Critique : Carancho

Critique du film de Pablo Trapero (réalisateur argentin chevronné mais dont je n’ai vu aucun film) avec l’excellent Ricardo Darin (l’acteur qui a explosé dans le magnifique Dans ses yeux) et la superbe Martina Gusman.

Sosa (Ricardo Darin) est un carancho (on peut le traduire par rapace, vautour), il est un avocat spécialisé dans les arnaques. Alors qu’il est à la recherche de client potentiel, il tombe sur Lujan (Martina Gusman), une jeune urgentiste junkie. Leur histoire d’amour débute mais Sosa se retrouve rattrapé par les ennuis.

Un film multi-genre

Le film débute comme un documentaire sur les conditions exécrables des Argentins vis-à-vis de la médecine et sur les caranchos, ces rapaces qui se jettent sur les victimes des accidents en leur promettant de s’arranger avec les assurances et qui au bout du compte récupère 75% des indemnités. On bascule ensuite vers l’histoire d’amour mêlé d’un polar.

La réalisation de Pablo Trapero est assez originale, il floute systématiquement l’arrière-plan pour s’intéresser de plus près aux personnages. Les scènes de nuit sont un régal en terme de luminosité (pas d’éclairage artificielle visible comme dans ces films d’Hollywood : alors que les personnages sont censés être dans le noir, on voit aussi bien qu’en pleine journée).

Une réussite dans chacun des genres

La partie documentaire est réussie en nous renseignant sur ces caranchos. Alors qu’on peut croire au début que ces gens sont des bienfaiteurs. Tel des robins des bois modernes, ils aident les pauvres à être indemnisés mais le choc survient quand on apprend la part qu’ils prennent sur l’argent en effet la loi leur permet de récupérer l’argent au nom de leurs clients mais ils ne sont pas tenus d’informer leurs clients sur le réel montant ainsi ils peuvent récupérer 75 000 pesos et donner à leur client seulement 8 000 pesos.

Quant à l’histoire d’amour, elle prend à nos tripes, on est submergés par le destin de ces deux écorchés vifs. Le charisme de Ricardo Darin fait encore mouche après Dans ses yeux et l’inconnue Martina Gusman est son exacte pendant féminin, pas une bombe mais dotée d’un charisme hors norme. Notons aussi une excellente scène de drague :Spoiler

Alors qu’ils sont tous les deux au bar, Sosa annonce qu’il a la baraka depuis qu’il l’a rencontrée. Pour le prouver, il annonce qu’il l’embrassera si trois voitures passent au rouge dans la minute qui suit. Ce ne seront pas trois voitures mais cinq.

La partie polar est sans doute la partie la moins réussie du film mais est dotée d’une scène finale d’anthologie.

Un film qui mélange avec brio trois genres : le documentaire, le drame romantique et le polar servi par deux excellents acteurs : Ricardo Darin et Martina Gusman. Le cinéma argentin nous prouve qu’il faut compter sur lui après l’excellent Dans ses yeux.

Sa scène culte : la scène finale, je n’en dirais pas plus pour ne pas spoiler.

Note : 7/10

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