Critique : Final Fantasy VII Remake

La renaissance

Fiche

Titre Final Fantasy VII Remake
Éditeur Square Enix Développeur Square Enix Business Division 1
Plate-forme PlayStation 4 Date de sortie 10 / 04 / 2020
Testé sur PlayStation 4Game Genre Action-RPG

Critique

1998, Final Fantasy VII a totalement ravi mon petit cœur d’ado. Encore maintenant, je m’en souviens comme d’un des meilleurs jeux que j’ai jamais fait. Cloud, ses amis et son ennemi juré, Sephiroth sont tatoués dans mon être.

2005, je me prends une giclée de frissons avec le « It’s been a long time, Cloud. » de Sephiroth sur fond d’One-Winged Angel dans Final Fantasy VII: Advent Children avant d’être hanté par ses derniers mots : « I will never be a memory. ».

2006, je m’amuse bien, mais sans plus, avec Vincent Valentine sur Dirge of Cerberus: Final Fantasy VII.

2008, je suis traumatisé par le final dantesque de Crisis Core: Final Fantasy VII. Je pense même que c’est la fin de jeu vidéo qui m’a le plus marqué.

2020, Final Fantasy VII Remake est présent sur le disque dur de ma PlayStation 4. Il est désormais temps de revivre l’aventure… avec une grosse question.

La magie fonctionne-t-elle encore ?

Une question pertinente car avec Square Enix, j’ai récemment aligné autant de déceptions que de satisfactions. Parmi les déceptions, Kingdom Hearts III et Final Fantasy XV. Parmi les kifs, NieR:Automata et World of Final Fantasy.

En tout cas, avec Final Fantasy VII Remake, ce qui frappe d’emblée, c’est la qualité graphique. Pourtant, je n’ai pas la PS4 Pro. Je tiens à préciser également que j’ai voulu en voir le moins possible du jeu avant d’y jouer. Je me suis donc limité aux premières bandes-annonces. Quant à la démo, ah ah ah, no fucking way ! Bref, revivre le début si iconique du jeu avec les (superbes) graphismes modernes m’a mis deux claques dans la tronche. Une claque graphique suivie d’une claque nostalgique. Madeleine de Proust en force !

Remis de mon traumatisme crânien, je commence à remarquer quelques textures dégueulasses et des PNJ à la qualité bas de gamme. Toutefois, dans l’ensemble, le constat reste identique. Ce Final Fantasy est magnifique et demeure un des plus beaux jeux de la console. La modélisation des personnages principaux in-game est même supérieure à celle d’Advent Children. Ça pose le level ! Plusieurs fois durant l’aventure, je me suis arrêté pour admirer les décors et subir l’immensité de Midgar. Tiens, vu qu’on parle de la ville, on aborde LA faiblesse, à mes yeux, du nouveau Square Enix.

Oppressante linéarité

N’ayant donc rien suivi de l’actualité de Final Fantasy VII Remake si ce n’est pas le système d’un jeu découpé en plusieurs épisodes, je m’attendais à me balader dans un Midgar façon open world. Mais non, le jeu est une longue suite de couloirs, souvent étriqués, où on s’arrêtera de temps en temps dans des quartiers pratiquement identiques. Dans mes souvenirs, peut-être faussés par le temps, la septième Dernière Fantaisie, c’était synonyme de liberté et de découverte. Un voyage. Ici, comme on est coincé à Midgar, j’ai sans cesse eu l’impression de parcourir les mêmes décors à l’exception de Wall Market, seule zone m’ayant enthousiasmé si on excepte la découverte du jeu au début.

Le pire, c’est que je me dis qu’ils auraient pu nous faire parcourir Midgar dans son entièreté quitte à transgresser l’original pour insuffler de la nouveauté et surtout donner cette sensation de liberté. Même pas. À force d’affronter des murs invisibles, j’ai carrément fini par me sentir oppressé devant cette absence de liberté (pauvre petit chou). On est bel et bien dans un jeu à chapitres ultra-linéaire nous offrant que quelques moments de liberté pour des missions secondaires sans intérêt scénaristique. Au final, le constat est amer sur ce côté. Sur l’original, ça pouvait passer, car tout un monde nous attendait en dehors de Midgar, mais là, on y passe plus de 25h, jusqu’à boucler l’histoire. Pas de récompense, donc.

Version (trop) longue d’un classique

En fait, la nouveauté est de vivre une version longue de l’original où Jessie, Biggs et Wedge seront les plus approfondis. Jessie est même devenu ma love interest du jeu au détriment de mon premier amour, Aerith. Quant à Tifa, j’ai juste (un peu trop) louché sur ses seins et sa mini-jupe. Bordel, Jessie, quoi ! Je ne m’en souvenais même pas. Malheureusement, toutes les versions longues ne sont pas forcément préférables à la version cinéma. Surtout qu’ici, ça casse énormément le rythme de l’aventure. Les jeux de couloirs sont fun quand ils sont intenses. Mais si, ça dure plus de 25 h, c’est beaucoup trop. Il y a également pléthore de passages me semblant être anecdotiques, là uniquement pour rallonger artificiellement la durée.

Gameplay modernisé mais respectueux

Niveau gameplay, c’est du très bon boulot par contre. Évidemment, je vais regretter le système à l’ancienne où les personnages étaient alignés face à face et où on n’est pas agressé par le déluge d’informations qui se déroulent à l’écran. C’est même marrant, dans ce remake, passé la moitié du jeu, je ne faisais même plus gaffe à ce qui passait à l’écran, je ne faisais que surveiller la zone d’ATB pour balancer mes attaques. Bref, ils ont réactualisé le système pour le rendre moderne tout en conservant un aspect stratégique. Assez malin, en somme. Truc cool, quand on change d’arme ou de bracelet, le résultat se voit à l’écran. C’est un petit détail, mais tellement indispensable à mes yeux. En passant, je me suis bien amusé sur les mini-jeux, surtout celui des fléchettes.

Quant au système des matérias et des invocations, il a également été réactualisé vers une version sympa. En passant, un conseil, ne sous-estimez pas la matéria Prière. C’est la plus pratique à mes yeux, surtout dans sa forme MAX. Quant aux boss, malheureusement, je n’ai pas été particulièrement marqué, car j’ai sans cesse eu l’impression d’affronter des gros robots interchangeables. Seule une maison (oui, oui) l’a fait. Bref, on fait tout le temps, la technique : j’affronte le boss, je lance la matéria Analyse, merde, ils me manquent les bonnes matérias, je fais semblant de mourir et je recommence pour lui éclater la tronche.

Bonne nouvelle (ou pas), plus besoin de farmer. La progression linéaire permet de maîtriser la courbe du niveau du personnage. Le challenge est donc maîtrisé en étant ni facile, ni dur.

Le dernier chapitre

Attention, on arrive à la partie SPOILER. Tous ceux qui prévoient de jouer au jeu ou qui ne l’ont pas encore fini (ATTENTION, ce constat est vrai même si vous avez terminé l’original !), il faut zapper cette partie pour aller à la conclusion.

On arrive maintenant au dernier chapitre. Premier choc. Ma PlayStation m’informe qu’il n’est pas possible de faire des captures d’écran. Bizarre, ça. Pourtant, personne ne devrait être surpris par cette fin vu qu’on est dans un remake… Eh ben, merde, je me suis bien planté dans mon jugement.

Mort au déjà-vu

Avant de continuer, je veux revenir sur une sensation que j’ai sans cesse éprouvé durant mes parties : l’impression de déjà-vu. Certes, c’est cool de rejouer à mon Final Fantasy préféré mais mis à part le coup de nostalgie au début, la suite me mettait dans un état de lassitude. Je savais sans cesse ce qui allait arriver dans les grandes lignes, du coup, aucune surprise. C’est quand même dommage. Restaient ces mystérieuses serpillères chères à Barret et l’apparition hâtive de Sephiroth. Des premiers, je n’avais aucun souvenir (« Je dois devenir sénile, sans doute. ») et du second, je ne m’attendais pas à le voir aussi tôt (« Mais ça se comprend, on ne peut pas attendre de le faire venir aussi tard, donc changement acceptable. »).

Après avoir bouclé le dernier chapitre, tout s’illumine. On n’est pas en présence d’un remake, ni même d’un reboot, mais d’une « suite ». Ça change tout. Dès lors, quand j’ai fini la partie, j’étais vraiment excité à l’idée de poursuivre l’aventure ou la « Unknown Journey » comme ils disent, car elle me permettra d’ENFIN vivre des nouvelles choses avec ces personnages. En passant, je pose juste une demande : donner une sensation de liberté.

Qu’est-ce que c’est ce bordel ?

Pour ceux qui sont un peu largués par cette fin. Ne vous inquiétez pas, moi aussi, je l’ai été. En plus, c’est marrant parce que comment ceux qui n’ont jamais joué à Final Fantasy VII peuvent comprendre ce qui se passe ?

Le premier accent circonflexe sur mon sourcil droit est survenu quand j’ai revécu le combat final de l’original avec Cloud seul face à Sephiroth alors qu’on n’a techniquement pas encore fini le premier CD. Je me suis dit qu’ils voulaient conclure en beauté en nous offrant un combat contre Sephiroth pour le fun. Deuxième accent circonflexe, les mots prononcés par la Némésis de Cloud. Mais qu’est-ce qu’il nous fait, lui ?

Troisième accent circonflexe. Mon sourcil commence à fatiguer et pourtant, il n’est pas encore au bout de ses peines. Je me rappelle des mots de Red XIII devant la vision de son futur. Il disait qu’il fallait l’empêcher. Comment ça ? C’est pourtant la bonne fin. Avec des gamins, et tout. Je m’en souviens bien parce que je l’ai vu deux fois après avoir dû tout recommencer suite à mon décès face à l’attaque spéciale du pseudo Bahamut.

Ultime accent circonflexe. Zack Fair. Encore debout. Pourtant, ce n’est pas la fin de Crisis Core que j’ai connu. Ça, pour le coup, j’en étais vraiment sûr, car comme je l’ai dit au début de ma critique, j’ai été traumatisé par cette fin.

Puis le déclic

Tout s’est éclairé. Les serpillères volantes étaient là pour maintenir la ligne temporelle de Final Fantasy VII telle qu’on la connaissait. Sauf que Sephiroth, conscient, qu’elle le mène à sa mort veut la changer. Il a réussi avec l’intervention de Cloud et ses amis qui ont tué le gardien du destin. Tu sais, le gros truc qui ressemble à un boss de Shadow of the Colossus, qui gère les serpillères et dont les trois incarnations sont décrites comme venant d’une ligne temporelle du futur (merci, la matéria Analyse). D’ailleurs, ces trois-là, on dirait pas Cloud, Tifa et Barret ?

Évidemment, on peut crier au scandale parce qu’on nous avait offert un remake de Final Fantasy VII. Or ici, plus d’histoire tragique poignante. Pas de mort de Zack. Même Jessie semble survivre. Bref, comme dans un comic Marvel ou DC, tout le monde revient en vie. Ça casse le délire.

Mais, et si c’était pour mieux nous surprendre par la suite avec d’autres traumatismes inattendus. Car c’est ce qui m’excite. Savoir que Final Fantasy VII peut encore m’offrir des nouvelles aventures inédites où la roue du destin est brisée. Bref, avec cette fin, j’ai pensé très fort au chef d’œuvre de Stephen King (je ne dis pas lequel pour ne pas spoiler mais tous ceux qui l’ont lu sauront). Si j’avais commencé ce jeu avec une question, je l’ai terminée avec une autre : pourrons-nous enfin sauver Aerith ?

Par vraiment excité.

Conclusion

Final Fantasy VII Remake sonne comme une version modernisée et surtout longue du classique de 1997. Magnifique et doté d’un superbe gameplay à la fois tactique et nerveux, il souffre toutefois à mes yeux d’une linéarité écrasante et d’un rythme trop étiré pour être véritablement à la hauteur de l’original. Néanmoins, difficile de ne pas être excité à l’idée de prendre la suite en main.

+

  • Revivre l’ouverture de Final Fantasy VII
  • Gameplay modernisé restant toujours aussi tactique
  • Graphiquement magnifique
  • OST
  • Fin

  • Linéarité
  • Version trop longue du classique
8/10
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