parler. C’est ce robot. Je sais que Nolan voulait faire réaliste, mais n’y avait-il pas moyen de faire un truc un peu moins ridicule ? À moins qu’il ne s’agisse d’un hommage au monolithe noir de Stanley Kubrick ? Au moins, il m’a fait bien marrer, merci à son paramétrage d’humour.
Deuxième chose, j’ai beaucoup aimé (tiens, t’as aimé quelque chose dans le film, Marvelll ?) le passage sur la planète d’eau avec ses vagues scélérates. J’ai trouvé ça cool. Dommage que les autres planètes ne proposent pas le même délire. En fait, en y réfléchissant, je crois bien, c’est la seule partie où je me suis amusé. Le tout avec la séquence bien tendue qui va avec lorsqu’ils apprennent qu’ils vont perdre des dizaines d’années s’ils restent bloqués. Le tout se terminant avec une chute faisant froid au dos. Celle où Cooper et Brand retrouvent Romilly qui a attendu… 23 ans, alors que pour eux, il ne s’est passé qu’à peine une heure ! Une bonne idée sur la façon dont se servir du temps qui ne s’écoule pas de la même manière selon qu’on s’approche ou non, du trou noir. Malheureusement, c’est assez mal exploité sur le reste du long-métrage. Notamment, avec la parallèle entre les actions de Cooper et celles de Murph. Sauf qu’on nous a déjà dits au début du film (même si indirectement) que les habitants de la Terre allaient être sauvés. Du coup, pourquoi s’inquiéter ?
Par Christophe Menat, le .
Conclusion
Interstellar est ma plus grosse déception de l’année. Attendu comme l’un de ses plus grands films, il ne se révèle qu’être un blockbuster de plus, avec de bonnes idées dont malheureusement beaucoup sont mal exploitées, mais plombé par un dénouement prévisible. Stanley Kubrick peut dormir tranquille. |
|
+
|
–
|
5/10 |