Critique : Godzilla Minus One

Le budget n’excuse pas tout

Fiche

Titre Godzilla Minus One Titre VOGojira -1.0
Réalisateur Takashi Yamazaki Scénariste Takashi Yamazaki
Acteurs Ryūnosuke Kamiki, Minami Hamabe, Yuki Yamada, Munetaka Aoki, Hidetaka Yoshioka
Date de sortie07 / 12 / 2023 Durée2h 04
GenreAction, Aventure, Drame, Horreur, Science-fiction Budget15 000 000 $

Le Japon d’après-guerre est au plus bas lorsqu’une nouvelle crise émerge sous la forme d’un monstre géant, baptisé par l’effroyable puissance de la bombe atomique.

Critique

Godzilla Minus One est la belle histoire du monde du cinéma en 2023 (et un peu 2024). Rendez vous compte à l’heure du MonsterVerse, l’idée d’avoir un long-métrage japonais charmant le monde entier est belle. Pour ma part, je ne crois pas avoir vu un Godzilla nippon de toute ma vie. Je suis plus resté sur les versions hollywoodiennes. On chie beaucoup sur le Godzilla d’Emmerich (1998), mais c’était un gros event à l’époque.

Moins un

Récemment, j’avais entendu parler en bien du Shin Godzilla sorti en 2016, mais encore une fois, toujours pas vu. Au passage, trois anecdotes. Minus One est la 30ème (!!!) production de la société japonaise Tōhō dédiée à Godzilla. Une belle histoire ayant débuté en 1954 avec Godzilla réalisé par Ishiro Honda. Deuxième anecdote, s’il a fallu attendre 7 ans depuis Shin Godzilla, c’est que dans le cadre du MonsterVerse, la Tōhō s’est engagée à ne pas faire de Godzilla avant 2020.

Troisième anecdote, l’intriguant « Minus One » du titre se traduit par « Moins Un ». Cela fait référence au fait que le Japon a été dévasté par la Seconde Guerre Mondiale. Ramené donc à 0. L’émergence de Godzilla plonge le pays du Soleil Levant dans un état encore pire. Du coup, ça donne moins un. Bref, un résultat négatif.

C’est dans ce créneau que le scénariste et réalisateur Takashi Yamazaki s’est engouffré. Au point de se placer historiquement avant le premier Godzilla, celui de 1954. Franchement, j’ai bien ressenti cet aspect. En effet, j’ai comme eu l’impression que Godzilla Minus One était un film des années 70. La caméra est très souvent fixe. Les plans larges, nombreux. Le découpage, réduit. Le rythme, lent. Heureusement, que l’arrivée du Godzilla numérique est là pour rappeler que nous sommes bien devant un film moderne.

Le ridicule ne tue pas

Je ne vais pas cacher que j’étais excité à l’idée de découvrir la nouvelle aventure du roi des Kaijus vu les nombreux retours positifs et je n’ai pas été loin de la douche froide. Surtout à cause du jeu des acteurs. Non mais là, c’est la cata. Ils jouent comme des pieds. Je m’étais cru devant un soap-opéra. Pas arrangé non plus par une histoire classique bourrée de clichés. Ils nous ajoutent même un twist final (avec l’avion) assez ridicule. Paradoxalement, j’ai tout de même touché. Sûrement le traumatisme de Le Tombeau des Lucioles (1988) qui est remonté.

Pour rester dans le côté cheap, il faut parler de l’aspect de Godzilla. Ou plus précisément sa démarche. Si dans l’eau, c’est épique. Sur terre, on sent une volonté de revenir aux origines où le Kaiju était un costume porté par un mec. Sauf qu’à l’écran, le résultat confine au ridicule. Quand Godzilla se meut sur Terre, on dirait un automate des années 30. Pas aidé par des yeux restant ouverts quoiqu’il arrive, en plus d’être sans vie.

La cherry on the cake, c’est la manière dont le monstre flotte dans l’eau. Il y a un passage où j’ai cru qu’il se tenait debout avant de me rendre compte qu’il flottait en fait. Sauf que rien de la partie émergée ne le laisse supposer. Je me suis alors imaginé ses jambes en train de mouliner comme un malade pour permettre cet aspect et ça m’a fait mourir de rire.

Hypocrisie, quand tu me tiens

Bref, il y a une certaine forme d’hypocrisie dans ce délire. Car, en toute franchise, si le film avait été fait à Hollywood, ils se seraient fait descendre, mais d’une force. Mais ici, on pardonne à coup « rendez-vous compte, le budget est seulement de 15 millions de dollars » (et encore, il paraît que c’est même moins). Sauf que depuis quand le budget conditionne la qualité d’un film ?

Néanmoins, Godzilla Minus One a ses qualités. Ben ouais, quand même. Déjà, l’histoire, même si classique, est émouvante comme je l’ai évoqué quelques lignes au-dessus. L’aspect historique est intéressant vu que c’est un point rarement abordé au cinéma. Comme ça, je n’ai que le film de Roberto Rossellini, Allemagne année zéro (1948), qui me vient en tête. On a également une critique de la société actuelle. Ça fait toujours stylé.

Quand Godzilla est là, tout va bien

Malgré tout, le gros morceau, c’est sans hésiter Godzilla et les scènes de destruction massive. Naturellement. Pour info, il n’apparaît que 11 minutes, donc quand il est là, faut en profiter un max. Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est la réalisation des scènes d’action. Takashi Yamazaki prend le temps de la mettre en place. Avec une volonté de rendre l’espace compréhensible. Comprendre par-là qu’on évite le montage haché sans queue, ni tête. La géolocalisation de l’action est limpide. Ainsi, un véritable suspense s’installe.

Au niveau des images numériques, c’est solide (pour le budget). Les scènes de destruction sont impressionnantes, même si j’ai remarqué des fonds verts et qu’il faut faire avec les figurants. On se fout de la gueule des vieux films où les figurants couraient comme des dératés de façon ridicule, ben, on est en plein dedans. Néanmoins, difficile de ne pas être épaté par l’incroyable puissance de Godzilla et d’être estomaqué devant la puissance de son rayon thermique.

Par surpris par le succès du film maintenant qu’il l’a vu.

Conclusion

Pour moi, on en a trop fait sur Godzilla Minus One. Si l’histoire autour de la production japonaise est belle, force est de constater que le résultat à l’écran souffre de défauts assez rédhibitoires. Comme le mauvais jeu des acteurs, l’histoire classique, le twist inutile et l’aspect ridicule de Godzilla quand il se déplace sur le plancher des vaches. Bref, si c’était un film d’Hollywood, il se serait fait déchirer. Néanmoins, il a de grosses qualités comme des scènes de destruction massive impressionnantes, un vrai sens de l’action et un contexte historique intéressant.

+

  • Scènes de destruction massive
  • Mise en scène de l’action
  • Contexte historique

  • Acteurs jouant comme des pieds, du premier rôle aux figurants
  • Twist à la con
  • Quand Godzilla se déplace sur terre
  • Mise en scène du drame
6/10
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