Critique : Final Fantasy VII Rebirth

Le monde ouvert pour le meilleur et le pire

Fiche

Titre Final Fantasy VII Rebirth
Éditeur Square Enix Développeur Square Enix Creative Business Unit I
Plate-forme PlayStation 5 Date de sortie 29 / 02 / 2024
Joué sur PlayStation 5Game Genre Action, Aventure, Drame, Fantastique, Science-fiction

Critique

J’étais sorti de Final Fantasy VII Remake charmé, mais aussi déçu par plusieurs choses sur lesquelles je ne reviendrai pas, car j’en ai déjà fait la critique. Tu as la flemme de la lire parce que tu dois te taper celle-ci ? Ok, je comprends. Grosso modo, j’étais vachement déçu de l’aspect étriqué du jeu, où l’on était plus proche du jeu de couloir que d’un RPG en « monde ouvert » comme le jeu original. Sans oublier cet aspect désagréable que l’histoire a été étirée pour pouvoir faire une trilogie en bonne et due forme.

Par contre, il est difficile de ne pas être enthousiasmé à l’idée de prendre en main cette suite, vu l’apparition surprise de Zack Fair.

Enfin, un monde ouvert

Tout d’abord, concernant Final Fantasy VII Rebirth, il corrige ma première déception en proposant plusieurs zones ouvertes où l’on est libre de déambuler. Chaque zone a sa particularité et c’est un vrai régal de les découvrir. Bref, la sensation de jeu de couloirs n’est plus présente, logiquement, que dans les phases « donjon » où l’on fait avancer l’histoire. On a désormais une alternance entre les phases où l’on est libre et les phases où l’on est restreint. L’idée sur le papier est bonne. Par contre, je suis un peu plus mitigé concernant son exécution par le simple fait que les phases « monde » (ou devrais-je dire zone) ouvertes deviennent rapidement lassantes à cause de mécanismes préhistoriques.

Grosso modo, une fois la surprise de la découverte de la zone passée, on se retrouve à faire toujours la même chose : chercher les tours, trouver le chocobo (quelle horreur, ces phases d’infiltrations dignes d’un autre siècle), « chasser » des monstres et chercher des protoreliques. Si ces passages ont le mérite de nous forcer à explorer la zone dans ses moindres recoins, ils se sont vite révélés lourdingues (au bout de la moitié explorée, je n’en pouvais plus) sans oublier qu’il y a des éléments prenant beaucoup trop de temps comme descendre d’un buggy ou Chadley faisant son rapport (dommage qu’il n’ait pas un bouton tagueule). Le seul véritable atout est celui des quêtes secondaires dont certaines sont sympathiques, même si d’autres (le coup de ramener les poules… passionnant). Bref, le jeu souffre d’une structure obsolète dont, à force d’en avoir soupé sur plein de jeux, je n’en peux plus.

S’il vous plaît, penchez-vous sur les jeux The Witcher/Cyberpunk 2077 ou Elden Ring pour comprendre ce qui fait l’essence d’un « monde ouvert » réussi. Quoi qu’il en soit, en l’état, c’est déjà une avancée par rapport à Remake.

Étirement, puissance maximale !!!

Par contre, le second point n’a pas été forcément corrigé. J’ai toujours cette désagréable sensation que l’histoire s’étire inutilement à renfort de cinématiques longuettes et pas toujours passionnantes. Le tout avec de nouveaux personnages secondaires inintéressants. Mais j’y reviendrai dans la partie avec spoilers.

Pour le reste, le jeu garde la formule efficace de son prédécesseur tout en l’améliorant. Résultat, un gameplay dynamique amenant un peu de tactique (si bourriner marche souvent, ce n’est pas toujours le cas). Il bénéficie également d’un roster étendu permettant de découvrir d’autres manières d’aborder le jeu. Par contre, Cait Sith, c’est une plaie pour moi à jouer.

Au rayon des mini-jeux, on en a pas mal, un peu comme dans Like a Dragon : Infinite Wealth, mais je les trouve moins réussis. Le seul qui trouve vraiment grâce à mes yeux, c’est le jeu de cartes, Queen’s Blood. Quel régal ! Un concept simple mais efficace permettant des parties courtes, mais dynamiques. Renvoyant aux plus belles heures de Final Fantasy VIII et Final Fantasy IX.

Graphiquement, le jeu est également très beau, mais le précédent l’était déjà, donc il n’y a pas grand-chose à dire, si ce n’est que c’est toujours rageant de devoir choisir entre le mode Qualité et le mode Performance (y a-t-il vraiment des gens qui choisissent le mode Qualité ?).

Le Grand Blond avec une épée noire

Passons maintenant à l’histoire.

Déjà, quelle connerie d’avoir impliqué les chimères dans le délire de Chadley. C’est vraiment dommage de ne pas avoir fait en sorte d’impliquer une histoire concernant les chimères dans chaque zone. Cela aurait permis de briser la monotonie tout en impliquant le joueur émotionnellement. Mais non, on se contente de découvrir des autels pour abaisser la puissance de la chimère, puis de lui mettre la pâtée dans un combat dans une zone virtuelle tristounette.

Pour l’histoire, s’il est sympathique de « refaire » Final Fantasy VII, j’ai été surpris de constater que je n’arrivais jamais à m’impliquer totalement dans l’histoire. Même les passages les plus cultes revisités de l’original ne m’ont rien fait. Il faut dire que ça traîne tellement en longueur que ça perd beaucoup en rythme, donc en efficacité. Après, je ne sais pas si c’est parce que j’ai vieilli ou s’ils ont changé ces aspects, mais les personnages ont tous un côté ridicule, les rendant moins charismatiques.

Quand 50 heures sont triplées pour 2/3 de l’aventure

Avec l’aide du générique de fin récapitulant le voyage parcouru, je me rends compte qu’au final, je n’ai pas eu beaucoup de moments marquants. Juste le plaisir de découvrir de superbes zones comme le Gold Saucer avec sa superbe pièce de théâtre, mais cela s’arrête là. C’est le problème de sortir un jeu qui ne fait que développer une intrigue alors qu’il n’en est qu’à sa deuxième partie.

Je persiste à penser qu’adapter un jeu dont la durée affichait environ 50 heures pour une simple partie en un truc en trois épisodes dont le premier fait environ 35 heures et le second et le second environ, une soixantaine, bref déjà presque 100 heures de jeu, c’est un problème, car tout est étiré. Le voyage devient alors long et fastidieux, traversé de moments redondants et d’ajouts rarement marquants.

Une histoire de multivers

Cliquez pour lire cette partie (attention, elle contient des spoilers)

Ce qui me fait arriver à la fin. J’ai été surpris de n’avoir rien ressenti alors qu’on était sur le moment-choc du jeu original. Mais j’ai bien l’impression que c’est volontaire. Typiquement, une des plus belles scènes du jeu original, celle où Cloud porte Aerith (dans ma tête, je reste toujours bloqué sur Aeris) sur l’eau avant de la laisser couler, a disparu.

L’idée d’ajouter du « multivers » (à défaut d’un meilleur terme) a brisé l’efficacité de la narration originale. Cela a le mérite d’intriguer le joueur ayant fait l’ancien FF7 comme moi, mais force est de constater que pour l’instant, ça n’apporte pas grand-chose (il reste encore un épisode avant de juger définitivement). En effet, l’aventure est la même dans les grandes lignes. Pire, cela devient moins passionnant que l’original, car moins efficace.

Bref, on arrive avec ce multivers en mode What If… ?, les choix de Zack permettent de l’illustrer, avec l’utilisation du logo de la mascotte de l’infanterie de la Shinra pour différencier les « univers ». Je ne vais pas revenir là-dessus, car des sites le font très bien. Mais au final, cela casse toute tension dramatique car il n’y a plus cette mission classique mais viscérale de sauver le monde. À la place, on a un bordel sans nom dont on ne comprend pas bien tous les tenants et les aboutissants. Ça m’a rappelé Kingdom Hearts III, déjà un raté à ce niveau.

Pour l’amour de Red XIII

Au final, le scénariste semble être coincé entre la volonté d’offrir un remake et celle de surprendre les fans. Résultat, il offre une histoire pas vraiment satisfaisante des deux côtés. En plus d’amener des trucs chelous comme le boss final de cet opus qui est tout simplement celui du jeu original ou Zack Fair dont la présence fait plus fan service qu’autre service. Je me garderai tout de même de porter un jugement définitif tant que je n’aurai pas terminé la troisième partie. Heureusement que la mise en scène demeure toujours aussi grandiose et qu’il y a des moments magnifiques comme Red XIII découvrant la vérité sur son père.

D’ailleurs, en parlant de Red XIII, je suis partagé. D’un côté, le personnage, je l’avais toujours trouvé cool et classe. Dans cet épisode, je le découvre en ado prêt à faire des conneries. Alors, ça donne des moments à pleurer de rire (le Michael Jackson… je ne m’en suis toujours pas remis), mais de l’autre, ça brise le côté badass. C’est l’illustration parfaite de ce que je disais un peu plus haut.

Par se disant que l’idée de faire une trilogie n’était clairement pas la meilleure.

Conclusion

Cette deuxième partie de la trilogie Final Fantasy VII Remake corrige certains défauts de son prédécesseur avec des zones enfin ouvertes tout en améliorant un gameplay pourtant déjà efficace, sans oublier d’excellents graphismes. Néanmoins, on y retrouve les mêmes défauts, comme une histoire qui traîne en longueur, en plus d’apporter des éléments « multivers » alambiqués ruinant l’efficacité de l’intrigue d’origine. En plus de ça, on a un monde ouvert façon Ubisoft où la monotonie pointe vite le bout de son nez. Il va falloir cravacher pour offrir une dernière partie à la hauteur, parce que là…

+

  • Gameplay nerveux et tactique
  • Mise en scène grandiose
  • Zones diversifiées
  • Certains moments sont mémorables

  • Histoire complexe et prenant trop son temps, donc perdant en efficacité
  • Monde ouvert façon Ubisoft
8/10
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