Maman, j’ai raté l’avion… 50 ans après
Fiche
Titre | Don’t Breathe : La Maison des ténèbres | Titre VO | Don’t Breathe |
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Réalisateur | Fede Alvarez | Scénaristes | Richard Wenk, Rodo Sayagues |
Acteurs | Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette, Daniel Zovatto | ||
Date de sortie | 05 / 10 / 2016 | Durée | 1h 28 |
Genre | Horreur, Thriller | Budget | 9 900 000 $ |
Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout. Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup. Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient… |
Critique
Après un remake très culotté d’Evil Dead que j’ai beaucoup aimé, le réalisateur Fede Alvarez revient avec son scénariste Rodolfo Sayagues, ses producteurs Sam Raimi et Rob Tapert, son compositeur Roque Baños et l’actrice Jane Levy. Soit un gros morceau de l’équipe Evil Dead. Derrière ce retour, un pitch très simple, mais diablement efficace.
Quand trois jeunes décident de braquer la maison d’un aveugle qui cache un paquet de pognon en liquide, ils pensent à une mission facile, mais la réalité est tout autre. En effet, l’aveugle n’est autre que Stephen Lang, le monstrueux Colonel Miles Quaritch qui avait botté le cul de pas mal de Na’vis dans Avatar. Malgré ses 64 ans, le bonhomme affiche une santé physique à faire pâlir bien des jeunes. S’armant d’un look barbu et d’un marcel du plus bel effet, l’acteur fait des étincelles dans le rôle du Blind Man, un méchant plus profond qu’il n’y paraît, au point de vampiriser l’écran et de me foutre la pétoche. J’avais à la fois peur de lui et je le kiffais. Un joli cas du syndrome de Stockholm.
Une idée simple, mais ingénieuse et vraiment exploitée
Derrière ce pitch se cache une idée ingénieuse. Inviter trois jeunes braqueurs, après les avoir présenté dans un contexte miséreux, surtout la pauvre héroïne maltraitée par sa môman afin de les rendre sympathiques, dans une baraque où un ex-marine aveugle rôde permet à Fede Alvarez et son équipe de faire preuve d’inventivité. On n’aura donc jamais l’impression de tourner en rond. Le récit va à l’essentiel (durée resserrée avec moins d’une heure et demie au compteur) et est très joueur.
Ça n’a l’air de rien, mais le réalisateur pense à faire un truc que beaucoup de ses confrères zappent. Occuper la maison en le rendant spatialement lisible pour le spectateur. Par exemple, récemment Guillermo Del Toro avait beau avoir un superbe manoir dans Crimson Peak, on sentait beaucoup trop qu’il s’agissait de plateaux indépendants et on était parfois perdu à l’intérieur. On est dans la cave ou le grenier ?
Au final, on est dans un style très proche de Maman, j’ai raté l’avion, modèle du genre, mais en beaucoup plus violent évidemment, mais certainement pas de quoi écoper une interdiction aux moins de 16 ans, on est davantage dans le thriller que l’horreur. Mais bon, j’imagine qu’un passage n’est pas passé au travers de la gorge des censeurs. Tout comme celle du Blind Man, en fait.
Et si on jouait au chat et à la souris ?
Autre idée parfaitement exploitée. La cécité de l’occupant de la maison accompagnée d’une grande force physique (surtout comparée aux braqueurs). Cela permet un jeu du chat et de la souris en retournant les rapports de force au gré du récit, même si dans les fais, le Blind Man reste le plus souvent dans la peau du chat. C’est juste jouissif de voir les héros retenir leur respiration dans une pièce éclairée alors que Stephen Lang les cherche en se mettant en mode Daredevil.
Évidemment, Fede Alavarez va aussi se faire plaisir en foutant plusieurs jump scares jamais appuyés, mais ô combien efficaces. Même chez un mec comme moi rarement touché par le procédé.
Carton rouge au marketing français
Impossible de ne pas adresser quelques mots à ce (ou ces) génie(s) du service marketing qui ont ajouté le complètement inutile, et trompeur en plus, sous-titre « La Maison des Ténèbres ». D’un, ça induit le spectateur en erreur, mais de deux, ça ne donne vraiment pas envie de voir le film, car il donne la sensation que c’est une série Z complètement pourrie arrivée par je ne sais quel procédé sur grand écran.
Gaumont Parnasse Miramar
Un chapitre bonus pour revenir sur les conditions de la séance. J’ai maté Don’t Breathe dans une des pires salles que je n’ai jamais vues de ma vie de cinéphile. Une catastrophe.
Je m’explique. La salle 16 de ce Gaumont offre une salle old school au charme certain avec des sièges (relativement neufs) assez confortables même si un peu étroit. Par contre, la qualité de l’image est un désastre. Déjà, la qualité du vidéoprojecteur n’est clairement pas bonne, car la luminosité et le contraste sont mauvais avec un noir gris plus proche du blanc que du noir. Pratiquement, de la qualité de mon vidéoprojecteur maison… d’il y a une décennie.
Sauf qu’en plus, les lumières des sorties de secours sont placées à l’exact opposé de l’écran et sont assez fortes. Résultat, on a l’impression de voir le film dans une salle éclairée (ce qui n’est pas éloigné de la vérité). Le pire, c’est que si un spectateur a le malheur de se mettre sur un siège devant une de ces lumières, on voit son ombre sur la toile… Catastrophique, je disais.
Or, Don’t Breathe se déroule de 60 % à 70 % dans le noir. Conclusion, des passages du film sont illisibles sans plisser des yeux (même que, des fois, ça ne marche pas). Dès lors, ça m’a gâché une partie de la séance et je tenais à le préciser pour tenir en compte dans la note finale. Surtout, si on se fie à l’Evil Dead de Fede Alvarez dont la photographie était à tomber. En tout cas, je compte bien revoir le film à la maison.
Par Christophe Menat dégoûté d’avoir vu le film dans cette salle pourrave, le 7 octobre 2016.
Conclusion
Malgré une salle de cinéma désastreuse, j’ai quand même bien kiffé ce Don’t Breathe ce qui veut dire beaucoup sur ses qualités. Le pitch de départ est ingénieux, comme la plupart des films d’horreur en fait, sauf que le réalisateur Fede Alvarez et son équipe l’exploite parfaitement pour accoucher d’un jeu du chat et de la souris passionnant, prenant, parfois stressant, bourré de bonnes idées et de quelques jump scares efficaces. Un film du genre comme on les aime. Mention spécial à un Stephen Lang monstrueux en Blind Man.
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7/10 |