Critique : Hijacking

La piraterie moderne

Fiche

Titre Hijacking
Réalisateur Tobias Lindholm
Scénariste Tobias Lindholm
Acteurs Pilou Asbæk, Søren Malling, Dar Salim, Roland Møller, Gary Skjoldmose Porter
Titre original Kapringen Date de sortie 10 juillet 2013
Pays Danemark Budget
Genre Thriller Durée 1h39

En plein océan Indien, le navire danois « MV Rosen » est pris d’assaut par des pirates somaliens qui prennent en otage l’équipage et réclament une rançon de 15 millions de dollars. Parmi les sept hommes restés à bord, Mikkel, le cuisinier, marié et père d’une petite fille. Prisonnier et affaibli, il se retrouve au coeur d’une négociation entre Peter, le PDG de la compagnie du cargo et les pirates. Pour l’armateur, sauver ses hommes est un devoir. Mais le sang-froid et les millions suffiront-ils à ramener tous ses marins dans leur famille ?

Critique

Tobias Lindholm s’est fait une réputation avec la série estimée Borgen, une femme au pouvoir et surtout avec ses scénarios écrits avec Thomas Vinterberg pour Submarino et l’éprouvant La Chasse. Cette fois-ci, il passe derrière la caméra pour son deuxième long-métrage, Hijacking.

Partant d’une situation peu connue dans le monde actuel, la piraterie moderne, Tobias Lindholm s’est attaché à offrir un scénario jouant sur deux facettes. Sur l’un, la prise d’otage vu du côté de Mikkel (impeccable Pilou Asbæk), victime emprisonnée sur le bateau. Sur l’autre, Peter (génial Søren Malling) le PDG de la boîte possédant le bateau. Le tout pour offrir une histoire haletante sur une longue négociation et pas question ici de dériver vers le film à la Hollywood où le héros prend les choses en main personnellement et armé d’un flingue, il dégage tous ces méchants pirates tout en soignant les headshots.

« Les événements sont abordés d’une manière presque chirurgicale en portant l’attention sur des détails trop brièvement abordés dans les films du genre. »

Nous sommes ici dans une situation au réalisme froid n’étant pas sans rappeler justement La Chasse. Les événements sont abordés d’une manière presque chirurgicale en portant l’attention sur des détails trop brièvement abordés dans les films du genre comme par exemple, l’insalubrité, les relations conflictuelles avec les preneurs d’otages, la barrière de la langue. Autant d’éléments qui finissent par captiver notamment qu’ici, le fameux Syndrome de Stockholm est presque palpable pour le spectateur. On devient alors fasciné par la relation entre les otages et les geôliers dont finalement nous en saurons pas grand-chose.

Ça, c’était pour la partie captivité. De l’autre côté du miroir, nous avons ce PDG décidant de prendre en charge les négociations avec l’aide d’un spécialiste. Tout débute avec la présentation du bonhomme, un homme au physique plutôt quelconque mais au charisme magnétique, une sorte de super-héros du monde des affaires avec le costume cravate à la place de la cape. Tobias Lindholm a l’intelligence de faire débuter Hijacking en nous laissant voir Peter évoluer dans son milieu, accomplissant avec brio une négociation avec des japonais. Cela nous permettra de comprendre toute l’incroyable difficulté lorsque les négociations mettent en jeu des otages. On comprend dès lors pourquoi c’est parfois si long. Fort heureusement, le long-métrage ne dérive pas dans le film chiant croyant bon de devoir justifier l’ennui en faisant un film aussi chiant.

« Le long-métrage ne dérive pas dans le film chiant croyant bon de devoir justifier l’ennui en faisant un film aussi chiant. »

Beau travail aussi pour la réalisation avec un montage parfait permettant de passer entre les deux histoires tout en conservant un suspense. Le monteur a su trouver les bons moments où s’arrêter avant de passer à l’autre personnage. Pour l’anecdote, le bateau où les événements se déroulent aura vraiment fait l’objet d’une prise d’otages. La partie sonore est très réussie aussi notamment sur un passage qui m’a vraiment fait sursauter (cherchez pas, vous saurez direct en voyant le film).

Conclusion

Après La Chasse et Royal Affair, voici le nouveau bijou cinématographique provenant du pays où les sites internet finissent par .dk. Mené de main de maître, Hijacking raconte deux points de vue sur un même événement: la prise d’otages en pleine mer.

+ – époustouflant Søren Malling
– scénario très bien écrit
– montage impeccable
– description fascinante de la prise d’otage et de la négociation en découlant
– …
Trophée8/10
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